Les amygdales (d'amande, parce qu’on les a comparées au point de vue de leur forme à une amande), encore appelées tonsilles, sont des organes lymphoïdes annexés à la muqueuse de l’isthme du gosier.
On les désigne quelquefois sous le nom à' amygdales palatines ou gutturales, pour les distinguer d’une autre amygdale, l’amygdale pharyngée, qui occupe la partie supérieure du pharynx et que nous étudierons plus loin à propos de ce dernier organe. Les amygdales existent chez le plus grand nombre des mammifères, mais avec une configuration générale et des dimensions qui sont fort variables : très développées en général chez les solipèdes et les ruminants, elles sont très réduites chez le lapin, plus réduites encore chez le cobaye et la souris.
Situation
Au nombre de deux, Tune droite, l’autre gauche, les amygdales (1) sont situées sur la paroi latérale du pharynx, immédiatement en arrière de l’isthme du gosier. Plus explicitement, elles occupent l’excavation ci-dessus décrite sous le nom de fosse amygdalienne, qui résulte, à droite et à gauche, de l’écartement du pilier antérieur et du pilier postérieur du Voile du palais.
Formes et dimensions
L’amygdale a la forme d’un ovoïde aplati ou, si l’on veut, d’une grosse amande, qui serait appliquée par l’une de ses faces contre le fond de l’excavation précitée, et dont le grand axe serait légèrement oblique de haut en bas et d’avant en arrière.
Ses dimensions, en dehors de toute influence pathologique, varient beaucoup suivant les sujets : entre l’amygdale rudimentaire, simple plaque à peine saillante sur la paroi pharyngienne, et ces amygdales volumineuses qui débordent les piliers et s’avancent plus ou moins du côté du plan médian, se trouvent tous les autres intermédiaires.
A l’état de développement ordinaire, l’amygdale mesure de 20 à 25 millimètres de hauteur, sur 15 millimètres de largeur et 10 millimètres d’épaisseur.
Rapports
L’amygdale palatine occupe l’excavation comprise entre le pilier antérieur et le pilier postérieur (lu voile du palais. Nous avons vu que ces deux piliers s’unissaient en haut, mais s’écartaient en bas. Leur écartement délimite une fosse, la fosse amygdalienne ou tonsillaire. Cette fosse, profonde et étroite à sa partie supérieure, s’évase à sa base pour se confondre avec la paroi latérale du pharynx. L’amygdale contracte des rapports avec les différentes parois do cette loge.
On peut lui considérer : 1° deux faces, l’une interne, l’autre externe ; 2° deux bords, antérieur et postérieur ; 3° deux extrémités ou 'pôles, supérieure et inférieure. Disons tout de suite que c’est la face externe qui présente les rapports les plus intéressants et les plus complexes.
La loge amygdalienne et l’amygdale droite.
(La tête a été sciée sur la ligne médiane, segment droit de la coupe.)
1, amygdale. —2, voile du palais, avec : 3, son pilier antérieur ; 4, son pilier postérieur. — 5, fossette sus-amygdalienne. — 6, base do la langue, avec ses formations adénoïdes. — 7, fosses nasales. — 8, pharynx nasal. — 9, trompe d’Eustache. — 10, fossette de Rosenmüller. — 11, amygdale pharyngienne et, en arrière d’elle, la poche pharyngienne. — - 12, occipital. — 13, colonne vertébrale.
Il existe autour de l’amygdale une sorte de capsule, que nous allons étudier avant d’examiner les rapports proprement dits :
Capsule amygdalienne
La face externe de l’amygdale est entourée d’un tissu conjonctif assez dense, qui constitue une tunique ou enveloppe à laquelle on a donné le nom de capsule amygdalienne.
