Les os longs, nous le savons déjà, se composent chacun d’une partie moyenne, le corps ou diaphyse, et de deux extrémités plus ou moins renflées, les épiphyses. Pour prendre une notion exacte du mode de constitution de chacun de ces segments de l’os, il suffit de pratiquer sur celui-ci une coupe longitudinale passant pas son axe.

Épiphyses

Les épiphyses tout d’abord, nous apparaissent comme formées presque exclusivement, par du tissu spongieux. Ce n’est qu’à la périphérie, c’est-dire dans la partie qui confine à la surface extérieure de l’os, que le tissu spongieux épiphysaire est doublé par une mince couche de tissu compact. Cette coque périphérique de tissu compact fait défaut naturellement au niveau du point où l’épiphyse se réunit à la diaphyse. Elle fait défaut aussi, au milieu de son extrémité libre, tous les points où se trouve du cartilage articulaire

L’étude du développement morphologique et histologique des os nous renseigne sur l’origine des épiphyses. Comme nous le verrons plus loin, elles se constituent par de points d’ossification indépendants du point d’ossification primaire. Elles restent isolées de la diaphyse pendant la période d’accroissement par un vestige de la maquette cartilagineuse primitive de l’os et que l’on appelle le cartilage de conjugaison ou cartilage diaphyso-épiphysaire. Ce cartilage est capable d’un travail de prolifération intense et joue un rôle considérable dans l’accroissement des os. L’épiphyse tue donc son individualité d’un point spécial d’ossification aux extrémités des os longs,

En réalité il existe aussi au niveau des os plats et des os courts et même à la base du crâne des points d’ossification secondaires séparés du point d’ossification principal par une bande cartilagineuse qui persiste plus ou moins longtemps. Ces points ont la valeur ou la signification de points épiphysaires tandis que le cartilage qui les sépare du point principal à la valeur du cartilage de conjugaison des os longs. Les deux formations cartilage de conjugaison et épiphyse osseuse, apparaissent donc, mais seulement à un examen superficiel, indissolublement liés l'un à l'autre. En réalité, il n’en est rien. Le cartilage de conjugaison, toujours situé dans les os longs, dans l’extrémité renflée de cet os et non pas à l’endroit où le cylindre diaphysaire s'élargit pour se continuer avec la tête, peut exister même s'il n'y a pas d'épiphyse osseuse. Vialleton a bien insisté sur ce fait que le cartilage conjugal était caractérisé par une ordonnance régulière des cellules. Celles-ci, empilées les unes sur les autres, sériées comme l’on dit, constituent une zone de prolifération que l’on retrouvera toujours dans tout cartilage à quelque distance de la surface articulaire, qu’il y ait ou non une épiphyse osseuse.

Sur les os longs, le cartilage conjugal prolifère dans le sens diaphysaire et nullement du côté de l’épiphyse. Il y a donc lieu de supprimer l’expression d’épiphyse fertile employée par les chirurgiens pour désigner, l'épiphyse placée à l'extrémité de l’os où l’accroissement de celui-ci est prépondérant, cet accroissement étant en effet d’inégale importance dans les deux extrémités d’un même os. Cette expression est malheureuse parce qu’elle confère à l’épiphyse un rôle qui n’est pas le sien. L’épiphyse ne joue en effet qu’un rôle secondaire dans l’accroissement en longueur de l’os long ; elle ne se trouve à l’extrémité que comme un témoin des changements internes que le cartilage est obligé de subir pour pourvoir à l'accroissement des parties de formes très variées qui s’y rencontrent.

Chez l’homme, ces noyaux d'ossification séparés qui constituent les épiphyses apparaissent après la naissance et se soudent tardivement ; leur soudure marque la terminaison de la croissance osseuse.

