Le muscle long fléchisseur du pouce (M flexor pollicis longus) est large, demi-penniforme, situé sur le même plan que le fléchisseur commun profond, et en dehors de ce muscle dont il pourrait être considéré comme une division.

 

Il naît, par des fibres charnues, de la face antérieure du radius : cette insertion commence en pointe sous la tubérosité bicipitale, s'élargit en suivant la ligne oblique sur laquelle s'insère le chef radial du fléchisseur superficiel, débordant en dedans sur le ligament interosseux, suivant en dehors h; bord antérieur du radius, se rétrécit à un travers de doigt au-dessus du carré pronateur, et finit en pointe sur le bord externe du radius vers la partie moyenne de ce muscle. Souvent quelques filtres se détachent du bord externe de l'apophyse coronoïde par l'intermédiaire d'une languette tendineuse commune au fléchisseur superficiel des doigts et à celui du pouce. - A cette origine radiale, il convient d'ajouter le faisceau charnu qui se détache à peu près constamment du fléchisseur superficiel et vient se continuer par un tendon long et mince avec le tendon du long fléchisseur du pouce.

Les fibres charnues se rendent obliquement en bas et en dedans à un tendon qui suit le bord cubital du muscle, contigu au tendon du fléchisseur propre de l'index; les intérieures abordent le tendon dans la gouttière carpienne. Le tendon pénètre dans la gouttière carpienne sur le même plan que les tendons fl. prof., suit le bord externe de cette gouttière, croise la portion profonde du court fléchisseur du pouce, passe entre les deux portions de ce muscle, puis dans la gouttière des sésamoïdes du pouce; là , il pénètre dans la gaine ostéo-fibreuse, et suit la première phalange du pouce pour aller s'insérer, en s'épanouissant, à la base de la phalange unguéale. Parfois, au niveau de cette insertion, on rencontre un petit os sésamoïde. Connue les tendons du fléchisseur profond des doigts, le tendon du long fléchisseur du pouce présente sur sa face palmaire un sillon vers lequel convergent les fibres tendineuses; à la coupe, il parait formé par deux tendons accolés.

Action des fléchisseurs

La contraction du fléchisseur commun superficiel produit la flexion de la seconde phalange sur la première. - La contraction du fléchisseur commun profond produit la flexion des deux dernières phalanges sur la première. - L'action des fléchisseurs communs sur la première phalange est excessivement limitée. - Par ses expériences physiologiques et par des faits cliniques des plus nets, Duchenne a montré « cjue les fléchisseurs des doigts n'ont pas assez d'action sur les premières phalanges pour être considérés comme les antagonistes et les modérateurs des extenseurs des doigts (extenseurs des premières phalanges). - Comme nous le verrons plus loin, les fléchisseurs des premières phalanges sont les interosseux. - Pour que les deux fléchisseurs communs, et surtout le profond puissent produire avec énergie la flexion des phalanges sur lesquelles ils agissent, il faut que les premières phalanges soient étendues sur les métacarpiens et la main étendue sur l'avant-bras. Aussi les extenseurs des doigts et de la main se contractent-ils énergiquement avec les fléchisseurs pour favoriser l'action de ceux-ci.

L'action du fléchisseur propre du pouce est la même que celle du fléchisseur commun des doigts. - Il fléchit énergiquement la deuxième phalange et n'a qu'une action très limitée sur la première; ce n'est qu'au maximum de sa con- traction que la première phalange est entraînée dans la flexion ; encore ce mouvement est-il très limité. - Duchenne insiste sur ce point que le long fléchisseur propre n'agit nullement sur le premier métacarpien. - La paralysie du long fléchisseur propre du pouce ne produit donc que la perte de flexion de la deuxième phalange du pouce, tous les autres mouvements de ce doigt étant conservés. Il est vrai que la perte de ce seul mouvement entraîne même l'impossibilité quasi absolue d'exécuter certains actes, comme celui d'écrire, par exemple (Voy. Physiologie des muscles de l'éminence thénar).

Innervation

Il reçoit par sa face postérieure, quelquefois par son bord supérieur, un rameau de la branche profonde du médian.

Variations et anomalies

Chez les quadrupèdes et même chez les singes anthropoïdes, le fléchisseur profond du pouce n'est qu'une languette tendineuse détachée de la masse commune du fléchisseur perforant; chez l'orang, il manque totalement; seul le Gibbon fait exception; cependant son fléchisseur profond, quoique bien développé dans sa partie charnue, reste partiellement uni, au fléchisseur profond dans sa partie tendineuse. - Chez l'homme, le plus souvent le long fléchisseur du pouce est un muscle tout à fait indépendant. Cependant, il peut arriver que ce muscle se dédouble dans son corps charnu ou dans son tendon et que l'une de ses divisions s'anastomose au fléchisseur profond ou au fléchisseur superficiel - Il n'est même pas très rare de rencontrer la fusion plus ou moins complète du long fléchisseur du pouce avec le fléchisseur profond ; - Walsham, Testut, etc. ont vu la fusion complète aboutissant à la formation d'un fléchisseur profond unique, type des cercopithèques ; Chudzinski a observé la fusion avec le seul fléchisseur profond de l'index, type du Gorille. -Gruber a vu le tendon du long fléchisseur du pouce se terminer par des filaments tendineux dans le tissu celluleux qui enveloppe le premier lombrical et le tendon fléchisseur de l'index. Sur un enfant microcéphale, Chudzinski a observé l'absence du tendon terminal, suppléé par un faisceau du court fléchisseur du pouce, présentant ainsi une disposition normale chez les orangs.

Gruber a décrit, sous le nom de m. radialis internus brevis, un muscle surnuméraire naissant de la face externe et du bord antérieur du radius, passant sur la portion inférieure du long fléchisseur du pouce et descendant obliquement sur la gaine du grand palmaire, pour finir sur cette gaine, sur un os du carpe ou sur un métacarpien; Calori, Wood ont observé des cas analogues. Henle remarque que l'on pourrait décrire comme répondant à ce muscle, sous le nom de m. ulnaris brevis int. un muscle observé par Jarjavay ; ce muscle, naissant du quart inférieur de la face antérieure du cubitus, descendait obliquement pour se fixer au crochet de l'unciforme. - Gruber a encore décrit comme pronateur du carpe (cubito-carpeus) un muscle uni au carré pronateur, naissant du cubitus et finissant sur la capsule articulaire, le trapèze et le scaphoïde. 

D'après traité d'Anatomie par P. Poirier.

 

 

 

 

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