La portion périphérique du système sympathique comprend trois groupes ganglionnaires reliés entre eux par des fibres nerveuses.
1° Un groupe de ganglions situés de chaque côté de la face antérieure du rachis, c’est la chaîne sympathique latéro-vertébrale ;
2° Un groupe placé en avant du rachis, plus éloigné de lui que les précédents et réparti en plusieurs amas ou plexus : ce sont les plexus préviscéraux, que nous pouvons encore appeler les ganglions splanchniques ou prévertébraux ;
3° Il existe, enfin, des formations ganglionnaires juxta ou intraviscérales et qui constituent les appareils viscéraux locaux de Guillaume, appareils que nous pouvons encore appeler les plexus muraux, indiquant ainsi qu’ils sont contenus dans les parois viscérales ;
4° Nous verrons enfin ce qu’il faut penser des ganglions sympathiques annexes aux nerfs crâniens.
Schéma de la chaîne sympathique latéro vertébrale ou système caténaire.
Certains auteurs ont donné à cette chaîne le nom de portion centrale du grand sympathique.
Elle s’étend de la première vertèbre cervicale jusqu’aux vertèbres coccygiennes. On y distingue quatre segments portant le nom de la colonne vertébrale correspondante : un segment cervical, un segment thoracique, un segment lombaire et un segment sacrococcygien.
La chaîne
Les ganglions renflés sont reliés par des cordons intermédiaires, d’où l’aspect moniliforme de la chaîne. Dans la région sacro-coccygienne, on trouve un ganglion médian devant le coccyx, c’est le ganglion coccygien, en rapport, mais non confondu, avec la glande de Luschka : une anse réunit en bas les deux chaînes sympathiques. Les quatre ganglions sacrés sont placés sur la face antérieure du sacrum. De même, les quatre ganglions lombaires et les onze ganglions thoraciques répondent au milieu des espaces qui séparent les branches antérieures des paires rachidiennes. On retrouve ici la même métamérisation que dans le système de la vie de relation : à chaque segment médullaire correspond une paire de racines rachidiennes, un ganglion spinal, un ganglion sympathique latéro-vertébral. Mais si la paire rachidienne a son centre dans le segment médullaire correspondant, il n’en est pas de même du ganglion sympathique ; son centre médullaire, comme nous le verrons plus loin, ne lui correspond pas segmentairement.
Au niveau de la colonne cervicale, le premier et le deuxième ganglion dorsal se fusionnent souvent avec le ganglion cervical inférieur en formant le ganglion étoilé ou stellaire et les ganglions cervicaux sont condenses en trois ganglions : cervical supérieur, cervical moyen et cervical inférieur. Du ganglion étoilé, le sympathique gagne la base du crâne par deux voies : l’une, antérieure, passe par les ganglions cervical moyen et supérieur et par le plexus carotidien ; l’autre, postérieure, passe par le nerf vertébral et les plexus du tronc basilaire. Au niveau de l’hexagone de Willis, ces deux voies se réunissent entre elles et unissent par des anses nerveuses la partie supérieure des deux chaînes latéro-vertébrales.
Les collatérales
Chaque ganglion, avons-nous vu, est relié aux ganglions sus et sous-jacents par le cordon intermédiaire et il présente des collatérales : externes, internes, antérieures, postérieures.
α. Collatérales externes. — Ce sont les rameaux communicants qui rattachent la chaîne latéro-vertébrale aux trente-et-un, nerfs rachidiens. Nous verrons ultérieurement leur constitution et leur schématisation.
β. Collatérales internes. — Ce sont des branches viscérales ; elles vont aux viscères soit directement, soit après la traversée d’un plexus médian.
ϒ. Collatérales antérieures. — Elles sont vasculaires et vont former des réseaux autour de l’aorte et des artères, constituant des plexus artériels qui peuvent aller jusqu’à la périphérie.
δ. Collatérales postérieures. — Celles-ci, minimes, comprennent des rameaux osseux pour les vertèbres et pour les musculaires.
