La radioscopie du cœur et des gros vaisseaux de la base permet des constatation anatomiques et physiologiques de ces organes sur le vivant ; elle est devenue un procédé clinique usuel. L’interprétation des images constatée sur le vivant a paru, parfois, assez délicate.

Aussi a-t-on cherché la vérification des aspects constatés en examinant sur le cadavre l’image radiographique des cavités cardiaques et des gros vaisseaux du cadavre, préalablement injectés par une bouillie opaque. Cette méthode donne des renseignements anatomiques intéressants sur la forme du cœur et de ses différents compartiments en place ; elle permet, en pratiquant des photographies successives des cavités et des canaux successivement remplis, d’analyser de façon précise les différentes parties de l’image globale, et, enfin, de les vérifier insitu.

Ces recherches ont été faites en France particulièrement par Laubry et Chaperon

Nous exposerons donc d’abord le résultat de ces recherches, qui nous permettront de lire facilement l’image radioscopique obtenue sur le vivant.

Examen radiologique du cœur et des gros vaisseaux pratique SUR LE CADAVRE.

Examen des cavités gauches

Oreillette gauche

L’oreillette gauche est la cavité du cœur la plus élevée. Elle se présente en projection sous la forme d’une ampoule ovalaire, à grand axe sensiblement horizontal. Elle est postérieure, se projetant sur le bord gauche et sur la partie centrale, médiane, de la colonne vertébrale.

Ventricule gauche

Celui-ci se présente sous la forme d’une masse arrondie, le cône ventriculaire , à direction oblique en bas et à gauche. Le bord droit du ventricule gauche, prolongé par le bord inférieur de l’oreillette gauche, dessine une courbure à concavité inférieure, qui remonte de la pointe du cœur à l’embouchure des veines pulmonaires droites (huitième vertèbre dorsale). Entre le plan horizontal passant par la pointe des cavités gauches et celui passant par le bord supérieur de ces cavités, il y a une différence de plus de deux vertèbres. La dixième dorsale devrait donc être appelée plus justement que D8 la vertèbre de la 'pointe ou vertèbre apicale.

L’infundibulum ou bulbe aortique se projette sur le bord inférieur gauche de l’oreillette gauche : il est oblique de bas en haut et de gauche à droite, faisant un angle de 40° environ avec la verticale.

Radiographie des cavités droites du cœur, des veines caves et de l’artère pulmonaire (d’après Chaperon).

O.D., oreillette droite. — V.D., ventricule droit. — A.P., artère pulmonaire. — Inf., infundilmlum de l’artère pulmonaire. — V.C.S., veine cave supérieure. — V.C.I., veine cave inférieure.

Examen des cavités droites

Oreillette droite

L'oreillette droite se présente sous une forme ovalaire, à grand axe vertical, appendue en avant des veines caves et se projetant sur le bord droit de la colonne vertébrale, du milieu de la sixième dorsale au bord supérieur de la neuvième dorsale, la débordant franchement à droite de un à deux travers de doigt.

Ventricule droit

Le ventricule droit forme en projection un triangle rectangle dont l'angle droit est formé à droite par le bord interne des deux veines caves prolongées et par le bord inférieur sensiblement horizontal du cœur. Quand la pointe du cœur s’abaisse, l’angle devient obtus.

Comme on le voit, le ventricule droit est beaucoup plus petit que le ventricule gauche : sa pointe est très éloignée de la pointe du cœur (3 à 5 centimètres suivant les clichés). Il se projette en arrière sur la face antérieure de la colonne vertébrale.

Infundibulum de l'artère pulmonaire

L’infundibulum de l'artère pulmonaire naît à l’union du tiers moyen et du tiers inférieur gauche de l’hypoténuse du triangle rectangle. Cet infundibulum est sensiblement vertical ; il mesure 2,5 à 3 centimètres. Son extrémité supérieure présente un bourrelet renflé qui traduit l’existence des valvules pulmonaires à ce niveau.

Radiographie des cavités gauches du cœur (d’après Chaperon).

 

Radiographie du bulbe aortique et de l’aorte (d’après Chaperon).

A, aorte. — BA, veine aortique.

 

Notons que le bord gauche de l’extrémité supérieure de l’infundibulum est très voisin du bord gauche du cœur, que celui-ci croise en quelque sorte la direction verticale de l’infundibulum : en cas de dilatation, l’infundibulum pourra donc faire une saillie anormale au niveau du bord gauche du ventricule gauche.

Examen des gros vaisseaux

Le bord droit de l’ombre médiane cardio-vasculaire radiologique est formé par le bord externe de l’oreillette droite complété en haut par la veine cave supérieure et le tronc veineux brachio-céphalique droit.

Radiographie de toutes les cavités du cœur injecté (d’après Chaperon).

(Cette radiographie est la superposition des trois figures’précédentes. Elle explique l’ombre normale du cœur'et des gros vaisseaux.)

Cavités gauches en traits parallèles. — Cavités droites en quadrillé clair. — Superposition des régions'droites et gauches en quadrillé foncé.

A comparer à la figure suivante représentant l’image frontale de la radioscopie du cœur et des gros vaisseaux sur le vivant.

