L'articulation présente un certain nombre de variétés.
A. D'après des mensurations prises sur dix sujets, l'étendue de la surface cartilagineuse de la tête humérale de haut en bas est de 4S mm., et de 40 mm., d'avant en arrière.
B. L'échancrure, que présente le revêtement cartilagineux de la tête humérale au- dessus de la petite tubérosité, s'avance plus ou moins sur la tête. Elle est quelquefois profonde de 5 à 7 mm., et son aspect rappelle celui de la fossette du ligament rond à la hanche. Welcker a signalé un cas dans lequel l'échancrure, devenue fossette, était située presque au centre de la tête humorale. J'ai présenté à la Société anatomique un cas tout à fait semblable dans lequel un véritable ligament inter-articulaire, analogue au ligament rond de la hanche, venait s'insérer vers le milieu de la tête humérale. L'analogie était d'autant plus grande que le ligament se détachait du bourrelet au niveau de l'échancrure glénoïdienne ; après un trajet de 3 cm., il gagnait la tête humorale,, où son insertion était marquée par une excavation entourée de cartilage. Toute la partie de la glène, répondant à l'échancrure,était dépourvue de cartilage d'encroûtement, et présentait seulement quelques îlots de fibro-cartilage la ressemblance avec l'arrière-fond de la cavité cotyloïde était donc frappante.
C. Le fibro-cartilage est d'autant plus abondant que la tache centrale de la cavité glénoïde est plus manifeste parfois même, les fibrilles sont dissociées, et la tache prend un aspect velvétique. Dans une récente constatation faite sur le cadavre frais d'un supplicié âgé de 21 ans, il y avait, au centre de cette tache fibro-cartilagineuse, un véritable abaissement de niveau en forme de cupule l'articulation ne présentait, bien entendu, aucune trace d'arthrite.
D. Les connexions du tendon bicipital avec le bourrelet sont importantes la seule tonicité du biceps suffit sur le vivant pour détacher la partie supérieure du bourrelet et l'appliquer entièrement sur la partie contiguë de la tête humérale.
E. Carpentier (Th. Lille, 1887) a vu une fois une branche artérielle grêle, venue de l'anastomose entre la scapulaire inférieure et la sus-scapulaire s'engager sous l'orifice ostéo-fibreux formé par l'échancrure glénoïdienne et le bourrelet; sans doute cette artériole se rendait à une frange synoviale, d'aspect jaunâtre, que l'on rencontre en ce point quand le bourrelet est très détaché.
F. L'insertion de la capsule à la face externe et au bord libre du bourrelet nous montre que le bourrelet peut être considéré comme un point de la capsule renforcé par des libres circulaires péri-glénoïdiennes. Elle nous montre encore que le bourrelet n'est point absolument fixe, mais que sa partie périphérique, ce qu'on appelle son bord libre, est continue avec la capsule, se meut et se tend avec elle, de façon à toujours s'appliquer sur la tète humérale.
G. Sappey décrit au ligament coraco-huméral deux faisceaux différents : l'un, superficiel, coraco-huméral proprement dit, presque horizontal, s'attache à toute la longueur du bord externe de l'apophyse coracoïde, et répond à la description que j'ai donnée l'autre, profond, caraco-glénoïdien, naît de la partie moyenne du bord externe de la coracoïde, où il est confondu avec le superficiel de là il se porte en dehors et en arrière vers le pôle supérieur de la cavité glénoïde, où ses fibres se confondent avec la capsule et le bourre- let. C'est une sorte d'arcade fibreuse que l'on peut voir sur la fig. 499.
H. Quelques auteurs, à l'exemple de Schlemn (Fr. Schlemn, Arch. f. anat. und Phys. von Multer, 1853, p. 45), décrivent au ligament coraco-huméral deux couches; il en est même qui, pour compliquer la question, séparent les deux couches et décrivent un ligament coraco-huméral superficiel, et un ligament coraco-huméral profond, à la suite duquel ils décrivent encore un faisceau sus-gléno-sus-huméral. Ces auteurs seraient fort embarrassés s'il fallait justifier par une dissection leur description, fruit de la compilation de textes incompris. La vérité est que Schlemm rattache au ligament coraco-huméral le faisceau sus-gléno-sus-huméral, et est ainsi amené à décrire un ligament coraco-brachial supérieur composé de deux couches. C'est pour n'avoir pas contrôlé sur le cadavre, qu'après avoir décrit, avec Schlemm, deux ligaments coraco-huméraux, les auteurs auxquels je fais allusion ont encore décrit un autre faisceau de renforcement supérieur, superposant ainsi trois ligaments. Les choses sont plus simples; il y a 10 le ligament coraco-huméral, couche fibreuse unique, confondue en arrière avec la capsule, détachée d'elle en avant et 20 le faisceau de renforcement supérieur du ligament capsulaire, ligament sus-gléno-sus-huméral.