Cette capsule est constituée par dos éléments fibro-élastiques mêlés à des fibres musculaires. Elle adhère intimement au tissu amygdalien. Au contraire, elle est reliée à la paroi pharyngée par un tissu cellulaire lâche et clivable. C’est grâce à ce tissu que l’on peut faire l’amygdalectomie totale extra-capsulaire. On utilise aussi cet espace clivable pour pratiquer des anesthésies locales concernant cette région. C’est surtout au niveau du pôle supérieur que la capsule se laisse particulièrement isoler de la paroi pharyngée. Le décollement est, au contraire, laborieux au niveau du pôle inférieur où arrivent les vaisseaux et les nerfs de l’organe, véritable hile amygdalien. L’adhérence capsulaire avec le pilier antérieur du voile est assez faible ; au contraire, elle est assez intime avec
Divers types d’amygdale (l’isthme du gosier est vu la bouche très largement ouverte) (T.-J.).
1, piller antérieur du voile du palais. —2, pilier postérieur. - 3, plica triangularis. - 4, branche du maxillaire inférieur — 5, luette. — 6, langue.
a, amygdale de dimensions normales, mais recouverte en partie par le plica triangularis. — b, amygdale hypertrophiée et enchatonnée. — c, amygdale pédiculée. — d, amygdale plongeante.
le pilier postérieur. En effet, le muscle pharyngo-staphylin, charpente de ce pilier, envoie à la capsule d’assez nombreuses fibres musculaires.
De cette capsule partent des prolongements qui pénètrent dans le tissu propre de l’amygdale et s’enfoncent vers la muqueuse buccale. On conçoit donc qu’il soit très difficile d’enlever en totalité une amygdale sans enlever la capsule elle-même (Viela, La capsule amygdalienne, Thèse, Toulouse, 1925).
Rapports proprement dits
Nous allons étudier successivement la face interne, les bords, les extrémités et la face externe.
Face interne
La face interne, libre, tantôt plane, tantôt convexe, est recouverte dans toute son étendue par la muqueuse pharyngienne. Elle présente un grand nombre d’orifices, de forme variable, souvent arrondis, ovalaires, parfois triangulaires, ou en forme de simples fentes. Ces orifices, de dimensions variables aussi, conduisent dans des cavités anfractueuses, les cryptes amygdaliennes, qui s’avancent plus ou moins profondément, s’étendant parfois jusqu’au centre ou jusqu’au voisinage de la face externe. La muqueuse qui revêt le pilier antérieur du voile se prolonge parfois en arrière et en bas, formant un repli triangulaire à sommet supérieur : le pli triangulaire de Mis recouvrant une partie plus ou moins grande de l’amygdale. On l’a même vu former avec la face interne de la glande une poche profonde de 10 à 20 millimètres venant s’ouvrir au-dessus de l’amygdale dans la fosse sus-amygdalienne. Quand la bouche est fermée, cette face interne touche la langue, au niveau de sa base. Elle est d’ailleurs plus ou moins saillante suivant les sujets, et l’on a tous les intermédiaires entre Y amygdale pédiculée, bien détachée sur son contour, et Y amygdale enchatonnée, masquée plus ou moins par le pli triangulaire.
Bords
Les deux bords antérieur et postérieur sont au contact des piliers cor-
Rapports de l’amygdale examinée par la face interne de la cavité bucco-pharyngée.
Ep., épiglotte. — Lar., larynx.
1, amygdale relevée. — 2, coupe «lu voile (lu palais. — 3, fosses nasales (méat inférieur). — 4, paroi latérale du pharynx ~ langue. — 0muselé ptérygoïdien interne. — 7, muscle stylo-glosse. — 8, nerf glosso-pharyngien. — 9, artère linguale. — 10, artère faciale. — 11, artère palatine ascendante.
Immédiatement en arrière des vaisseaux, on voit le muscle pharyngo-staphylin et, plus en arrière encore, une partie (lu constricteur supérieur du pharynx dépourvu de sa muqueuse et récliné en arrière.
répondants du voile. Le bord antérieur, ordinairement mal délimité, entre en rapport avec le pilier antérieur formé par le muscle glosso-staphylin. Le bord postérieur est beaucoup plus net et répond au pilier postérieur, ou muscle pharyngo-staphylin. Entre le bord antérieur et le pilier antérieur existe une rigole, Y espace pré-amygdalien. Un espace semblable est situé entre le bord postérieur et le pilier postérieur ; c’est Y espace rétro-amygdalien. Ces deux espaces aboutissent, en haut, à la fossette sus-amygdalienne.
