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L'arachnoïde est une membrane séreuse interposée entre la dure-mère et la pie-mère. Au témoignage de Ruysch, elle a été décrite pour la première fois par la Société anatomique d'Amsterdam (1664), qui reconnut le feuillet viscéral et lui donna le nom d'arachnoïde, membrane en toile d'araignée, nom jusque-là réservé à une des enveloppes de l'œil.

 

Elle se compose de deux feuillets, séparés par une cavité séreuse dont la coupe est une fente capillaire (cavité arachnoïdienne), et réunis en certains points, notamment au passage des nerfs et des vaisseaux elle possède un feuillet pariétal et un feuillet viscéral. Le feuillet pariétal a été admis par Bichat qui. reconnaissant la nature séreuse de la cavité, fut conduit à la limiter extérieurement par une paroi continue avec la paroi Intérieure mais ce feuillet ne se voit pas à l'œil nu et ne peut se disséquer, il fait corps avec la face interne de la: dure-mère, sur laquelle il est représenté par une simple couche d’endothélium, suivant les uns, par un endothélium et une lame élastique suivant les autres- Le feuillet viscérale au contraire est Isolable sous forme d'une membrane mince, transparente, invasculaire, de teinte blanc grisâtre. Sa face externe est libre, lisse et humide, elle regarde la cavité séreuse. Sa face interne, celle qui regarde les centres nerveux, émet des prolongements filamenteux qui la relient a la pie-mère et constituent le tissu sous arachnoïdien, elle n'est donc libre et semblable à la face externe que par place, dans les intervalles en forme de voûte qui séparent les colonnettes sous-jacentes.

Il y a lieu de distinguer une arachnoïde cérébrale ou crânienne et une arachnoïde spinale ou rachidienne.


 

Arachnoïde cérébrale ou crânienne

Il n'est question ici que du feuillet viscéral, le seul qui soit anatomiquement isolable. L'arachnoïde cérébrale couvre en masse les organes, c'est-à-dire qu'elle se modèle seulement sur leur forme générale, mais non sur les accidenta secondaires de ta surface; elle n'entre pas, comme la pie-mère et dans les fissures- ou les sillons. Aussi Magendie a-t-il eu raison de dire que l'arachnoïde s'adapte exactement aux formes de la dure-mère et non à celles des organes nerveux. Sur les parties en relief, comme le dos des circonvolutions, elle se colle en quel- que sorte à la pie-mère dont elle est alors très rapprochée et difficilement séparable, et toutes deux s'appliquent étroitement sur le relief de la partie; dans les scissures et les sillons, elle laisse la pie-mère plonger au fond de la dépression et passe directement comme un pont d'une lèvre à l'autre de la fente ; dans les grandes inflexions et les grandes irrégularités de la surface, sur la ligne médiane, elle s'étend par-dessus les creux et s'éloigne notablement de la pie-mère qui forme les parois de réservoirs dont l'arachnoïde est en quelque sorte le couvercle. Ces réservoirs sont les confluents sous-arachnoïdiens.

Nous l'étudierons d'abord à la base, puis sur la convexité de l'encéphale.

1° Sur la base du cerveau. Sur la ligne médiane, d'avant en arrière, l'arachnoïde dédoublée s'enfonce entre les deux lobes frontaux, mais seulement dans la partie antérieure, là où la faux du cerveau sépare complètement les deux hémisphères. Dans la partie postérieure, à 1 centimètre en avant du bord antérieur du chiasma, elle passe en pont sur la dépression préchiasmatique au fond de laquelle est le bec du corps calleux, et ferme le confluent antérieur. Il en est de même pour la vaste anfractuosité losangique comprise entre le chiasma et les pédoncules cérébraux, au centre même de la base; l'arachnoïde limite le confluent inférieur d'où émerge la tige pituitaire qu'elle engaine. Puis elle passe sur la protubérance et le bulbe qu'elle enveloppe, soulevée par le tronc basilaire et les artères vertébrales.

Sur les côtés, l'arachnoïde couvre la face orbitaire des lobes frontaux; elle applique sans l'envelopper le pédoncule olfactif dans le sillon qui le loge, mais  enveloppe son bulbe terminal qui est d'ailleurs situé en partie dans une petite cavité durale, la tente des nerfs olfactifs. Du lobe frontal elle s'étend sur le lobe temporal par-dessus la scissure de Sylvius qu'elle clôt et transforme en un vaste canal, puis revêt la face inférieure des lobes temporal et occipital; de leur bord interne elle passe directement sur le bord antérieur de la protubérance et le cervelet, recouvre la face inférieure de ce dernier, y compris les dépressions qui circonscrivent le lobule du pneumogastrique, et aborde le bulbe latéralement, sur cette gouttière d'où émergent des nerfs crâniens échelonnés. Enfin, derrière le bulbe, la séreuse qui a tapissé les faces internes des hémisphères cérébelleux et il passé de l'une & l'autre en ne se déprimant que pour loger la petite faux, se jette sur la face postérieure du bulbe et rejoint l'arachnoïde bulbaire sur les côtés postérieurs du 4° ventricule ; de là, entre le cervelet et le bulbe, un nouvel opercule arachnoïdien, formant un nouveau confluent, le confluent postérieur.