I. -Sutton pense que le ligament coraco-huméral représente l'insertion primitive du petit pectoral. On sait en effet que ce muscle, qui s'insère normalement au bord interne et à la face supérieure de l'apophyse coracoïde, glisse parfois sur cette apophyse, traverse le ligament acromio-coracoïdien, et va s'insérer sur la capsule articulaire, jusqu'à. la grosse tubérosité de l'humérus. Cette anomalie n'est que la réapparition d'une disposition normale chez quelques animaux, notamment chez beaucoup de singes.
Le ligament coraco-huméral étant horizontal ne peut être suspenseur de la tête humérale; il mérite ce nom quand, au cours de la dissection, on a laissé l'air pénétrer et l'humérus s'abaisser.
J. -L'ouvrage de Barkow (Syndesmologie, Breslau, 1841) dans lequel les faisceaux renforcés de la capsule sont mentionnés n'est point & la bibliothèque de la Faculté ou !o trouvera à la Bibliothèque Nationale, Ta, 32, 3.
K. Les faisceaux de renforcement gléno-huméraux, fixes dans leur situation, sont très variables dans leur développement tantôt assez forts et nettement dessinés, ils sont dans d'autres cas à peine marqués et difficiles à distinguer du reste de la capsule. On a dit (thèse de Cavayé, 1882) que ces faisceaux pouvaient être assez forts pour fracturer par arrachement te col de l'omoplate. J'ai essayé de reproduire les expériences de Cavayé à chaque fois, j'ai obtenu un arrachement du bourrelet glénoïdien avec quelques parcelles osseuses mais je n'ai pu produire de fracture complète du col.
L. La tendance du faisceau sus-gléno-sus-huméral à s'isoler et à devenir complètement libre dans l'intérieur de l'articulation, confirme l'opinion émise par H. Welcker que ce faisceau correspond homologiquement au ligament rond de l'articulation de la hanche. Dans trois mémoires successifs, dont le dernier a paru in Arch. f. Anat. u. Phy., 1878, p. 20, II. Welcker a montré les analogies qui rapprochent ces ligaments, en les étudiant sur un grand nombre de mammifères qui présentent des états divers depuis la forme sessile du faisceau jusqu'à son indépendance plus ou moins complète. Sutton, étudiant l'anatomie comparée du faisceau sus-gléno-sus-huméral, est arrivé à la conclusion qu'il représentait un reste ancestral du tendon du muscle sous-clavier.
Je dois faire observer que cette homologie du ligament sus-gléno-sus-huméral cadre mal avec l'homologie établie entre l'échancrure glénoïdienne et l'échancrure cotyloïdienne. Le cas personnel dont j'ai déjà parlé et dans lequel le ligament partait de l'échancrure pour se rendre a la fossette numérale, tendrait à établir que c'est le faisceau gléno-huméral moyen qui est l'homologue du ligament rond.
M. Immigration du tendon bicipital dans l'articulation de l'épaule. Welcker (die Einwanderung derBicepssehno in das Schultergelenk, Arch. f. Anat. u. Phy., i871, Anat. Abth., p. 20), a montré que, chez certains animaux (cheval) le tendon du biceps est accolé à la face externe du ligament capsulaire que, chez d'autres, il tend à s'invaginer dans la capsule fibreuse, et à venir se mettre en rapport immédiat avec la membrane synoviale; il la soulève et s'en enveloppe en restant adhérent par un méso (chauve-souris, mouton) et qu'enfin, sur le plus grand nombre, il devient libre, comme chez l'homme. Welcker a pu suivre sur l'embryon humain les différentes phases de l'immigration du tendon, d'abord extra-capsulaire, puis retenu par un méso, et enfin libre mais revêtu d'une gaine synoviale. D'après les recherches de cet auteur, le tendon du biceps deviendrait libre vers le troisième ou le quatrième mois do la vie fœtale.
N. Le ligament sus-gléno-pré-huméral parfois peu apparent, tend, dans quelques cas au contraire, à se détacher comme faisceau distinct. H est parfois divisé en deux faisceaux isolés. Très souvent, comme l'a bien vu Barkow, il parait se détacher uniquement du bourrelet glénoïdien.
D'après Welcker il représenterait chez l'homme le ligament inter-articulaire huméral de certains animaux.
0. Tantôt le prolongement sous-scapulaire n'est qu'un simple mamelon le plus souvent c'est un prolongement digitiforme de plusieurs centimètres de long, qui se prolonge jusque dans la fosse sous-scapulaire. Ces différences tiennent à ce fait que dans le premier cas la hernie synoviale ne s'est pas encore ouverte dans la bourse do glissement du sous-scapulaire; tandis que dans le second cas la fusion des deux séreuses s'est opérée. Chez les jeunes sujets, on constate le plus souvent l'indépendance de la bourse musculaire chez l'adulte, on la rencontre exceptionnellement. Au niveau du large orifice par lequel la communication s'établit avec la bourse musculaire, on trouve des franges synoviales ou un gros bourrelet adipeux.
P. Quelques auteurs parlent d'un prolongement de la synoviale articulaire au niveau du sous-épineux; je ne l'ai jamais rencontré; il n'y en a pas trace sur les 12 synoviales injectées qui ont servi à ma description.
D'après traité d'anatomie humaine par P. Poirier