Extrémités
Des deux extrémités de l’amygdale, l’inférieure regarde la base de la langue, dont elle est séparée par un intervalle do 5 à 6 millimètres ; cet intervalle est rempli de glandes folliculeuses, qui relient manifestement l’amygdale aux glandes folliculeuses de la langue {amygdale linguale). L’extrémité supérieure répond à l’angle d’écartement- des deux piliers du voile du palais : il existe la, entre l’amygdale et la portion initiale des deux piliers, une petite dépression de forme triangulaire, que l’on désigne sous le nom de fossette sus-amygdalienne ou sus-tonsillaire. Cette fossette, dont le fond est presque toujours envahi par du tissu adénoïde (on y rencontre trois ou quatre cryptes), est toujours aussi variable dans ses dimensions que la tonsille elle-même. Elle se continue normalement avec les sillons précités qui séparent les piliers des bords correspondants de la glande. D’ordinaire, elle s’ouvre largement dans le pharynx ; l’extrémité supérieure de l’amygdale est coiffée par cette cavité profonde souvent de plus d’un centimètre. La fossette sus-amygdalienne répond, d’après His, à la deuxième fente branchiale de l’embryon. La petite dépression du fond de la fossette sus-amygdalienne se continue chez certains sujets par une sorte de canalicule aveugle, en cæcum, qui s’enfonce dans l’épaisseur du voile du palais, à l’angle de réunion des deux piliers. On donne à ce diverticule le nom de récessus palatin ou de sinus de Tourtual.
Face externe
La face externe est celle qui contracte les rapports les plus complexes et les plus importants. La fosse amygdalienne est constituée à ce niveau par différents plans formant la paroi latérale du pharynx : la mince couche musculaire de l’amygdalo- glosse, l 'aponévrose pharyngée, et, en dehors de cette dernière, les muscles, constricteur supérieur du pharynx et stylo-glosse.
L’amygdalo-glosse, inconstant, forme avec le muscle homologue de l’autre côté une sangle qui répond aux amygdales par ses deux extrémités et à la base de la langue par sa partie moyenne. D’après Viela, ce muscle est représenté le plus souvent par un treillis de fibres verticales situées en dehors e la capsule et confondues plus ou moins avec le constricteur supérieur.
L’aponévrose pharyngée est encore épaisse. Au niveau de l’amygdale, les faisceaux du constricteur supérieur sont peu développés, et le stylo-glosse passe sur un plan antérieur, de sorte qu’il existe ici un hiatus musculaire dans la paroi pharyngée. Par contre,
Région tonsillaire : plan du constricteur supérieur (T.-J.).
La muqueuse bucco-pharyngée a été incisée en avant, en haut et en arrière de l'amygdale. Le lambeau ainsi délimité a été détaché du plan profond et rabattu en bas en môme temps que l’amygdale et l’aponévrose du pharynx.
1, muqueuse bucco-pharyngée. — 2, pilier postérieur du voile du palais. — 3, pilier antérieur. — 4, amygdale recouverte par I aponévrose du pharynx. — 5, constricteur supérieur du pharynx laissant transparaître Artère et la veine palatines ascendantes placées au- dessous de lui. — 6, branche de la palatine se distribuant à l’amygdale. — 7, luette. — 8, base de la langue. — 9, arc antérieur de l’atlas. — 10, trompe d’Eustache.
des fibres du stylo-pharyngien se mêlent souvent à celles du constricteur supérieur ; il en résulte une sorte de treillis musculaire que complique encore l’adjonction de fibres du constricteur moyen.
Le nerf glosso-pharyngien passe contre la paroi musculaire, à la hauteur du segment inférieur de l’amygdale.
L’artère palatine ascendante monte, verticale, en dedans du glosso-pharyngien, croisant sa direction : elle provient de la faciale, dont la crosse arrive quelquefois jusqu’au voisinage de l’amygdale. Elle émet l’artère tonsillaire, artère propre à l’amygdale.
Une mince couche celluleuse sépare le hile de l’amygdale de l’aponévrose ; les vaisseaux et les nerfs destinés à la glande la traversent ; elle est en continuité avec la couche sous-mu- queuse des régions voisines, en particulier avec celle du voile du palais, de la base do la langue et de l’épiglotte.
