Les os du crâne sont unis entre eux au moyen de sutures. Les sutures se rapportent à plusieurs types : la suture dentée, la suture squameuse, la suture par juxtaposition ou harmonique.

La voûte du crâne présente les sutures suivantes :

Suture médio-frontale ou métopique

La suture médio-frontale ou métopique (du grec front) sépare les deux moitiés dont se compose primitivement dans quelques cas l'os frontal (une fois sur sept).

Suture sagittale

La suture sagittale, formée par l'union des bords supérieurs des deux pariétaux, occupe la ligne médiane et s'étend directement d'avant en arrière. Le point de jonction des sutures métopique et sagittale constitue le bregma. L'extrémité postérieure de la suture sagittale est désignée du nom de lambda. A 4 centimètres environ au-dessus du lambda se trouvent les deux trous pariétaux très-rapprochés de la suture. Cette dernière présente en ce point un caractère particulier signalé par M. Broca elle est beaucoup plus simple qu'en avant et en arrière, et quelquefois réduite à une ligne sur une longueur d'environ 2 centimètres. M. Broca a désigné ce point spécial sous le nom d'obélion (du grec trait). C'est à ce niveau que débute ordinairement la soudure des os de la voûte du crâne.

Il est d'une haute importance dans la topographie crânio-cérébrale de déterminer le siège précis du bregma sur le vivant, nous verrons plus loin dans quel but. On y peut parvenir d'une manière suffisamment exacte à l'aide du moyen suivant la tête du sujet étant droite, menez d'un conduit auditif externe à l'autre une ligne verticale passant sur le sommet de la tête le bregma correspond à la partie moyenne de cette ligne que l'on appelle ligne biauriculaire ou plan auriculo-bregmatique.

Il existe à cet égard quelques variétés négligeables dans la pratique.

Le siège précis du lambda sur le vivant est un peu plus difficile à déterminer. Il m'a semblé, d'après les mensurations que j'ai faites à ce sujet sur les crânes du musée de Clamart, qu'on se rapprochait sensiblement de la vérité en disant que le lambda se trouve à 6 centimètres au-dessus de l'inion (On appelle inion (du grec nuque) la saillie osseuse désignée en anatomie descriptive sous le nom de protubérance occipitale externe.), relief généralement appréciable à travers les téguments du crâne. Il importe de trouver aisément le lambda sur le vivant, parce que ce point correspond exactement à la limite des lobes pariétal et occipital du cerveau.

Suture lambdoïde

La suture lambdoïde est formée par l'union des bords de l'écaillé de l'occipital avec les bords postérieurs des pariétaux. Elle affecte la forme de la lettre grecque A, d'où le nom qui sert à la désigner. Les deux branches qui la constituent, parties du lambda, se portent obliquement en bas et en dehors pour aboutir au niveau de la région mastoïdienne en un point appelé as (du grec étoile). L'astérion est le point de rencontre des trois sutures lambdoïde, pariéto-mastoïdienne et occipito-mastoïdienne.

Suture coronale ou fronto-pariétale

La suture coronale ou fronto-pariétale résulte de l'union de l'écaille du frontal avec les bords antérieurs du pariétal; il en existe une droite et une gauche, qui sont symétriques. Partie du bregma, la suture coronale se porte obliquement en dehors et en avant, gagne la fosse temporale, où elle se termine en un point appelé ptérion, que je décrirai dans un instant. Les bords correspondants des deux os sont taillés en biseau, de telle sorte qu'en haut le frontal appuie sur le pariétal, tandis qu'en bas, c'est le pariétal qui s'appuie sur le frontal. En traversant la fosse temporale, la suture coronale croise la ligne courbe temporale le point d'entrecroisement de ces deux lignes est appelé stéphanion ou point stéphanique (du grec couronne). La suture coronale présente des caractères différents au-dessus et au-dessous du stéphanion dentée dans le premier point, elle est presque linéaire dans le second.

Suture squameuse ou écailleuse

La suture squameuse ou écailleuse résulte de l'union du bord inférieur du pariétal avec l'écaille du temporal. Le temporal s'applique sur le pariétal, et nous verrons plus loin combien cette disposition est favorable à la résistance du crâne. La suture écailleuse représente une ligne courbe à concavité inférieure, et commence en avant au ptérion pour se terminer en arrière à l'astérion. Elle répond à peu près exactement à l'une des scissures fondamentales du cerveau, la scissure de Sylvius: aussi importe-t-il d'en déterminer le siège sur le vivant. J'ai dans ce but mesuré la distance qui sépare l'arcade zygomatique (point toujours facilement appréciable sur le vivant) du sommet de la courbe écailleuse; elle est d'environ 5 centimètres.