2° Les ganglions et plexus préviscéraux ou splanchniques
Schéma représentant la disposition de la chaîne sympathique latéro vertébrale chez l’homme (Pitres et Testut).
Territoires du sympathique.
En rose les fibres préganglionnaires ; en jaune, les fibres post-ganglionnaires ; en pointillé, les fibres du parasympathique qui entrent dans le môme plexus que les fibres post-ganglionnaires. A gauche, innervation sympathique viscérale A droite, innervation sympathique des membres (nerfs vaso-moteurs, sudoraux, pilo-moteurs, etc.).
1 colonne sympathique médullaire dorso-lombaire. — 2, chaîne latéro-vertébrale ganglionnaire. 3, plexus vasculaire intracrânien autour du polygone de Willis. — 4, nerf vertébral. — 5, ganglion cervical supérieur. 6, ganglion cervical moyen. — 7, ganglion cervical étoilé ou stellaire. — 10, plexus de Wrisberg. — 11, plexus solaire. — 12, plexus mésentérique. — 13, plexus hypogastrique.
Ces plexus, étendus depuis la base du crâne jusqu’au bassin, reçoivent de la chaîne latéro-vertébrale de nombreux rameaux qui entrent en connexion avec leurs ganglions. Ils reçoivent aussi des rameaux du parasympathique. Ces plexus préviscéraux ou ganglions médians sont :
- a. Le plexus pharyngien et thyroïdien, constitué par des filets directs du sympathique cervical ;
- Le plexus cardiaque, avec ses rameaux cardiaques venus du sympathique ; avec ceux venus du pneumogastrique et le ganglion de Wrisberg ;
- Le plexus pulmonaire ;
- Le plexus solaire, qui reçoit le grand et le petit splanchniques et présente les ganglions semi-lunaires. Un rameau du pneumogastrique droit se jette dans la corne interne du ganglion semi-lunaire droit et forme avec le grand splanchnique droit qui arrive à la corne externe l’anse mémorable de Wrisberg. Au plexus solaire se rattachent encore les ganglions aortico-rénaux, les ganglions mésentériques supérieurs et le plexus cœliaque recouvrant les branches du tronc cœliaque.
Au-dessous du plexus solaire nous rencontrons le plexus lombo-aortique, et, dans la cavité pelvienne, le plexus hypo gastrique. Pour ce dernier, il est préférable d’employer la dénomination indiquée par l’un de nous {Latarjet) : le nerf, présacré, qui comporte des amas ganglionnaires, fait suite au plexus lombo-aortique, puis se divise en nerfs hypogastriques droit et gauche. Chacun de ces nerfs aboutit au ganglion hypogastrique, qui reçoit des branches non seulement du sympathique, mais encore du parasympathique. Ces derniers suivent le nerf pelvien renfermant en particulier les nerfs érecteurs.
Ces ganglions préviscéraux ou splanchniques contenus dans le thorax, 1 abdomen et le pelvis, ne sont pas des formations ganglionnaires uniques : il s’agit non d’un seul ganglion volumineux, mais d’amas de ganglions réunis les uns aux autres par des filets nerveux et qui prennent ainsi l’aspect plexiforme. Ce sont des plexus ganglionnaires.
L’anatomie macroscopique nous renseigne sur la forme et la topographie de ces plexus. L’histologie montre que certaines fibres subissent un relais dans les ganglions. Mais l’excitation, après nicotinisation du ganglion, permet de reconnaître quelles fibres relaient dans les ganglions, quelles fibres les traversent sans s’y arrêter. C’est ainsi que l’on a pu déterminer que les plexus n’appartiennent pas en bloc à l’un ou l’autre des deux systèmes anatomo-physiologiques que nous avons dit constituer le système neuro-végétatif, mais sont à cheval sur ces deux voies.
Mode de distribution du sympathique et du parasympathique dans le plexus cardiaque.
