Histoire de la médecine

C'est au milieu de ce monde de dupes et d'imposteurs qu'apparut tout à coup le plus illustre de tous les réformateurs de la médecine, Asclépiade de Pruse, en Bithynie. Quoique tous ses écrits aient péri, ses détracteurs et ses admirateurs l'ont fait connaitre assez pour qu'on puisse l'apprécier. Aux dons de la nature, cet homme rare ajouta une culture supérieure, une éloquence entrainante, un amour extraordinaire pour la vérité, un désintéressement peu commun, qui lui fit préférer les pauvres de Rome aux présents que lui offrit Mithridate pour l'attirer à sa cour, et cette philanthropie dont il s'inspira en recommandant au médecin comme un devoir de traiter les malades en conscience, par les moyens les plus expéditifs et les plus doux. Il n'entendait pas, et avec raison, que l'art de guérir fût un abrégé de tous les supplices, ni que le médecin fût un tortionnaire ou un bourreau. Il se préoccupa du sort des malades avec la sollicitude de l'instituteur qui cherche les meilleures méthodes pédagogiques pour épargner aux enfants les ennuis et les larmes.

La Grèce, qui doit nous fournir bientôt les débris les plus intéressants et les mieux conservés de l'art de guérir chez les anciens, la Grèce ne nous offre, relativement à l'histoire de cet art durant les siècles qui précèdent la guerre de Troie, que des lambeaux informes, des traditions empreintes d'un caractère fabuleux et empruntées souvent à d'autres peuples.

Rome fut envahie par les Grecs, quelques-uns libres, la plupart affranchis, mercenaires ou esclaves. Les Romains méprisaient beaucoup ces industriels qui faisaient tous les métiers pour de l'argent, mais ils ne pouvaient se passer de leurs services.

Les Chinois offrent à notre observation le spectacle , unique dans les fastes du genre humain, d'un peuple qui conserve, depuis plus de quatre mille ans, ses mœurs, ses lois , sa religion , sa littérature , sa langue, son nom et son territoire. Ce phénomène remarquable tient certainement à un concours extraordinaire de circonstances, bien dignes des méditations du philosophe et du publiciste , mais sur lesquelles nous ne devons pas nous appesantir ici, quand même nous posséderions les documents qui nous manquent.

Cette division des médecins en théoriciens et en praticiens ne nuisit point aux progrès de la chirurgie, qui s'agrandit et s'émancipa, sans dévier dans son essor de la tradition hippocratique. Les chefs de l'école chirurgicale d'Alexandrie furent, suivant l'ordre' chronologique, Philoxene, Gorgias, Sostrate, Hiéron, les deux Apollonius, Ammonius, et d'autres habiles praticiens qui firent progresser l'art par des innovations heureuses.

Sous le nom d'Indiens , nous comprenons tous les peuples qui habitent cette vaste étendue de pays, bornée au levant par la Chine , au couchant par la Perse , au septentrion par le grand et le petit Tibet , au midi par la mer.

En médecine, deux noms sont glorieux entre tous, Hérophile et Erasistrate. Le premier, natif de Chalcédoine, en Bithynie, était disciple de Praxagoras de Cos, et de l'école d'Hippocrate. Il fut, croit-on, le premier Grec qui disséqua des cadavres humains, le fondateur de l'anatomie descriptive, laquelle conserve encore aujourd'hui les dénominations pittoresques qu'il donna à certaines parties du cerveau. Sa curiosité se porta de préférence sur le grand appareil des centres nerveux et de leurs ramifications, et sur le système des vaisseaux qui charriant le sang. De là sa prédilection pour une théorie qui plaçait dans les humeurs la cause prochaine des maladies, et toute une doctrine du pouls et des pulsations artérielles, dont il étudia subtilement les variétés, comme symptômes des divers états pathologiques. C'est ainsi qu'il usait de ses connaissances anatomiques pour déterminer la nature et prévoir le cours des maladies l'observation prenait dès lors un caractère plus scientifique.

L'histoire sainte dit positivement que Moïse , ayant été sauvé des eaux par une des filles de Pharaon, fut élevé à la cour de ce prince et instruit dans toutes les sciences des prêtres égyptiens ; il paraît qu'il y devint très habile : c'est pourquoi, lorsqu'il se présenta devant son souverain pour réclamer, au nom du Dieu d'Israël , l'affranchissement de ses frères réduits à une servitude aussi injuste que cruelle, il ne fut nullement ébloui par les prestiges des magiciens, c'est-à-dire des savants, que Pharaon fit venir à plusieurs reprises dans son palais. Il prouva la légitimité de sa mission , en confondant l'orgueil des magiciens par des prodiges plus éclatants que les leurs , vainquit enfin l'entêtement intéressé du roi , et eut la gloire de délivrer ses frères du joug qui s'appesantissait sur eux depuis près de deux siècles.

Aristote, fils du médecin Nicômaque, fut un observateur incomparable et un législateur universel. Instruit de tout ce qui s'était produit avant lui dans les sciences et dans les lettres,il dressa l'inventaire de toutes les acquisitions, rendit justice à ses prédécesseurs et à ses contemporains, porta l'ordre et la lumière dans l'encyclopédie des connaissances jusque-là très confuses, appliqua son génie, fortifié par de profondes méditations et par des recherches personnelles, à définir et à classer, et il arriva à former un corps de doctrine qui embrasse la physique, la logique, la métaphysique, la morale, l'histoire naturelle, l'anatomie générale et comparative, la physiologie humaine, la politique, la poétique, la rhétorique, en un mot tout, ce qui est du ressort de l'esprit, hormis les mathématiques.

Si nous accordons la première place dans cette histoire à la médecine égyptienne, ce n'est pas sans motif: celle-ci nous semble mériter cet honneur, non seulement parce que son antiquité est fondée sur les monuments les plus authentiques , mais encore parce qu'elle a été la source où les Grecs ont puisé les premiers éléments de cette science , et qu'à ce dernier titre la nation égyptienne peut être appelée l'institutrice du genre humain. On lit dans les livres sacrés des Juifs : « Joseph , voyant son père expiré , commanda aux médecins qu'il avait à son service d'embaumer le corps de Jacob.

La médecine existait avant Hippocrate, mais il eut la gloire de l'arracher du sanctuaire et de la produire au grand jour.

L'histoire des autres nations n'offre aucune particularité remarquable sous le rapport de la médecine. Tout ce qu'on peut affirmer de chacune d'elles , c'est qu'aussi loin qu'on remonte dans leurs annales, on y trouve toujours quelques vestiges de l'art de guérir. Ainsi Hippocrate fait mention de certaines pratiques médicales usitées parmi les Scythes. Nous avons rapporté plus haut l'usage établi chez les Portugais et chez les Babyloniens d'exposer les malades devant les portes des maisons , afin que les passants leur donnassent des avis. Enfin on sait que dans les Gaules et les îles Britanniques , les druides étaient à la fois prêtres, législateurs , médecins , et que leurs femmes participaient à leur ministère et à leurs prérogatives.

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