La glande pituitaire ou corps pituitaire est ainsi nommée d'après l'opinion des anciens anatomistes qui la considéraient comme un réservoir de l'humeur pituitaire, glans pituitum excipiens, dit Vésale ; on l'appelle encore l'hypophyse, c'est-à-dire excroissance inférieure, par opposition à l'épiphyse ou glande pinéale.

C'est un corps grisâtre, ovalaire, appendu à la tige pituitaire et logé dans la selle turcique. Son poids moyen est de 0,60 g ; son poids spécifique de 1,0657 ; son D. transversal, qui est le plus grand, mesure 15millimètres ; les D. vertical et ant. post. ont la même étendue, 3 à 7millimètres. Encaissée dans la selle turcique, entre les lames du sphénoïde en avant et en arrière et les deux sinus caverneux, elle est partout au contact de la dure-mère ; elle est fixée dans sa situation par le diaphragme connu sous le, nom de tente pituitaire ou de l'hypophyse et par les prolongements conjonctifs et vasculaires qui unissent son enveloppe au revêtement dural de la fossette.

Deux lobes, etroitement unis par une membrane commune que leur fournit la pie-mère, composent la glande pituitaire ; ces deux lobes bien distincts sur la coupe sont l'un antérieur, lobe glandulaire, l'autre postérieur, lobe cérébral.

Lobe glandulaire ou hypophyse proprement dite.

Le lobe glandulaire (lobe antérieur; lobe épithélial) est le plus considérable des deux. Il a la forme d'un rein à hile postérieur ; en arrière de lui, dans sa concavité, s'enchâsse le lobe cérébral. Sa texture est compacte, tenace; sa couleur sur la coupe varie entre le gris, le jaune et le rouge; plus jaune chez les sujets âges, elle est ordinairement à l'état frais et chez les sujets jeunes brun jaune à la périphérie, gris rouge dans le centre; ces variations de couleur paraissent tenir uniquement à un pigment que contiennent certaines de ses cellules épithéliales.

La glande pituitaire et ses deux lobes, vus par derrière. Le lobe glandulaire ou épithélial et teinté en rose. D’après Schwalbe.

Ce lobe provient embryologiquement d'un diverticulum du fond de la cavité buccale, du sinus ectodermique prépharyngien plus tard cette évagination, qui comprend un sac terminal et un canal excréteur pédiculaire, est séparée de sa base d'implantation par la formation et la soudure des deux moitiés du corps du sphénoïde qui détruisent le pédicule et laissent ainsi dans la selle turcique le sac épithélial terminal. Sur la face externe de la paroi antérieure de ce sac se développent des tubes glandulaires dont la lumière est remplie tantôt par des cellules épithéliaies accumulées, tantôt par des amas de substance colloïde, onctueuse, jaunâtre. La cavité primitive du sac lui-même persiste quelquefois chez l'adulte, mais à l'état de simple fente.

Luschka, Suchannek et Escat ont observé la persistance du canal hypophysaire dans le corps du sphénoïde. Il débouchait sur la voûte du pharynx, à 2 centimètres en avant de la fossette ou bourse pharyngée.

L'hypophyse, par son origine buccale, son mode d'évagination et son produit de sécrétion, a la plus grande analogie avec la glande thyroïde. Ses fonctions sont obscures et les résultats obtenus par les physiologistes les plus récents, Cyon, Caselli, Friedmann sont contradictoires. Chez les vertébrés inférieurs, le produit de sécrétion est versé, grâce à un orifice de la cavité centrale, dans l'espace intra-arachnoïdien. Chez l'homme ce produit est résorbé; l'organe est une glande à sécrétion interne. Il est probable qu'elle a un rôle trophique, comme la glande thyroïde. Comme celle-ci, elle augmente dans la grossesse ; on a observé son hypertrophie dans l'acromégalie.

Lobe nerveux ou cérébral.

Appelé encore lobe infundibulaire, ou lobe postérieur, il occupe, en arrière du lobe glandulaire, une petite fossette creusée sur la paroi antérieure de la lame quadrilatère de la selle turcique. Ses dimensions varient très peu, elles sont de 2 a 3 mm dans un sens sur 6 a 7 dans l'autre; sa forme est arrondie sa couleur gris blanchâtre. Il est plus mou, plus friable et plus transparent que le lobe épithélial dans. lequel il s'enfonce et auquel il est intimement uni par la capsule commune pie-mérienne et sa cloison de séparation. C'est toujours sur lui, et non sur le lobe antérieur. comme le disent à tort nos classiques, que vient s'insérer la tige pituitaire ou infundibulum la tige passe dans une sorte d'ombilic creusé sur la face supérieure de la glande pituitaire totale. Ce qui peut induire en erreur, c'est qu'il a ordinairement un prolongement linguiforme du lobe glandulaire qui remonte sur la face antérieure de la tige et peut même atteindre le chiasma; d'autres fois même, la tige traverse un véritable anneau de substance épithéliale avant de se fixer sur le lobe infundibulaire. Ces deux dispositions sont normales et constantes chez certains animaux. Tandis que la glande est une évagination ascendante de la paroi supérieure de la cavité buccale, le lobe nerveux est une évagination descendante de la paroi inférieure du cerveau, du plancher du ventricule moyen. Toutes deux marchent à la rencontre l'une de l'autre et s'unissent dans la selle turcique. Chez les vertébrés inférieurs pendant toute la vie et chez les embryons des vertébrés supérieurs, le lobe cérébral est creux, continu avec la cavité du troisième ventricule par le canal de l'infundibulum; ses parois sont faites de substance nerveuse et recouvertes à l'intérieur par un épithélium cylindrique vibratile. De très bonne heure cette structure disparait chez les mammifères; la cavité se comble, ou ne persiste accidentellement qu'à l'état de vestige, conservant d'ailleurs son épithélium caractéristique.

