Récemment, plusieurs maladies neurologiques auto-immunes ont été définies par la présence d'auto-anticorps contre différents antigènes du système nerveux. Il a été démontré que ces auto-anticorps sont des biomarqueurs spécifiques et utiles, et que la plupart d'entre eux sont également pathogènes. Ces aspects ont accru la valeur des auto-anticorps dans la pratique neurologique, car ils permettent d'établir un diagnostic plus précis et de mieux comprendre les mécanismes sous-jacents des maladies neurologiques auto-immunes lorsqu'on les compare à ceux qui en sont dépourvus. Néanmoins, les mécanismes exacts qui conduisent à la réponse auto-immune sont encore obscurs. La prédisposition génétique est susceptible de jouer un rôle dans l'auto-immunité, le HLA étant le facteur génétique le plus signalé. Nous passons ici en revue les connaissances actuelles sur les associations entre les HLA et les maladies neurologiques auto-immunes et les auto-anticorps. Nous présentons les principaux allèles et haplotypes et discutons des implications cliniques et pathogènes de ces résultats.
Contexte
La neurologie auto-immune est un domaine en pleine expansion qui a connu un énorme développement ces dernières années. La plupart de ces progrès sont dus à la découverte et à la caractérisation d'auto-anticorps (Ab) dirigés contre des antigènes du système nerveux périphérique et/ou central, et qui sont utilisés comme biomarqueurs de ces maladies. Certains de ces Ab ont permis de mieux définir des entités déjà connues, comme les Ab contre l'aquoporine 4 (anti-AQP4 Ab) dans la neuromyélite optique (NMO) [1, 2]. En revanche, l'identification de l'Ab contre le récepteur N-méthyl-D-aspartate (anti-NMDAR Ab) et d'autres Ab liés à l'encéphalite auto-immune a conduit à la description de troubles totalement nouveaux qui ont révolutionné la pratique neurologique [3]. De plus, la plupart de ces Ab sont considérés comme pathogènes [4, 5], bien que le principal déclencheur de la réponse immunitaire anormale soit encore inconnu pour la majorité de ces maladies.
La génétique est susceptible de jouer un rôle important dans la pathogenèse des maladies neurologiques auto-immunes associées aux Ab. Tout d'abord, il n'est pas rare que les patients ou leurs proches présentent d'autres maladies auto-immunes systémiques, ce qui suggère une prédisposition commune à la perte d'autotolérance. Deuxièmement, certains facteurs acquis (tels que le cancer dans les syndromes neurologiques paranéoplasiques, SNP) peuvent entraîner le développement d'une maladie auto-immune chez certains sujets, mais pas chez d'autres, ce qui reflète probablement l'interaction avec un génotype à haut risque.
L'antigène leucocytaire humain (HLA) est le principal facteur génétique lié aux maladies auto-immunes, représentant la moitié des prédispositions génétiques connues [6]. Bien que plus de 200 associations entre HLA et maladies (à médiation immunitaire ou non) aient été décrites, les mécanismes pathogènes sous-jacents restent mal définis [7,8,9]. Dans un premier temps, les caractéristiques génétiques particulières du HLA et l'interaction complexe avec d'autres gènes et l'environnement ont empêché d'autres développements cliniquement significatifs dans ce domaine [6, 8, 9]. Cependant, ces dernières années, les progrès technologiques et l'augmentation des connaissances sur les interactions peptide-HLA ont permis de mieux comprendre le rôle du HLA dans la susceptibilité aux maladies [8, 9].
Dans cette revue, nous résumons les connaissances actuelles sur les associations entre les HLA et les maladies neurologiques auto-immunes avec les Ab utilisés comme biomarqueurs, en décrivant les principaux allèles et haplotypes signalés et en fournissant des détails sur certains aspects cliniques et pathogènes. La revue se concentre sur les SNP, les encéphalites auto-immunes, les syndromes myasthéniques et les NMO, car dans ces maladies un antigène est clairement identifié, suggérant des mécanismes spécifiques.