Les trous ou canaux qui s’ouvrent à la surface des os sont de deux ordres : les uns, canaux de transmission, livrent passage à des vaisseaux et à des nerfs qui ne font que traverser les os sans s’y arrêter ; les autres, canaux nourriciers, laissent pour la plupart passer les vaisseaux qui apportent aux os leurs principes nutritifs.

a. Trous et canaux de transmission

Les trous et canaux de transmission sont considérables, comme le trou occipital qui loge le bulbe rachidien, le canal carotidien que parcourt la carotide interne ; ou bien, ils sont tout petits, comme le trou petit rond que traverse l’artère méningée moyenne, le canal de Jacobson qui livre passage au filet nerveux de même nom. Plusieurs trous et canaux prennent, en raison de leur forme, les noms d 'hiatus (hiatus de Fallope), de fente (fente sphénoïdale), de fissure ou scissure (scissure de Glaser). Nous trouverons encore, à la base du crâne, des trous déchirés, ainsi appelés parce que leur contour est taillé d’une façon fort irrégulière.

b. Trous et conduits nourriciers

Les trous ou conduits nourriciers se divisent en quatre ordres, d’après leurs dimensions. — Les trous du premier ordre, les plus considérables de tous, appartiennent exclusivement à la diaphyse des os longs et à quelques os larges. Ils sont presque toujours obliques et livrent passage à l 'artère nourricière de l’os, qu’accompagne parfois un filet nerveux. — Les trous du second ordre se rencontrent sur les épiphyses des os longs, sur les bords des os larges et sur les faces non articulaires des os courts. Leur nombre est considérable : Bichat en a compté 50 sur le calcanéum, 20 sur le corps d’une vertèbre dorsale, 140 sur l’extrémité inférieure du fémur. Ils livrent surtout passage à des veines. — Les trous du troisième ordre, enfin, beaucoup plus petits que les précédents, s’observent indistinctement sur toute la surface de l’os que revêt le périoste. On en compte, en moyenne, de 40 à 50 par millimètre carré. Ils sont les points de départ d’un système de canaux que nous étudierons plus loin, à propos de la structure de l’os, sous le nom de canaux de Havers. — Les trous du quatrième ordre sont à la fois beaucoup plus petits et beaucoup plus nombreux que ceux de troisième ordre. Ils représentent les orifices extérieurs de canalicules osseux, qui vont s’ouvrir d’autre part dans les ostéoplastes.

De ces différents conduits des os, les conduits du premier ordre sont ceux qu’il est le plus important de connaître, au point de vue de l’anatomie descriptive tout au moins et, quoique nous devions les retrouver plus tard un à un sur les différents os auxquels ils appartiennent, nous croyons qu’il ne sera pas inutile de grouper ici dans un tableau synoptique les principaux d’entre eux, en indiquant pour chacun sa situation et sa direction :

NOMS DES OS

SITUATION DU TROU NOURRICIER

DIRECTION DU TROU NOURRICIER

Clavicule

Face inférieure, près du bord postérieur (souvent double, souvent absent).

 

Oblique en dehors.

 

Omoplate

3 trous

dans la fosse sus-épineuse

Oblique en bas.

 

dans la fosse sous-épineuse

Oblique en haut.

 

dans la fosse sous-scapulaire

Dirigé en arrière.

 

Humérus

Face interne, un peu au-dessous de sa partie moyenne

Oblique de haut en bas.

Cubitus.

 

Face antérieure, à la réunion du tiers supérieur avec le tiers moyen.

Oblique de bas en haut.

Radius

ld. un peu plus bas que le précédent.

Oblique de bas en haut.

 

Os coxal

 

 

a) dans la fosse iliaque interne

Obi. en bas et en arrière.

 

b) dans la fosse iliaque externe.

Obi. en bas et en arrière.

 

c) un peu en avant de l’échancrure sciatique.

Obi. en haut et en arrière.

Fémur.

 

Ligne âpre, un peu au-dessus du milieu de l'os.

Oblique de bas en haut.

Péroné.

Face postérieure, dans’ son tiers moyen.

Oblique de haut en bas.

 

Tibia.

 

Face postérieure, à la réunion de son tiers supérieur avec son tiers moyen.

Oblique de haut en bas.

 

On voit par ce tableau que les conduits nourriciers présentent, suivant les os, des positions différentes. C’est ainsi, pour ne parler que des os longs proprement dits, qu’on les rencontre : 1° pour l’humérus et pour le fémur, à la partie moyenne de la diaphyse (un peu au-dessous pour l’humérus, un peu au-dessus pour le fémur) ; 2° pour le cubitus le radius, le tibia et le péroné, à l’union du tiers supérieur avec le tiers moyen, ou même dans le tiers supérieur. Mêmes variations en ce qui concerne leur direction : obliques de haut en bas sur l’humérus et les os de la jambe, ils sont, au contraire, obliques de bas en haut sur le fémur et les deux os de l’avant-bras. En termes plus simples, ils se dirigent vers le coude et fuient le genou.

