Sous le nom d'Indiens , nous comprenons tous les peuples qui habitent cette vaste étendue de pays, bornée au levant par la Chine , au couchant par la Perse , au septentrion par le grand et le petit Tibet , au midi par la mer.


Quoique divisés aujourd'hui eu plusieurs royaumes ou principautés , les habitants de ces contrées paraissent avoir eu dans l'antiquité une origine commune , un môme culte et des institutions uniformes. La douceur du climat et la fertilité du sol, qui produit en abondance les choses nécessaires à la vie, ont du engager de bonne heure les hommes à fixer leur séjour dans ces contrées. Aussi des monuments authentiques attestent que l'Inde jouissait déjà des bienfaits de la civilisation , quand l'Europe était encore plongée dans les ténèbres de la barbarie. Quelques écrivains vont même jusqu'à prétendre que le flambeau de la science a été transporté des bords du Gange sur les rives du Nil ; mais ce n'est là qu'une simple conjecture dénuée de preuves, et la proposition contraire a pour le moins autant de probabilité.
Les Indiens sont partagés en plusieurs castes , dont la plus noble est celle des prêtres ou bramines. Ceux-ci ont seuls le privilège d'exercer le sacerdoce et la médecine. Eux seuls apprennent le sanscrit, qui est la langue savante du pays, dans laquelle sont écrits tous leurs livres ; et leurs connaissances médicales se trouvent rassemblées dans un livre qu'ils nomment Vagadasastir. Nous ne possédons de cet ouvrage que quelques extraits dont je n'oserais garantir l'exactitude ; car, à les prendre tels qu'ils sont, ils donnent une bien pauvre idée du savoir et du jugement des docteurs hindous.
Cet organum de médecine se compose de huit parties : la première traite des maladies de l'enfance; la seconde, des morsures des animaux venimeux; la troisième, des affections de l'âme, que l'on croit généralement produites par les démons ; la quatrième partie est consacrée aux maladies des organes sexuels; la cinquième, à l'hygiène et à la prophylactique; la sixième, à la chirurgie ; la septième, au traitement des maux des yeux et de la tête ; la huitième expose les moyens de retarder la vieillesse et les soins qu'on doit avoir des cheveux et des poils. Nulle pensée philosophique n'a présidé , comme on le voit , à la distribution de cette encyclopédie médicale.
Ils admettent trois sources principales des maladies internes, savoir : les vents ou flatuosités, wodum ; les vertiges, bittum ; et les humeurs impures , t'chestum. Quant aux affections cutanées , ils croient qu'elles dérivent toutes des vers. Suivant eux , il y a dans le corps humain cent mille parties , dont dix-sept mille vaisseaux. Chacun de ces derniers est lui-même composé de sept tubes livrant passage à dix espèces de vents, qui, par leurs conflits, engendrent une foule de maladies. Ils placent l'origine des pouls dans un réservoir situé au-dessous du nombril. Ce réservoir a quatre doigts de large sur deux de long, et se divise en soixante-douze mille canaux qui vont se distribuer dans toutes les régions du corps. Quand un de ces médecins explore le pouls d'un malade, il considère en même temps son visage avec beaucoup d'attention, persuadé qu'à chaque variation des battements de l'artère correspond un changement particulier des traits du visage. Il examine aussi les excréments et les urines; consulte les astres, le vol des oiseaux, les rencontres fortuites qu'il fait en chemin; il tire, en un mot, son pronostic de mille sortes d'objets, excepté peut-être de ceux qui devraient seuls lui servir à l'établir, c'est-à-dire des symptômes indiquant l'état des organes. Voici un fait qui peint admirablement bien la niaise crédulité ou l'insigne charlatanerie des médecins hindous. Ils laissent tomber de l'extrémité d'une paille une goutte d'huile dans le vase qui contient l'urine du malade. Si l'huile se précipite et s'attache au fond du vase, ils prédisent une issue funeste ; si, au contraire, l'huile surnage, ils annoncent une terminaison favorable : d'après cela, il doit leur arriver rarement de porter un pronostic fâcheux.
Avec des idées si ridicules sur la génération et le diagnostic des maladies, il semble que ces médecins ne peuvent avoir qu'une thérapeutique malheureuse ; cependant on assure qu'ils ont fait des observations assez exactes sur le choix des médicaments, sur le temps de s'en servir, la manière de les préparer et de les conserver. Ils possèdent, dit-on, un onguent au moyen duquel ils font disparaître les cicatrices de la variole. Ils guérissent très bien les morsures des serpents venimeux avec un remède dont la composition est inconnue aux Européens. Dans l'état de santé , comme dans celui de maladie, leur attention se porte spécialement sur le régime. Ils entretiennent sur leurs personnes et autour d'eux une propreté minutieuse et même puérile. Enfin , on trouve encore dans ce pays, comme dans l'ancienne Egypte, plusieurs catégories de médecins, dont chacune ne peut traiter que certains genres d'affections. Ils prétendent que leur science est descendue du ciel toute faite, c'est pourquoi sans doute ils n'y ont ajouté aucun perfectionnement depuis des milliers d'années.

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