2° Sur la convexité. Le trajet de l'arachnoïde est plus simple. Comme à la base, elle enveloppe uniformément la masse des circonvolutions du cerveau et du cervelet, sans pénétrer entre elles. Sur la ligne médiane, elle tapisse les faces internes des deux hémisphères; l'interposition de la faux du cerveau sépare l'arachnoïde droite de l'arachnoïde gauche; elles se rejoignent sous le bord libre de cette faux, et comme ce bord libre est d'autant plus éloigné du corps calleux qu'il se rapproche plus de son extrémité antérieure, il en résulte en avant lin espace triangulaire où les faces internes des deux lobes frontaux sont au contact sur une hauteur de 5 à 6 mm, par leurs deux pies-mères accolées, sans Interposition ni de la faux, ni de l'arachnoïde; cet espace sous-arachnoïdien, effilé en arrière, s'élargit en avant sur le genou du corps calleux et débouche dans le confluent antérieur.

A la jonction du cerveau et du cervelet, entre le bourrelet du corps calleux, tes tubercules quadrijumeaux et le vermis supérieur, l'arachnoïde passant du grand sur le petit cerveau, en se réfléchissant sur le bord libre de la tente cérébelleuse, forme un nouveau pont, déprimé par l'émergence des veines de Galien, et couvre un nouveau réservoir, le confluent supérieur. A ce niveau le sac ara- du cerveau s'unit avec celui du cervelet par une partie rétrécie ou col.

Rien que le feuillet pariétal et le feuillet viscéral soient séparés sur la plus grande partie de leur étendue il y a cependant des points où ils se raccordent sous forme de ponts jetés d'une face à l’autre ; ces ponts sont les gaines arachnoïdiennes des vaisseaux et des nerfs et la gaine de la tige pituitaire.

Peu d'artères traversent la cavité intra-arachnoïdienne pour aller au cerveau ; sont la carotide interne, et les quelques artérioles que les artères mais de nombreuses et grosses veines émergent de la surface des centres nerveux pour se jeter dans les sinus. On en trouve notamment à la base, au débouché des veines sylviennes dans le sinus pétreux, sur tout le bord sagittal où s'échelonnent les veines tributaires du sinus long supérieur, à la base de la faux qui reçoit les veines de Galien, le long du sinus latéral qu'abordent à la fois des veines cérébrales et des veines cérébelleuses. Ces artères et ces veines, quand elles traversent la cavité séreuse, sont enveloppées par un manchon, une gaine arachnoïdienne, de sorte qu'elles ne pénètrent pas dans la cavité.

Il en est de même des nerfs. Les nerfs crâniens, émergeants à la surface des centres nerveux, rampent d'abord sur cette surface sous l'arachnoïde viscérale qui les soutient et les applique contre la face profonde. Arrivés au niveau du trou osseux de la base crânienne par où ils doivent s'engager, ils quittent l'espace sous-arachnoïdien, traversent obliquement la cavité arachnoïdienne et atteignent leur canal de sortie; le feuillet viscéral de l'arachnoïde se réfléchit sur eux, les emmanchonne et s’unit au feuillet pariétal en formant en formant avec lui un cul de sac sur l’orifice interne du canal osseux. Ces gaines arachnoïdiennes des nerfs, qui ont la forme de tuyaux membraneux, sont très courtes et le cul-de-sac est à peine appréciable ; pour les voir il faut soulever avec précaution le cerveau au-dessus de la base crânienne et regarder les gaines qu'on étire sans les rompre, ou mieux encore enlever avec soin la pièce correspondante de la dure-mère. Il n'y a d'exception que pour les gaines de l'olfactif s'étend sous la lame criblée de l'ethmoïde. La gaine du facial-auditif, car elle est commune à ces deux nerfs, se prolonge jusqu'au fond du conduit auditif interne sur une longueur de plusieurs millimètres et son cul-de-sac, est près de la lame criblée du rocher. C'est à la déchirure de ces gaines qu'on attribue l’écoulement du liquide, dans les fractures de la base du crâne, notamment de l'ethmoïde et du rocher; il faut supposer alors que le liquide filtre non par la cavité ouverte du cul de sac qui mène dans l’espace subdural espace à peine mouillé, mais par l’intérieur de la gaine elle-même qui seule communique avec les réservoirs du liquide. Mais peut-être aussi y-a-t-il des désordres  plus graves que la simple déchirure d’une gaine ; Luschka attribue l’écoulement du liquide, dans les fractures du rocher, a la déchirure de la vaste citerne sous-arachnoïdienne qui siège entre le cervelet et le bord externe de l’isthme, à l'union de l'occipital et du rocher.