L’aorte ascendante ne dépasse pas normalement le bord droit du sternum. La crosse forme un hémicercle qui répond au flanc gauche de la quatrième vertèbre dorsale. La portion descendante est visible dans sa portion initiale et disparaît vite, masquée par le tronc de l’artère pulmonaire qui s’intercale dans l’angle obtus que forment le bord supérieur du ventricule gauche et l’aorte ascendante. C’est elle qui forme le bord gauche du segment moyen de l’ombre médiane cardio-vasculaire. Elle dessine une encoche à l’intersection de son bord gauche avec le bord du ventricule gauche (point G des radiologues).

La figure précédente donne l’aspect général de toutes les cavités injectées et des vaisseaux. Il est facile d’y lire leurs rapports réciproques. Ceux-ci doivent être connus sur le vivant pour apprécier les variations considérables qui sont la conséquence des modifications pathologiques apportées par les affections cardiaques.

L’ombre radioscopique du cœur et des gros vaisseaux a l’état normal en position frontale

Les rayons X permettent la projection, sur l’écran fluorescent ou la plaque photographique, de l’ombre du cœur et des vaisseaux de la base.

Chez le sujet en position frontale, la silhouette cardiaque s’étend en hauteur entre la coupole diaphragmatique en bas et les ombres claviculaires en haut. Chacun de ses bords latéraux présente des contours assez accidentés où l’on peut distinguer divers segments. La constitution de ces derniers a pu être établie, comme nous venons de le voir, chez le sujet normal, par l’étude de cœurs rendus opaques.

Bord droit

Le bord droit de l’image cardio-vasculaire, étendu de la clavicule au diaphragme, présente quatre segments, de dimensions très différentes.

  1. Le premier segment, sensiblement rectiligne, légèrement oblique en bas et en dedans, d’une longueur de 2 à 3 centimètres, répond au tronc veineux brachio-céphalique droit ;
  2. Le deuxième segment, de beaucoup le plus développé puisqu'il atteint facilement 10 centimètres, tantôt presque rectiligne, tantôt légèrement courbe à convexité droite, représente le bord droit de la veine cave supérieure.
  3. Le segment suivant ou troisième segment, toujours important, présente une courbure fort accentuée, à convexité également droite ; il répond a 1 oreillette droite.
  4. Le quatrième et dernier segment, ordinairement vertical et très court, ne se montre bien qu’à l'inspiration soutenue ; il est formé par le bord externe de la veine cave inférieure dans sa portion sus-diaphragmatique.

L'ombre radioscopique du cœur et des gros vaisseaux à l’état normal en position frontale (d’après Delherm et Chaperon).

 

Bord gauche

Le bord gauche est plus accidenté : on peut lui reconnaître les cinq segments suivants en partant de l’ombre claviculaire gauche.

  1. Le premier segment, d’une longueur de 1 à 2 centimètres chez l’adulte, est vertical ; il représente le bord gauche de l’ombre sterno-vertébrale.
  2. Au-dessous, le deuxième segment forme une petite saillie arrondie, dont la corde est de 2 centimètres environ, à convexité gauche. Cette saillie est formée par la portion transverse de la crosse aortique. C’est Yarc aortique.
  3. A la suite de cet hémicercle, le troisième segment est constitué par une ligne verticale de 1 à 2 centimètres qui représente le bord externe de l’aorte descendante.
  4. Cette ligne se continue par une ligne oblique en bas et à gauche, souvent légèrement bombée, qui forme Yarc moyen des radiologistes. Ce quatrième segment répond normalement au tronc de l’artère pulmonaire ; l’auricule gauche dilatée peut parfois prendre part aussi à sa constitution, dans sa partie inférieure tout au moins.
  5. Plus bas, le bord gauche se développe et une longue ligne courbe à convexité gauche, qui représente le bord externe du ventricule gauche. Ce dernier et cinquième segment s’arrête à la coupole diaphragmatique gauche ; mais on peut souvent le poursuivre en une ligne plus ou moins courbe, à direction sensiblement horizontale, soit au-dessus de la ligne diaphragmatique au cours d’une forte inspiration, soit au-dessous s’il existe une bulle d’air gastrique ; l’étendue de cette courbe varie suivant le développement de la cavité ventriculaire.

Parmi les points d’intersection des divers segments, deux sont particulièrement intéressants. L’un, situé sur le bord droit, le point D des radiologistes, répond à l’encoche, d’ailleurs peu accusée, que forment à leur rencontre les deuxième et troisième segments du bord droit et indique l’embouchure de la veine cave supérieure dans l’oreillette droite. L'autre, situé sur le bord gauche, point G des radiologistes, sépare l’arc moyen ou pulmonaire de l’arc ventriculaire. Parfois mal individualisé lorsque ces deux arcs ont sensiblement la même direction, il peut toujours être nettement fixe sous l’écran par l’observation des battements cardiaques, car il répond à une charnière au-dessus et au-dessous de laquelle les battements artériels (artère pulmonaire) et ventriculaires sont de sens contraire, rappelant ainsi un mouvement de sonnette.

Le point D' (bord droit) répond à l’embouchure de la veine cave inférieure.

Le point E (bord gauche) répond à l’intersection des ombres de l’aorte descendante et de l’extrémité supérieure de l’artère pulmonaire.

D'après Traité d'anatomie humaine par L. Testut.

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