La signification des épiphyses est assez obscure. Chez les oiseaux, les crocodiles et les chéloniens, il n'y a jamais de vraies épiphyses ; au contraire chez les sauriens et chez les mammifères surtout, celles-ci sont nombreuses. Sont-elles en rapport avec les tractions et pressions supportées par les os (Parsons) ou bien leur raison d’être peut-elle être recherchée dans les conditions de l’accroissement particulier des pièces squelettiques (Vialleton) ? La question reste encore obscure. La dernière hypothèse nous parait cependant plus vraisemblable.

Diaphyses

La diaphyse est essentiellement constituée par un tissu compact qui atteint sa plus grande épaisseur à la partie moyenne de l’os, mais n’en occupe que la périphérie. A son centre se trouve creusée une cavité longitudinale qui s’étend ordinairement jusqu’aux épiphyses et parfois même empiète sur elles : c’est le canal médullaire, ainsi appelé parce qu’il loge la moelle osseuse. Étudions le canal et son contenu.

  1. a) Le canal médullaire a une forme cylindroïde ; sa coupe transversale est plus ou moins circulaire ; la conformation du canal ne reproduit donc nullement celle de l’os. L’épaisseur de sa paroi est en général plus grande au niveau des bords de l’os qu’au niveau de ses faces, lorsque celui-ci est prismatique. A l’une et à l’autre de ses extrémités, le canal médullaire nous présente ordinairement un système de minces lamelles qui vont d’une paroi à l’autre, en s’entrecroisant sous des angles divers et circonscrivant entre elles de larges aréoles : c’est le tissu aréolaire du canal. Du côté du centre de l’os, ce tissu aréolaire se raréfie de plus en plus et finit par disparaître ; cependant les parois du canal ne sont jamais lisses, mais hérissées d’aspérités et creusées de lacunes, témoins du travail de résorption qui s’effectue à ce niveau. Du côté opposé c’est-à-dire vers les épiphyses, les aréoles deviennent plus étroites et c’est par des gradations insensibles que le tissu aréolaire se continue avec le tissu spongieux de l’épiphyse. Rappelons en passant que c’est au canal médullaire qu’aboutissent les conduits nourriciers de l’os dont il a été question plus haut.
  2. b) La moelle osseuse-est une substance molle, d’une consistance pulpeuse, que 1 on rencontre dans toutes les cavités du tissu osseux : le canal central des os longs, les aréoles du tissu spongieux. Elle a pour fonctions multiples, tout en allégeant les pièces squelettiques, 1° de présider, pendant tout le temps que dure l’ossification, à la formation du tissu osseux ; 2° de fournir, concurremment avec certains autres organes, les éléments figurés du sang et de prendre ainsi une part importante à l’hématopoïèse.

La moelle osseuse revêt des aspects différents suivant les points et les conditions ou on l’examine et, à cet effet, on doit distinguer la moelle rouge, la moelle jaune, la moelle gélatineuse et la moelle grise (Voy. Histologie).

La moelle rouge a pour caractère, comme son nom l’indique, une coloration rouge très prononcée. Elle occupe toutes les cavités des os du fœtus et de l’enfant d ou le nom de moelle fœtale que lui donnent encore la plupart des anatomistes. Chez l’adulte, on la rencontre dans les aréoles de certains os à structure spongieuse, tels que les corps vertébraux, les os de la base du crâne, les côtes, le sternum, etc. Elle joue un rôle important dans le processus d’ossification, et dans la formation des éléments figures du sang.

La moelle jaune, ou moelle graisseuse, remplit la presque totalité des cavités osseuses de l’adulte : c’est elle notamment qui comble le canal diaphysaire des os longs. La moelle jaune est la moelle de l’adulte, comme la moelle rouge est la moelle du fœtus. Le liquide huileux des cellules adipeuses renferme toujours une abondante proportion de margarine en sorte que la moelle jaune durcit par le refroidissement, mais reste toujours friable à cause du peu de cohésion de ses éléments, que ne retient  aucune lame fibreuse solide

 

 

Coupe transversale du tibia à sa partie moyenne.

1, bord antérieur. — 2, bord interne. — 3, bord externe, — 4, face interne. — 5, face externe. — 6, face postérieure. — 7, canal médullaire.