C’est par l’intermédiaire de la paroi pharyngée ainsi constituée à ce niveau que vont se faire les rapports de la face externe de l’amygdale.
Ces rapports se font avec l’espace maxillo-pharyngien, espace angulaire à sommet antérieur, disposé, comme son nom l’indique, entre le maxillaire inférieur en dehors, doublé du ptérygoïdien interne, et le pharynx.
L’amygdale répond au segment antérieur de l’espace maxillo- pharyngien, ou espace préstylien.
Elle est située un peu au-dessus de l’angle de la mâchoire. Du tissu cellulo-adipeux la sépare du muscle ptérygoïdien interne.
Il existe là un espace décodable, l’espace para-amygdalien de Calas. Ses rapports avec l’espace rétro-stylien et son contenu sont moins intimes. Si nous faisons passer par le milieu de l’amygdale un axe transversal, cet axe, après avoir traversé la paroi du pharynx, rencontre le tissu cellulo- graisseux de l’espace maxillo-pharyngien, puis le ptérygoïdien interne et enfin la branche du maxillaire à l’union de ses trois quarts antérieurs avec son quart postérieur. En arrière de cet axe se trouve une bonne moitié du ptérygoïdien interne, puis les muscles styliens, et ce n’est qu’au-delà de ces derniers muscles que se voit le paquet vasculaire de la carotide interne et de la jugulaire interne.
Région tonsillaire : plan profond (T.-J.).
La muqueuse bucco-pharyngée a été incisée en avant, en haut et en arrière de l'amygdale. Le lambeau ainsi délimité a été détaché du plan profond et rabattu en bas en môme temps que l’amygdale et l’aponévrose du pharynx. En plus, le constricteur supérieur du pharynx a été sectionné sur les limites antérieures, supérieures et postérieures de la région et rabattu en bas.
1, constricteur supérieur du pharynx. — 2, ptérygoïdien interne. — 3, palatine ascendante. — 4, nerf lingual. — 5, glande sous-maxillaire. 6. stylo-glosse. — 7, artère faciale. — 8, nerf glosso-pharyngien. — 9, muscle stylo-hyoïdien. — 10, ligament stylo-hyoïdien. — II, artère occipitale. — 12, artère pharyngienne. — 13, carotide externe.
La carotide interne se trouve donc située non pas directement en dehors de l’amygdale, mais bien en dehors et en arrière. Un intervalle de 20 à 25 millimètres sépare ordinairement le vaisseau de la glande. On a pu cependant observer, au cours d’amygdalectomies banales, des hémorragies cataclysmiques entraînant la mort des opérés en quelques instants. Suivant Zuckerkandl, un axe transversal tiré immédiatement derrière le pilier postérieur du voile passe ou bien par le diaphragme musculaire des muscles styliens, ou bien par l’espace qui se trouve immédiatement derrière le diaphragme, (et axe passe à 2 centimètres en avant de la carotide interne, mais (die peut atteindre la carotide externe, et arrive finalement sur la face interne de la branche du maxillaire. Une même ligne tracée par la paroi pharyngienne postérieure traverse l’espace situé devant la carotide interne. En somme, selon cet auteur, même en tirant fortement l’amygdale on dedans, on ne pourra modifier la situation de la carotide et il sera impossible de la léser avec l’amygdalotome ou le bistouri. Merkel impute les grosses hémorragies à l’artère faciale, qui peut décrire une courbe en S au-dessus du digastrique et arriver au contact de la glande. Rieffel de son côté, à la suite de recherches sur 16 sujets, est arrivé à cette conclusion que la carotide externe, même quand elle présente une: courbure, reste à 17 millimètres environ en arrière: et en dehors du bord postérieur de l'amygdale. Sébile au, récemment, est revenu sur ces hémorragies cataclysmiques de l’amygdalectomie banale montrant « que l’amygdale occupe en hauteur dans le pharynx une place beaucoup plus étendue qu'on ne le soupçonne, et, que la fortiori bosse de T amygdale est en rapport avec la carotide externe, la portion haute avec la carotide interne.)) Les deux coupes horizontales ci-contre démontrent bien ce, fait. L une passe par la partie haute de l’amygdale et l’autre par sa partie basse. Dans la première, c’est la carotide interne cpii est la plus proche de l’organe. Dans la deuxième. au niveau du défilé stylien, la carotide externe paraît plaquée contre la paroi externe de l’amygdale, dont elle n’est séparée que par l’aponévrose pharyngée et les minces fibres du constricteur supérieur. Ces vaisseaux sont donc menacés dans les extirpations simples de l’amygdale avec une pince coupante.