1, noyau organique du pneumogastrique (parasympathique crânien). — 2, fibres préganglionnaires. — 3, plexus du Wrisberg (parasympathique). — 4, fibres postganglionnaires parasympathiques. — 5, tractus intermedio-lateralis (sympathique médullaire). — 6, fibres préganglionnaires sympathiques. — 7, ganglion stellaire. — 8, fibres post-ganglionnaires sympathiques traversant le ganglion de Wrisberg sans s’y arrêter. — 9, cœur.
Au niveau d’un plexus quelconque, les fibres de l’un des deux systèmes ont un relais dans le ganglion, tandis que celles de l’autre le traversent sans s’y interrompre. Dans le plexus appartenant au premier système, les fibres du deuxième ne font que transiter. Par exemple, pour le plexus ganglionnaire cardiaque de Wrisberg, les fibres qui s’interrompent dans le ganglion appartiennent au vague, tandis que les fibres du sympathique le traversent sans s’arrêter. Ce plexus fait donc partie du système parasympathique. Pour le plexus solaire, ce serait l’inverse ; il semble appartenir en totalité au sympathique, les fibres de vague ne font que le traverser.
Ganglions viscéraux, appareils autonomes locaux. Les plexus muraux ou système nerveux intrapariétal.
Des plexus préviscéraux ou médians partent des rameaux qui gagnent les viscères, soit par les plexus péri-artériels, soit par des rameaux directs, qui vont rentrer dans la constitution des formations sympathiques viscérales "contenues dans les parois de l’organe, comme les plexus d’Auerbach et de Meissner du tube digestif. C’est pour cela qu’on peut les désigner sous le nom général de plexus muraux, ou intrapariétaux. Ils constituent le dernier étage histologique de l’appareil ganglionnaire périphérique.
En résumé, cet appareil comprend la chaîne latérovertébrale, les plexus ganglionnaires préviscéraux et les plexus ganglionnaires intrapariétaux situés dans les viscères eux-mêmes et d’où partent les filets terminaux qui vont aux éléments cellulaires et aux.
Nous ne décrirons pas ces formations intrapariétales, mais nous voulons attirer 1 attention sur quelques points importants : 1° certains des ganglions parenchymateux appartiennent ou dépendent des systèmes sympathique et parasympathique. C’est ainsi que le plexus d’Auerbach du tube digestif est sous la dépendance de l’appareil parasympathique dont il est un relais.
Systématisation du sympathique.
1, centre médullaire. — 2, ganglions de la chaîne latéro-vertébrale. — 3, ganglion pré viscéral. — 4, un ganglion parenchymateux ou viscéral. — 6, un appareil autonome local. — 6, 6, fibres pré ganglionnaires {rose). — 7, fibres postganglionnaires {jaune). — 8, rameau communicant gris. — 9, rameau communicant blanc. — 10, cordon intermédiaire. — 11, collatérale interne. — 12, collatérale antérieure. — 13, un vaisseau. — 14, un viscère. — 15, racine postérieure et ganglion rachidien. — 16, racine antérieure. — 17, nerf rachidien.
2° D’autres formations contenues également dans les tuniques viscérales semblent différentes, c’est ce que Keith appelle le tissu nodal, constitué par des cellules neuro-musculaires spéciales, rencontrées chez l’homme et notamment en certaines régions du tube digestif. Ces éléments sont bien contrôlés par le système sympathique sus-jacent, mais ils peuvent pendant un temps assez long se passer de ces systèmes et entretenir leur activité par leurs propres moyens. Ce sont les appareils autonomes locaux de Guillaume.
Les premiers de ces éléments, placés sous la dépendance du système nerveux végétatif, ne peuvent se passer de lui, et ils font partie intégrante d’arcs réflexes longs ; les seconds, au cours du fonctionnement normal, sont évidemment impressionnes par les systèmes sympathique et parasympathique ; mais ils peuvent se passer d’eux ; ils font partie d’arcs réflexes courts et sont susceptibles d’entretenir la vie dans un segment d’organe séparé de ses connexions centrales aussi longtemps que le milieu chimique adéquat est maintenu.
