Période primitive de l'histoire de la médecine

D'une durée variable chez les divers peuples, la période primitive de l'histoire de la médecine qui répond à la première enfance des sociétés humaines , est environnée d'une profonde obscurité et mêlée d'une multitude de fables. Elle embrasse un laps de temps indéfini, pendant lequel la médecine ne constitue nullement une science , c'est-à-dire un assemblage systématique de connaissances raisonnées, mais forme tout au plus un recueil indigeste de notions expérimentales , vaguement décrites , et le plus souvent défigurées par une série de traditions incomplètes. On comprend qu'un tel état de choses a dû se prolonger plus ou moins longtemps , dans les différentes contrées de la terre , en proportion des progrès plus ou moins rapides que les habitants de ces contrées ont faits dans la carrière de la civilisation. Que dis-je? Cet état subsiste encore parmi certaines peuplades du centre de l'Afrique, dans quelques parties de l'Amérique , et surtout de l'Océanie. Mais pour la Grèce , qui nous a transmis les plus beaux , les plus précieux monuments de l'antique médecine , la période primitive finit , comme nous le verrons plus tard , à la destruction de Troie , dans le courant du XIIème siècle qui précède l'ère chrétienne.

Avant de suivre les traces de l'art de guérir sur cette terre classique des Hellènes , nous allons en rechercher les premiers vestiges chez d'autres nations qui devancèrent la nation hellénique dans la route du progrès social , et qui lui fournirent, dans ces temps reculés, des modèles en plusieurs genres. En conséquence , nous jetterons d'abord un coup d'œil sur l'antique médecine des Égyptiens , des Juifs , des Indiens et des Chinois ; ensuite nous exposerons l'état de la médecine grecque avant la guerre de Troie ; enfin , nous dirons quelques mots sur la manière dont cet art a été cultivé primitivement chez quelques peuples moins célèbres de l'ancien et du nouveau monde.

La Grèce, qui doit nous fournir bientôt les débris les plus intéressants et les mieux conservés de l'art de guérir chez les anciens, la Grèce ne nous offre, relativement à l'histoire de cet art durant les siècles qui précèdent la guerre de Troie, que des lambeaux informes, des traditions empreintes d'un caractère fabuleux et empruntées souvent à d'autres peuples.

Si nous accordons la première place dans cette histoire à la médecine égyptienne, ce n'est pas sans motif: celle-ci nous semble mériter cet honneur, non seulement parce que son antiquité est fondée sur les monuments les plus authentiques , mais encore parce qu'elle a été la source où les Grecs ont puisé les premiers éléments de cette science , et qu'à ce dernier titre la nation égyptienne peut être appelée l'institutrice du genre humain. On lit dans les livres sacrés des Juifs : « Joseph , voyant son père expiré , commanda aux médecins qu'il avait à son service d'embaumer le corps de Jacob.

Les Chinois offrent à notre observation le spectacle , unique dans les fastes du genre humain, d'un peuple qui conserve, depuis plus de quatre mille ans, ses mœurs, ses lois , sa religion , sa littérature , sa langue, son nom et son territoire. Ce phénomène remarquable tient certainement à un concours extraordinaire de circonstances, bien dignes des méditations du philosophe et du publiciste , mais sur lesquelles nous ne devons pas nous appesantir ici, quand même nous posséderions les documents qui nous manquent.

L'histoire des autres nations n'offre aucune particularité remarquable sous le rapport de la médecine. Tout ce qu'on peut affirmer de chacune d'elles , c'est qu'aussi loin qu'on remonte dans leurs annales, on y trouve toujours quelques vestiges de l'art de guérir. Ainsi Hippocrate fait mention de certaines pratiques médicales usitées parmi les Scythes. Nous avons rapporté plus haut l'usage établi chez les Portugais et chez les Babyloniens d'exposer les malades devant les portes des maisons , afin que les passants leur donnassent des avis. Enfin on sait que dans les Gaules et les îles Britanniques , les druides étaient à la fois prêtres, législateurs , médecins , et que leurs femmes participaient à leur ministère et à leurs prérogatives.

Sous le nom d'Indiens , nous comprenons tous les peuples qui habitent cette vaste étendue de pays, bornée au levant par la Chine , au couchant par la Perse , au septentrion par le grand et le petit Tibet , au midi par la mer.

Si l'on nous faisait cette question : Qui est-ce qui a enseigné aux hommes à se pourvoit des choses indispensables à la vie, à préparer leurs aliments, à se vêtir, à se construire des abris contre la rigueur des saisons, etc., etc. ? il n'est personne qui fut embarrassé pour répondre : C'est le besoin, la nécessité, c'est l'instinct de la conservation. Si l'on demande maintenant : Qui est-ce qui a inspiré à ces mêmes hommes l'aversion pour la douleur, la crainte de la maladie et de la mort , le désir d'éloigner ces lléaux non seulement de soi-même , mais encore de tous les êtres qui leur sont chers? nous répondrons avec la même assurance : C'est un instinct naturel irrésistible, instinct qui se fait sentir au sauvage du désert comme au citoyen des villes, au pauvre comme au riche , au philosophe comme à l'ignorant , sous la zone glaciale comme sous les feux de l'équateur. De là à l'invention de la médecine il n'y a qu'un pas, et nous allons voir comment il aété franchi. Cela nous sera d'autant plus facile que nous possédons un livre des plus anciens qui fournit sur cette matière des documents très positifs et très explicites : il nous suffira de l'extraire textuellement.

L'histoire sainte dit positivement que Moïse , ayant été sauvé des eaux par une des filles de Pharaon, fut élevé à la cour de ce prince et instruit dans toutes les sciences des prêtres égyptiens ; il paraît qu'il y devint très habile : c'est pourquoi, lorsqu'il se présenta devant son souverain pour réclamer, au nom du Dieu d'Israël , l'affranchissement de ses frères réduits à une servitude aussi injuste que cruelle, il ne fut nullement ébloui par les prestiges des magiciens, c'est-à-dire des savants, que Pharaon fit venir à plusieurs reprises dans son palais. Il prouva la légitimité de sa mission , en confondant l'orgueil des magiciens par des prodiges plus éclatants que les leurs , vainquit enfin l'entêtement intéressé du roi , et eut la gloire de délivrer ses frères du joug qui s'appesantissait sur eux depuis près de deux siècles.

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