Coupe horizontale du cou passant par la partie moyenne de la parotide (T.-J.).
A, muscle ptérygoïdien interne. — B, masséter. — C, apophyse styloïde avec ses muscles. — D, parotide. — D', prolongement pharyngien de la parotide. — E, sterno-cléido-mastoïdien. -— F, digastrique. — G, muscles prévertébraux. — H, amygdale. — I, aponévrose péripharyngienne. — J, constricteur supérieur.
1 canal de Sténon. — 2, facial. — 3, ganglion parotidien superficiel. — 4, carotide externe. — 5, jugulaire externe. —6, ganglion parotidien profond. - 7 tissu cellulo-graisseux de l’espace latéro-pharyngien. — 8, jugulaire interne. A 9 carotide interne. - 10, ganglion latéro-pharyngien. — 11, nerf spinal. - 12 nerf pneumogastrique. — 13, ganglion supérieur du grand sympathique. — 14, nerf grand hypoglosse. — 15, nerf glosso-pharyngien. — 16, aileron pharyngien. — 17, cloison séparant l'espace latéro-pharyngien ou rétro-stylien de l’espace rétro-pharyngien : dans cet espace rétro-pharyngien, on voit deux ganglions, les ganglions rétro-pharyngiens, origine fréquente des phlegmons rétro-pharyngiens : la flèche en trait plein indique le procédé de choix pour ouvrir ces phlegmons. — 18, espace préstylien : la flèche en trait plein, située en regard de la lettre H indique la voie à suivre pour ouvrir les abcès collectés dans cet espace. — 19, espace latéro-pharyngien : la flèche pointillée montre que l’ouverture par le pharynx des collections développées dans cet espace expose à léser les gros vaisseaux : la flèche en trait plein, placée au-dessus du chiffre 8, indique la voie d’accès à utiliser.
Constitution anatomique
Si l’on pratique, sur l’amygdale d’un homme adulte de vingt à trente ans, une coupe transversale perpendiculaire à sa surface, on constate tout d’abord l’existence dos cryptes amygdaliennes, signalées ci-dessus, qui, sous la forme de diverticulums ou de fentes, partent de la face interne de l’organe et, de là, s’étendent plus ou moins loin du côté de sa face externe : ces diverticulums sont étroits, irréguliers, se terminant toujours par une ou plusieurs extrémités fermées en cul- de-sac. Nous constatons ensuite que l’amygdale est délimitée*, du côté du pharynx, par une lame fibreuse, plus ou moins épaisse, mais continue, que l’on désigne ordinairement, mais fort improprement du reste, sous le nom de capsule de l’amygdale.
Division en lobes
Par sa face externe et. au niveau de son pourtour, la capsule amygdalienne si* confond peu à peu avec le tissu cellulaire sous-muqueux, dont elle n’est qu’une dépendance. Par sa face interne, elle envoie dans l’épaisseur de l’organe un système de cloisons verticales, qui se dirigent vers sa surface, en cheminant constamment entre deux diverticulums et à égale distance de chacun d’eux. Ces cloisons conjonctives ont pour résultat de diviser l’amygdale en un certain nombre de segments, qui constituent les lobes.
Coupe horizontale passant par la région amygdalienne et le plancher de la bouche ( côté gauche).
AM., amygdale. — L, langue. — PH., pharynx.