La dernière gaine est la gaine pituitaire. Émanation du feuillet qui sert de plancher au grand confluent inférieur elle entoure la tige pituitaire sortant du confluent, jusqu'à l'orifice de la tente durale de l’hypophyse où elle s'unit au feuillet pariétal.

L'arachnoïde crânienne, dans les points où elle est à l’état de membrane isolée est une membrane conjonctive, non formée de faisceaux conjonctifs très minces, étendus sur un seul plan et s'entrecroisant en tous sens ; de là un réseau plus ou moins serré à mailles très irrégulières. Un tissu fibreux dense la double en certains points, comme au niveau des grands sillons, et surtout sur la périphérie du confluent inférieur, autour de l'hexagone artériel de Willis. Dans les régions où l’arachnoïde se confond avec la pie-mère comme sur la crête des circonvolutions, les faisceaux conjonctifs prennent ordinairement une direction allongée dans le sens de la circonvolution ou du sillon.

Les deux faces de la couche conjonctive sont revêtues d'endothélium ; la face externe, qui regarde la dure-mère a le même épithélium que le feuillet pariétal, en nappe continue, la face interne ou piale possède également un épithélium plat, à contours cellulaires peu distincts, qui se prolonge sur les trabécules arachnoïdiennes.

On ne connait à l’arachnoïde ni vaisseaux sanguins, ni lymphatiques, ni nerfs. Elle est nourrie par le liquide céphalo-rachidien qui baigne sa face interne. On a bien signalé quelques éléments nerveux ; Volkmann a trouvé un plexus chez les ruminants, Bochdaleck et Luschka  des filets nerveux chez l’homme ; mais ces observations déjà anciennes sont restées isolées  et auraient besoin de confirmation.


 

Arachnoïde spinale ou rachidienne

L'arachnoïde spinale (son feuillet viscéral) est la continuation directe de l'arachnoïde cérébrale qui entoure le bulbe. Elle aussi engaine en bloc la moelle et la queue de cheval et représente un long entonnoir cylindro-conique; mais elle diffère de l'arachnoïde crânienne par plusieurs caractères importants. Tandis que cette dernière est en somme appliquée sur le cerveau et le cervelet, l'arachnoïde spinale est juxtaposée plus étroitement à la dure-mère dont file suit rigoureusement les variations de forme; elle reste éloignée de la pie- mère et par conséquent de la moelle par un espace considérable, et sensible- ment égal sur les divers points de la longueur et de la circonférence. Sa disposition est donc régulière, et sa capacité beaucoup plus grande que celle de la moelle. En second lieu sa face externe est moins libre qu'au crâne, elle est unie au feuillet pariétal par des filaments très déliés qui cloisonnent la cavité séreuse; au contraire sa face interne ou piale est libre sur la plus grande partie de sa circonférence, et n'est reliée à la pie-mère, à distance comme nous l'avons dit, que dans quelques points définis, les racines antérieures et postérieures des nerfs rachidiens, les ligaments dentelés et la cloison médiane postérieure. Ces organes, tendus comme des rayons entre les deux méninges piale et arachnoïdale, sont engainés par du tissu sous-arachnoïdien. De là un vaste espace circulaire, entre l'arachnoïde et la moelle, à peine cloisonné, et rempli de liquide.

A la partie inférieure, l'arachnoïde se prolonge comme la dure-mère bien au-delà de la moelle, jusqu'au sommet du cône dural (2ème sacrée). Elle enveloppe en bloc la queue de cheval et au sommet du cône se réfléchit en cul-de- sac pour se continuer avec le feuillet pariétal.

La cavité arachnoïdienne, ou espace subdural, est traversée par les racines nerveuses antérieures et postérieures, qui contiennent en même temps les artères et veines, et par le sommet des dents du ligament dentelé. Chacune de ces parties reçoit, comme au crâne, une gaine arachnoïdienne, manchon infundibuliforme extrêmement court, qui sert de lieu de raccord aux deux feuillets de la séreuse.

L'arachnoïde spinale présente quelques particularités de structure. On distingue dans son feuillet viscéral, malgré sa minceur, deux couches différentes une couche externe de fins faisceaux conjonctifs disposés longitudinalement et parallèles entre eux, mais non rigoureusement juxtaposés, d'où des fentes que comble le revêtement endothélial une couche interne, réticulée, riche en libres élastiques, montrant dans la direction de ses trabécules une direction surtout transversale. Ln endothélium recouvre les deux faces de la méninge. Il n'y a ni vaisseaux ni nerfs.

Elle est assez souvent le siège de plaques ossiformes, beaucoup plus rares sur l'arachnoïde cérébrale. Ces plaques, plus communes chez les sujets âgés et dans les maladies chroniques des centres nerveux, se rencontrent aussi chez des sujets sains. Sur vingt moelles de sujets normaux, Schulz les a rencontrées six fois, et quatre fois les sujets avaient de vingt-cinq à trente-cinq ans. Elles sont ordinairement multiples; leur forme est étoilée. Elles sont formées de fibrocartilage infiltré de sels calcaires.

D'après traité d'anatomie humaine par P. Poirier.

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