Ganglions sympathiques annexés aux nerfs crâniens
Nous verrons que par son extrémité supérieure le ganglion cervical supérieur émet un rameau jugulaire, qui, par le trou déchiré postérieur, jette une anastomose sur les quatre derniers nerfs crâniens.
Le même ganglion cervical envoie par le plexus carotidien des filets, a des formations ganglionnaires : ganglions ophtalmique, sphéno-palatin, otique, sous-maxillaire, qui paraissent annexés au trijumeau. On a considéré ces filets sympathiques comme des rameaux communicants et rattaché ainsi tous les ganglions du trijumeau au grand sympathique crânien. Mais, en réalité, ces ganglions de la portion crânienne n’ont que des connexions apparentes et non réelles avec la portion thoraço-lombaire du sympathique. Les fibres sympathiques, comme nous le verrons plus tard, ne s’interrompent pas dans les ganglions organiques crâniens, elles les traversent. Les fibres qui s’arrêtent dans ces ganglions appartiennent au parasympathique crânien, et nous verrons plus loin que le ganglion ophtalmique ou ciliaire décrit avec la branche ophtalmique, u doit être rattaché au III, le ganglion sphéno-palatin décrit avec le maxillaire supérieur, branche du V, appartient au VII ; les ganglions maxillaire et sublingual décrits avec le nerf maxillaire inférieur appartiennent au nerf de Wrisberg, le ganglion otique ou d’Arnold décrit avec le maxillaire inferieur appartient au IX.
Le système nerveux végétatif. (Collection du C. N. B. Laruelle) (Dessin de Reumont).
Sont représentés :
En noir : 1, les centres végétatifs corticaux (1) (lobe frontal, lobule paracentral avec voies cortico-diencéphaliques).
N.B. — Ce système, cortical ou sous-cortical, cliniquement et expérimentalement présumé, n’est pas anatomiquement identifié.
2, les centres ganglionnaires situés dans les parois viscérales (cœur, estomac, intestins, etc.) (2, 3, 4, 5, 6, 7).
En jaune : les voies naissant des noyaux de l'hypothalamus (noyau supra-optique, noyau paraventriculaire, noyaux latéraux-basaux du tuber, noyau substance grise centrale) et reliant ce centre végétatif régulateur supérieur à l’hypophyse et aux centres végétatifs, représentés par les noyaux échelonnés du mésencéphale au cône terminal (substance grise périaqueducale, noyaux autonomes d'Edinger-Westphal (III), de l'oculo-moteur commun, du facial (VII), du glosso pharyngien (IX), du pneumogastrique (X) et de la moelle intermédiaire dans toute sa hauteur.
En bleu : le parasympathique crânien et sacré, et le parasympathique médullaire, dont les noyaux d’origine sont intra-axiaux et dont les neurites font synapse dans les ganglions périphériques : ganglion ciliaire (21) pour le III, ganglion sphéno-palatin (22) et ganglion sous-maxillaire (23) pour le VII, ganglion otique pour le glosso-pharyngien, ganglion bronchique (25), ganglion cardiaque et autres ganglions viscéraux.
Le parasympathique médullaire est figuré par des fibres innervant le système musculaire lisse et les glandes de la peau (9 et 10).
En rouge : système sympathique (orthosympathique) prenant naissance dans les colonnes -végétatives de la moelle intermédiaire (18).
Les fibres préganglionnaires font relais soit dans les ganglions de la chaîne latéro-vertébrale (13 et 14), soit dans les ganglions prévertébraux (plexus solaire, ganglion mésentérique) (17), soit dans les ganglions préviscéraux.
Les ganglions sympathiques crâniens existent bien, mais ils ne sont pas les homologues crâniens des ganglions latéro-vertébraux de la chaîne thoraco-lombaire. Ils rentrent, au contraire, dans le groupe des plexus ou des ganglions médians viscéraux ou il seraient le groupe céphalique à opposer au groupe du tronc. De plus ils n’appartiennent pas au grand sympathique crânien, mais au parasympathique bulbaire (voy. Système végétatif encéphalique).