1, branche horizontale du maxillaire inférieur. — 2, glande sublinguale. — 3, muscle mylo-hyoïdien. — 4, nerf lingual. — 5, muscle ptérygoïdien interne. — 6, glande parotide. — 7, ventre postérieur du digastrique. — 8, muscle stylo-hyoïdien. — 9, muscle stylo-glosse et son épanouissement vers la langue. — 10, nerf glosso-pharyngien. — 11, muscle stylo-pharyngien. — 12, artère carotide externe. — 13, artère carotide interne. — 14, muscle pharyngo-staphylin (pilier postérieur du voile). — 15, muqueuse du plancher buccal.
Limites et description des lobes
Les lobes, sont exactement délimités, à droite et à gauche, par deux des cloisons verticales précitées qui, de ce fait, méritent le nom de cloisons interlobaires. Ils s’étendent, en profondeur, depuis la face libre de l’amygdale jusqu’à la capsule fibreuse, et chacun d’eux possède, à sa partie moyenne, un diverticulum ayant la même
Les rapports de l’amygdale et de la paroi latérale du pharynx, vus par la face postérieure.
1, amygdale. — 2, luette. — 3, base de la langue. — 4, épiglotte. — 5, paroi postérieure du pharynx sectionné. — 6, paroi postérieure du larynx. — 7, carotide primitive. — 8, carotide interne. — 8’, carotide externe. — 9, angle de la mâchoire. — 10, centre postérieur du digastrique. — 11, stylo-pharyngien. — 12, nerf glosso-pharyngien. — 13 nerf laryngé supérieur. — 14, ganglion cervical supérieur. — 15, nerf pneumogastrique, faciale. — 18, palatine ascendante. — 19, artère pharyngienne ascendante. — 20, artère occipitale.
direction que les cloisons interlobaires. Du reste, tous les lobes amygdaliens ont la même valeur morphologique : chaque lobe est une amygdale en miniature et il suffit d’en étudier un seul pour avoir, sur la constitution anatomique de l’organe tout entier, une notion nette et précise.
Structure du lobe amygdalien
Nous venons de voir que les lobules amygdaliens se composent chacun d’un diverticule central, qui s’ouvre à la surface de l’organe par son extrémité interne et qui est circonscrit, sur les côtés et au niveau de son extrémité externe, par une paroi, partout identique à elle-même, allant du diverticulum aux cloisons interlobaires. Chaque lobe, au point de vue anatomique, se réduit donc h la membrane, disposée en forme d'U. qui sert de parois à son diverticulum central. Cette membrane, disons- le tout de suite, n’est qu’une muqueuse modifiée et nous pouvons, par conséquent-, lui considérer deux couches : une couche superficielle ou épithéliale, et une couche profonde, que nous désignerons, pour ne rien préjuger de sa nature, sous le nom de couche sous-épithéliale.
Coupe transversale de l’amygdale ( schématique ).
1, plis. — 2, diverticulums ou cryptes, séparant les plis. — 3, capsule fibreuse. — 4, cloisons conjonctives issues de la capsule et s’élevant verticalement dans le milieu des plis. — 5, 5', deux lobes de l’amygdale. — 6 et 7, épithélium et derme de la muqueuse bucco-pharyngienne, se continuant sur l’amygdale, avec : G' et 7', l’épithélium et la couche propre de cet organe. — 8, tissu conjonctif sous-muqueux. -— 9, glande acineuse s’ouvrant à la surface de la muqueuse. — 9', 9", autres glandes s’ouvrant, la première à la surface de l’amygdale, la seconde dans le fond d’un diverticulum.
Couche épithéliale
La couche épithéliale ne diffère pas do la couche épithéliale de la muqueuse bucco-pharyngienne : c’est un épithélium pavimenteux stratifié.
Couche sous-épithéliale
La couche sous-épithéliale (tunique propre de Stöhr), qui représente histologiquement le derme de la muqueuse bucco- pharyngienne (mais un derme profondément modifié, comme nous allons le voir), possède, comme ce dernier, de nombreuses papilles, qui, très développées à la surface de l’organe, s’atténuent graduellement au fur et à mesure qu’on descend dans le diverticulum. Histologiquement, elle se compose d’un tissu réticulé, contenant de petites formations sphériques, que l’on désigne sous le nom de grains ou de follicules lymphatiques.