La glande pituitaire en place dans la selle turcique ; coupe antero-postérieure. Dessin d'après nature sur un nouveau-né. On remarque les deux lobes de la glande ; le lobe épithélial teinté en rose présente un prolongement linguiforme, une cavité aplatie et une veine centrale ; le lobe nerveux est teinté en noir. En avant est le grand sinus coronaire antérieur; en arrière le petit sinus postérieur au fond de la selle turcique, le plexus intercarverneux.

La masse pleine contient, outre une abondante névroglie et du tissu conjonctif, des cellules nerveuses rudimentaires et la terminaison plexiforme des axones émanés des cellules du tuber. D'après Berkeley et, Cajal, un certain nombre de cellules pyramidales possèdent un prolongement protoplasmiquequi s'enfonce entre les cellules épithéliales du lobe glandulaire.

Le lobe nerveux est, chez les vertèbres supérieurs, un organe atrophié, une sorte de filum terminale antérieur (Benda). Sa signification est inconnue. Les variations de poids et de volue de la glande pituitaire portent à peu près exclusivement sur le lobe épithélial. Le poids de la glande n'est pas dans la série animale en relation avec le poids du cerveau, mais plutôt avec celui du corps. Schœnemann a trouvé comme moyenne, pour 27 sujets à hypophyse normale nouveau-né 0,13 g chiffre assez. uniforme, à 10 ans, 0,33 g à 20 ans 0,54 g à 30 ans 0,63 g, à 50 ans 0,60 g. La glande la plus lourde pesait 1, 35 g. Les chiffres Comte sont très analogues: 0,59 g à 33 ans.

Dans la selle turcique, la glande pituitaire ne baigne en aucune façon dans le sang ; elle est partout en contact avec la dure-mère. La face inférieure et la face antérieure du lobe glanduiaire reposent sur un plexus veineux creusé dans la méninge et dépendant du sinus coronaire antérieur; ce plexus n'existe pas au niveau du lobe infundibulaire. La carotide interne n'a normalement aucun rapport avec l'hypophyse; mais la carotide élargie et flexueuse des vieillards peut refouler la paroi interne du sinus caverneux et creuser une facette sur les deux lobes de la glande.

C'est dès la fin du deuxième mois fœtal, d'âpres His, que la paroi antérieure du sac hypophysaire émet des bourgeons tubulaires exogènes, tandis que la paroi postérieure, cette qui est appliquée contre le lobe cérébral, reste inactive, et par conséquent beaucoup plus mince que l'autre. Déjà chez l'enfant la cavité du sac n'est plus qu'une fente très étroite, difficile à reconnaitre; chez l'adulte on en retrouve rarement des vestiges a l'intérieur de la coupe; extérieurement elle correspond à la surface poreuse qu'on voit sur la face supérieure, près de la tige.

Le lobe epithélial a une enveloppe de pie-mère qui se prolonge entre les lobes glandulaires en formant un stroma conjonctif délicat, que parcourent des artérioles venues de la carotide primitive, deux veines assez importantes et de larges capillaires dont la paroi endothéliale est dans beaucoup de points au contact immédiat des tubes épithéliaux, disposition favorable a l'absorption du produit sécrété.

Les tubes glandulaires, simples ou ramifies, larges de 16 à 20 µ, ont un revêtement cubique qui repose sur une mince membrane propre. Le plus souvent leur lumière est comblée par d'autres cellules épithéliales, ce sont alors des cordons pleins et non des tubes assez souvent, ils renferment un amas colloïde, qui se stratifie quand il est volumineux ; plus rarement il y a un canal libre. Les cellules épithéliales sont réparties en deux catégories, les cellules principales et les cellules chromophiles. Les cellules principales sont petites, à protoplasma clair, peu colorable: ce sont elles qui augmentent dans les hypertrophies pituitaires consécutives à la thyroïdectomie. Les cellules chromophiles sont grandes, leur vaste protoplasma réfringent contient des grains qui réduisent l'acide osmique et fixent vivement les matières colorantes. Comte les subdivise en éosinopbiles et cyanophiles, ces dernières se colorant en bleu foncé par l'hématoxyiline et étant par excellence sujettes à la vacuolisation. On discute encore pour savoir si chez l'homme les cellules chromophiles sont plus ou moins nombreuses et si elles dérivent ou non des cellules principales. Faut-il voir dans les grains une forme du protoplasma ou un produit de sécrétion et dans la substance colloïde un produit d'excrétion ? Ce sont autant de questious en suspens.

Chez presque tous les sujets, par conséquent à l'état normal, on rencontre non seulement des amas colloïdes dans les tubes, mais des vésicules ou petits kystes colloïdes ; ces vésicules, très peu nombreuses d'ailleurs et disséminées, occupent surtout l’ancienne paroi postérieure du sac, c'est-à-dire le voisinage du lobe cérébral. Des formations colloïdes pathotogiques, nombreuses et volumineuses, ne sont pas rares ; elles paraissent être constantes en cas de goitre.

La glande pituitaire est à son maximum de développement chez les vertèbres inférieurs, et va en diminuant à mesure qu'on se rapproche de l'homme. Elle ne manque que chez l'amphioxus. Le lobe infundibuiaire est énorme chez les poissons, il constitue un vrai lobe ccérébral. Le lobe glandulaire est très variable de forme; il peut être inférieur ou postérieur au lobe nerveux. Son pédicule persiste chez les Sélaciens ; chez la Myxine, il s'ouvre toute la vie dans le tube digestif, comme chez l'embryon de mammifère. La cavité centrale du corps de la glande est persistante dans plusieurs espèces animales.

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