Sutures ptéro-temporale et ptéro-frontale

Les sutures ptéro-temporale et ptéro-frontale (on donne le nom de ptère à la grande aile du sphénoïde) résultent de l'union de la ptère avec le temporal en arrière et le frontal en avant. La première se continue avec la suture écailleuse, et la seconde avec la suture coronale. Dans le même point, on trouve ordinairement une suture horizontale étroite, formée par l'union du sommet de la ptère avec l'angle antéro-inférieur du pariétal. Quand cette dernière suture n'existe pas, le frontal et le temporal se touchent.

Il existe donc dans la fosse temporale un point où se rencontrent quatre os le frontal, le pariétal, le sphénoïde et le temporal on désigne ce point sous le nom de ptérion (du grec aile). Le ptérion est situé sur le trajet d'une ligne horizontale partant de l'apophyse orbitaire externe, et siége à 3 centimètres environ en arrière de cette apophyse.

J'ai déjà signalé l'existence des os wormiens. On les trouve de préférence dans la suture lambdoïde, où ils sont parfois très-nombreux. Il en existe cependant quelquefois au niveau du bregma, du ptérion, des sutures sagittale et écailleuse.

Il n'est pas rare de trouver dans le lambda un seul os wormien très-large, de forme triangulaire, que l'on appelle os épactal.

Une suture se compose du bord des deux os correspondants et d'une membrane intermédiaire, appelée membrane suturale. Les sutures diffèrent singulièrement aux différents âges de la vie. Chez le nouveau-né, la membrane suturale, vestige du crâne membraneux primitif, entre pour une part importante dans la composition de la voûte du crâne c'est elle qui remplit les fontanelles.

A partir de la naissance cette membrane diminue peu à peu et finit par disparaître complétement, de façon que les bords correspondants des os soient intimement soudés l'un à l'autre, le crâne ne formant plus alors qu'un seul os.

C'est à ce phénomène de soudure des os du crâne qu'on donne le nom de synostose.

Synoptose

La synostose constitue un fait physiologique qui s'accomplit spontanément à un certain âge de la vie elle est alors normale : mais elle peut être prématurée ou pathologique.

D'après les recherches les plus récentes, la synostose normale commencerait vers l'âge de 40 à 50 ans, pour être complète de 80 à 93 ans. Il semble exister une relation assez intime entre la synostose du crâne et le développement ou la conservation des facultés intellectuelles. En effet, d'après M. Broca (1), le poids du cerveau augmente jusqu'à l'âge de 40 ans et commence à diminuer entre 40 et 90. La diminution progresse avec l'âge or on remarquera que l'époque d'apparition de la synostose est précisément la même que celle où commence la diminution du cerveau. D'autre il semble que la conservation des facultés intellectuelles soit en rapport avec la persistance des sutures c'est ainsi que, dans la collection de Gall, se trouve le crâne d'un vieillard mort à l'âge de 102 ans, en pleine puissance intellectuelle, sur lequel la plupart des sutures sont intactes.

La synostose n'apparaît pas à la même époque dans les différentes ethnies.

Comme conséquence immédiate, en s'opposant au développement symétrique du crâne, la synostose prématurée entraîne une foule de déformations étudiées par Virchow, Broca, etc. On lui a attribué un rôle prépondérant dans le développement de la microcéphalie. En effet, eu égard à l'âge auquel apparaît la synostose anormale, celle-ci peut être divisée en congénitale, infantile et juvénile. Or, il est aisé de concevoir qu'une boîte crânienne inextensible dès la naissance opposera un obstacle absolu au développement régulier de l'encéphale aussi Virchow attribue-t-il la microcéphalie à l'oblitération prématurée des sutures.

Cependant d'éminents esprits, Cruveilhier, par exemple, ont pensé que la synostose prématurée était non pas la cause, mais le résultat de l'arrêt de développement du cerveau. C'est aussi l'opinion de M.Broca, qui a trouvé les sutures entièrement libres sur tous les crânes de microcéphales, non-seulement chez les individus encore enfants, mais encore chez ceux qui ont atteint l'âge adulte.

Les sutures ont pour résultat d'amortir les chocs et d'arrêter dans une certaine mesure les vibrations qu'ils produisent, de sorte que, toutes choses égales d'ailleurs, la fréquence des fractures du crâne est en raison de la disparition des sutures un crâne d'enfant se fracture difficilement, tandis que le crâne d'un vieillard, réduit à une seule pièce, est relativement fragile.

Les sutures du crâne ont perdu de nos jours l'importance qu'elles avaient jadis en médecine opératoire, alors que la trépanation était le traitement obligé des fractures fissuraires de la voûte crânienne; il y avait alors pour le malade un intérêt de premier ordre à ce que le chirurgien ne confondît pas suture et fissure : aussi la possibilité d'une suture anormale due à la présence d'un os wormien devait-elle être toujours présente à l'esprit de l'opérateur.

 

 

 

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