Aux fibrilles conjonctives et aux éléments cellulaires s’ajoutent, dans le tissu sous-épithélial, de nombreux vaisseaux sanguins. Ces vaisseaux proviennent de ceux, plus volumineux, qui occupent les cloisons interlobaires. De là, ils s’irradient dans tous les sens, en suivant constamment les trabécules conjonctives, lesquelles leur servent ainsi de soutien. Disposés irrégulièrement et sans ordre dans le tissu réticulé, ils affectent dans les follicules une disposition nettement radiaire, c’est-à- dire que, dans chaque follicule, ils vont tous de la périphérie au centre à la manière d’un rayon.
Un lobule amygdalien (5 de la figure précédente), vu à l’état d’isolement et à un grossissement considérable (schématique).
1, limites superficielles du lobule. — 2, diverticulum central ou crypte amygdalienne. — 3, capsule fibreuse. — 4, 4, deux cloisons interlobaires, formant les limites latérales du lobule. — 5, couche épithéliale. -— G, couche propre, avec : 6 ', follicules clos ; 6 ", tissu réticulé interfolliculaire. — 7, glande acineuse, s’ouvrant dans le fond du diverticulum. — 8, 8, tissu réticulé des deux lobes voisins.
Glandes en grappe annexées à l’amhygdale
Au-dessous de l’amygdale et sur son pourtour, dans le tissu sous-muqueux, se trouvent constamment un certain nombre de glandes en grappe qui rappellent les glandes de même nature que l’on rencontre a la base de la langue. Ce sont des glandes muqueuses. Leurs canaux excréteurs viennent s’ouvrir, les uns à la surface même de l’amygdale, les autres dans l’un quelconque de ses diverticulums.
Résumé
Au total, chaque lobe amygdalien se compose d’un diverticule central ou crypte, dont la paroi, incomparablement plus épaisse que la lumière du canal qu’elle circonscrit, nous présente deux couches
1° une couche superficielle, épithéliale, formée par un épithélium pavimenteux stratifie, continuation de l’épithélium de revêtement de la muqueuse bucco- pharyngienne ;
2° une couche profonde (tunique propre de Stöhr), formée par du tissu réticulé et des follicules clos. Par extension, l’amygdale tout entière, qui n’est qu’un composé de lobes morphologiquement équivalents, peut être considérée, au point de vue anatomique, comme une portion de la muqueuse bucco-pharyngienne, qui se serait plissée sur elle-même (d’où la formation des diverticulums séparant les uns des autres les différents plis) et dont la couche profonde du derme se serait transformée, suivant une modalité indiquée ci-dessus, en un véritable organe lymphoïde.
Trois follicules clos de l’amygdale, pris sur un sujet de vingt ans (d’après Retterer).
C, C, C, follicules clos, —il, il, il, tissu réticulé inter-folliculaire, formé par un fin réticulum emprisonnant dans ses mailles des cellules lymphatiques. — V, V, vaisseaux.
Signification morphologique
Morphologiquement, les follicules amygdaliens et par extension, l’amygdale tout entière doivent être considérés comme des organes lymphoïdes, c’est-à-dire chargés de fabriquer des lymphocytes. Ce sont aussi, comme toutes les formations lymphoïdes annexées au pharynx, des organes immuniseurs.
Comme tous les organes lymphoïdes, les amygdales augmentent de volume jusqu’à la puberté, puis régressent lentement.
Vaisseaux et nerfs
Portion différenciée de la muqueuse bucco-pharyngienne, l’amygdale n’a pour ainsi dire pas de circulation et d’innervation qui lui appartiennent en propre. Ses vaisseaux et ses nerfs se confondent en grande partie avec ceux du
Artères
L’amygdale est irriguée principalement par un vaisseau auquel on donne le nom d’artère tonsillaire. Cette artère, le plus souvent unique, est une branche de l’artère palatine ascendante, elle-même collatérale de l’artère faciale. Comme la faciale, cette artère tonsillaire, devant se plier à l’ouverture et à la fermeture buccale, décrit de nombreuses flexuosités contre la paroi pharyngée. Elle aborde la région amygdalienne par son pôle inférieur, rapport intéressant à rappeler à propos de l’amygdalectomie. Le plus souvent, elle se divise à la face externe du constricteur supérieur. Ses branches, ou le tronc principal lorsqu’il n’est pas divisé, ce qui nous apparaît plus rare, faufilent la nappe musculaire avant de pénétrer dans l’amygdale elle-même.