Aucun fait morphologique n’est le produit du hasard et toutes les divergences que nous venons de signaler au sujet des conduits nourriciers des os doivent trouver leur explication dans quelque loi de l’ostéogenèse.

On admet généralement aujourd’hui, depuis les recherches de Humphry (1858), de Schwalbe (1876) et de Retterer (1885), confirmées plus récemment par Piollet (Journ. de l’Anat., 1905), qu’elles résultent de l’inégalité d’accroissement des extrémités osseuses. 

Nous connaissons l’expérience d’un clou que l'on implante au milieu d’un os long d’un animal jeune et qui, lorsque la croissance de l’os s’est effectuée, n’est plus au milieu, mais se trouve maintenant plus rapproché d’une extrémité que de l’autre. C’est que les deux extrémités de l’os ou épi- physes se sont éloignées du centre primitif de la diaphyse d’une façon inégale et le clou est, naturellement, plus éloigné de celle qui s’est le plus allongée. Le trou nourricier se comporte exactement comme le clou de l’expérience : au cours de l’accroissement des os longs, il s’éloigne de l’épiphyse dite la plus fertile, pour se rapprocher de celle du côté opposé. Bien entendu, ces déplacements ne sont qu’apparents : le trou ne bouge pas ; ce sont les deux épiphyses qui s’en éloignent ; l’une plus, l’autre moins.

Or les expériences et les faits pathologiques nous apprennent que l’épiphyse dite la plus fertile est : 1° au membre supérieur, pour l’humérus l’épiphyse supérieure, pour les deux os de l’avant-bras l’épiphyse inférieure, en somme, les épiphyses qui sont éloignées du coude ; 2° au membre inférieur, pour le fémur l’épiphyse inférieure, pour les deux os de la jambe l’épiphyse supérieure, en somme les épiphyses qui confinent au genou. Les trous nourriciers se rapprochent donc du coude pour le membre supérieur, tandis qu’ils s’éloignent du genou pour le membre inférieur.

En ce qui concerne la direction du canal nourricier, elle s’explique nettement par le fait même de son déplacement, amenant comme conséquence un déplacement de même sens de l’artère nourricière. Primitivement, chez le fœtus, les artères nourricières des os longs se dirigent toutes vers l’extrémité libre des membres : elles sont descendantes. Mais peu à peu, par suite du déplacement du trou nourricier (qui s'élève sur le fémur et les deux os de l’avant-bras, s'abaisse au contraire sur l’humérus et les deux os de la jambe, Voy. fig. 8), l’artère nourricière modifie naturellement son trajet, pour aboutir toujours, quel que soit le déplacement effectue, au trou nourricier qui lui est destiné. C’est ainsi que, sur les os du deuxième groupe (humérus, tibia, péroné), elle accentue sa direction descendante ou tout au moins la conserve ; sur les os du premier groupe, au contraire (fémur, radius, cubitus), obligées de remonter vers des trous qui sont déplacés en haut, elles deviennent d’abord transversales, puis obliquement ascendantes, autrement dit récurrentes.

 

Schéma montrant, sur les os longs des membres, le déplacement du trou nourricier et le changement de direction que subit, du fait même de ce déplacement, l‘artère nourricière : A, membre supérieur ; B, membre inférieur.

 

La partie inférieure du fémur et les deux os de la jambe ont été retournés de 180° pour rétablir les homologies des os des membres. — Les flèches placées en dehors des os indiquent, le sens dans lequel se déplacent les canaux nourriciers. — Les flèches placées sur les os eux-mêmes, indiquent la direction de ces mêmes canaux nourriciers. — Les signes + et- placés sur les épiphyses indiquent, le premier, l’épiphyse dite la plus fertile, le second, l’épiphyse dite la moins fertile. — Les trajets en pointillé indiquent la situation primitive du trou nourricier et de son artère ; le trajet en trait plein indique cette même situation chez l’adulte. — On voit très nettement que les artères nourricières et, par suite, leurs trous nourriciers se portent toujours vers l’épiphyse qui est la moins fertile, autrement dit se dirigent vers le coude et fuient le genou. 

Les canaux nourriciers de l’os présentent tout naturellement la même direction que les artères qui les traversent et tout autour desquelles ils se modèlent : et voici pourquoi les canaux nourriciers des os longs des membres sont ascendants pour le fémur et les deux os de l’avant-bras (que traversent des artères obliquement ascendantes), descendants pour l’humérus et les deux os de la jambe (que traversent des artères obliquement descendantes), ce qui revient à dire, en reproduisant exactement la formule ci-dessus, se dirigent vers le coude et fuient le genou.

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