 

La moelle gélatineuse ou gélatiniforme est ainsi appelée (Robin) en raison de sa demi-transparence et de sa consistance. On la rencontre exceptionnellement chez l’homme et seulement cher l'adulte : elle occupe les aréoles des os larges qui entrent dans la constitution du crâne et de la face.

La moelle grise, enfin est infiniment rare cher l'homme. On la rencontre surtout chez les rongeurs.

La moelle osseuse, comme l’os lui-même, possède des vaisseaux et des nerfs :

Les vaisseaux sanguins de la moelle des os proviennent, en partie de l’artère nourricière, en partie des artères périostiques (Voir plus haut). Les artères, après des divisions et des subdivisions successives, aboutissent, ici, comme ailleurs, a un réseau capillaire. Les vaisseaux qui entrent dans la constitution de ce réseau présentent tout d’abord la forme et le calibre des capillaires ordinaires ; puis après un court trajet, peu après s’être séparés des artérioles, ils se dilatent et se renflent par places, de façon à former des canaux essentiellement irréguliers, à trajet sinueux, a parois plus ou moins bosselées. La plupart d’entre eux pénètrent dans l’os et vont s’anastomoser avec les vaisseaux périostiques.

Ces vaisseaux, ainsi dilatés, ont été pris à tort pour des veines : ils appartiennent bel et bien par leur structure, au groupe des capillaires vrais. Pour rappeler et concilier les deux opinions on les désigne ordinairement sous le nom de capillaires veineux ; ce sont des capillaires intermédiaires entre les capillaires ordinaires et les premières veinules. Ils mesurent en moyenne 100µ de diamètre et forment dans leur ensemble un riche réseau dont les mailles sont de 200 à 300µ, à la périphérie de la moelle, ils se terminent par des anses qui arrivent au contact de la substance osseuse (Morat, 1875) et se continuent même parfois avec les troncules veineux que renferment les larges canaux de Havers.

On n’a, pas encore rencontré dans la moelle osseuse de vaisseaux lymphatiques vrais. La lymphe y circule suivant une modalité qui ne nous est pas encore connue.

Les nerfs de la moelle des os, signalés depuis longtemps déjà par Gros et par Kölliker ont été étudiés à nouveau, en 1880, par Remy et Variot et en 1901 par Ottolenghi Ils proviennent pour la plupart, du troncule nerveux qui s’engage dans le trou nourricier J en même temps que l’artère nourricière : les autres, beaucoup moins nombreux, tirent leur origine du réseau périostique. Arrivés à la moelle, les rameaux nerveux suivent généralement la direction des vaisseaux sanguins et, comme ces derniers, se divisent et se subdivisent en filets de plus ténus : un capillaire de 20µ n’en possède qu’un seul ; un vaisseau de 40µ en a deux, suivant isolement autour de lui un trajet plus ou moins spiroïde : les vaisseaux plus volumineux en possèdent un plus grand nombre. Chacun d’eux renferme deux ordres de fibres : des fibres à myéline mesurant 5 à 7µ et des fibres de Remak mesurant, 2 à 3µ seulement. Leur mode de terminaison n’est pas encore nettement élucidé.

Travées osseuses

Dans tous les os longs, qu’on considère la diaphyse ou les épiphyses, les travées osseuses ne sont pas disposées d’une façon quelconque mais au contraire suivant une modalité qui est toujours la même pour le même os. Cette disposition systématique des travées osseuses, sur laquelle Meyer et Julius Wolff ont depuis longtemps déjà appelé l’attention, est constamment en rapport avec la fonction de l’os autrement dit avec le rôle qui est dévolu à l’os dans la statique : on peut, à ce sujet, établir en principe que les travées suivent toujours la même direction que les forces qu’elles ont à supporter, ce qui fait dire à Julius Wolf que l’os normal a une structure déterminée 'par sa fonction. Nous y reviendrons plus tard à propos de l’architecture de certains os.

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