Parfois, il existe deux artères tonsillaires : l’une inférieure et principale, que nous venons de décrire, l’autre supérieure. Celle-ci provient le plus souvent de la pharyngienne ascendante ou de la faciale.
Dans l’intérieur de l’amygdale, les artérioles de division pénètrent dans des cloisons conjonctives et se résolvent en d’élégants réseaux capillaires, à la fois dans les follicules, où ils ont un dispositif radiaire, et dans le tissu réticulé, où ils représentent un réseau irrégulier.
Veines
Les veines issues de ces réseaux forment sur la face externe de l’amygdale deux plexus, l’un antérieur, l’autre postérieur, qui aboutissent dans la veine palatine ascendante. Comme toutes les veines profondes de la face, ces veines, très élastiques, sont souvent dilatées.
Lymphatiques
Les lymphatiques, signalés déjà par Billroth, en 1858, ont été particulièrement bien étudiés, en 1883, par Schmidt et, en 1888, par Retterer. Schmidt a décrit dans le tissu interfolliculaire un fin réseau lymphatique, dont les radicules s’ouvraient directement dans le réticulum des follicules. Leur origine se faisait donc en plein follicule par des orifices s’ouvrant dans les espaces intercellulaires. Retterer, en utilisant les injections interstitielles de nitrate d’argent et de gélatine, a retrouvé le réseau interfolliculaire décrit par Schmidt, mais il l’a vu se prolonger jusque dans l’épaisseur du follicule. D’autre part, il n’a rencontré aucune trace de stomate et il conclut que, ici comme ailleurs, les racines lymphatiques constituent un système parfaitement clos. Retterer a constaté, en outre, que tous les canaux lymphatiques, quel que soit leur diamètre, sont délimités par une couche continue de cellules endothéliales caractéristiques.
Les lymphatiques efférents des réseaux intra et interfolliculaires se dirigent vers les cloisons interlobaires, puis, le long de ces cloisons, descendent vers la face externe de l’amygdale.
De là, au nombre de trois à cinq, quelquefois moins, quelquefois plus, ils se portent en dehors, traversent successivement l’aponévrose pharyngienne et le constricteur supérieur et, finalement, viennent se terminer dans les ganglions cervicaux profonds, de préférence dans ceux qui longent le bord inférieur du digastrique. Ces ganglions répondent à l’angle du maxillaire inférieur. C’est là, on le sait, que l’on trouve des ganglions engorges dans les lésions, inflammatoires ou autres, de l’amygdale.
Nerfs
Les nerfs de l’amygdale émanent d’un petit plexus (plexus tonsillaire), qui est situé sur la face externe et à la constitution duquel participent à la fois le lingual et le glosso-pharyngien. Pappenheim a pu les suivre jusque dans l’épaisseur de la muqueuse. Leur mode de terminaison n’est pas encore bien connu.
Variations des amygdales
Les amygdales, d’après leurs formes, peuvent être divisées en : pédiculées, encapuchonnées et multilobées.
Les amygdales pédiculées paraissent libres, flottantes en quelque sorte ; elles ne sont rattachées à la paroi de la loge que par un mince pédicule.
Les amygdales encapuchonnées sont, au contraire, adhérentes aux piliers du voile.
Les amygdales multilobées présentent fréquemment deux parties : l’une supérieure, l’autre inferieure. Cette dernière portion descend sur le versant de la base de la langue et plonge vers l’épiglotte.
Sous le nom d’amygdales accessoires, Dieulafé et Herpin ont signalé des formations lymphoïdes comparables aux amygdales normales les moins volumineuses, siégeant soit sur la face antérieure du pilier postérieur, soit sur la paroi latérale du pharynx, au- dessous de l’orifice tubaire.
L’amygdale peut faire défaut. Le plus souvent, cette absence, qui est unilatérale, coïncide avec l’absence du pilier postérieur.