Charnu, allongé, épais et prismatique à sa partie supérieure, aplati et tendineux en bas, le Long fibulaire (anciennement: long péronier latéral, lat. : M. peronoeus longus) s'étend de la partie supérieure du péroné à l'extrémité postérieure du premier métatarsien.

 

Il naît :

  • 1° des parties antérieure et externe de la tête du péroné ;
  • 2° du tiers supérieur de la face externe et des bords antérieur et externe de cet os ;
  • 3° du ligament antérieur de l'articulation péronéo-tibiale supérieure ;
  • 4° de la tubérosité externe du tibia, immédiatement en avant de la facette articulaire péronière ;
  • 5° de la face profonde de l'aponévrose; jambière ;
  • 6° des cloisons intermusculaires qui séparent le long péronier de l'extenseur commun des orteils en avant du soléaire et du long fléchisseur propre du gros orteil en arrière.

De ces origines multiples, celles que prend le muscle sur le péroné sont les plus intéressantes. La zone d'insertion sur l'extrémité supérieure est séparée de la zone d'insertion sur le corps de l'os, par une gouttière oblique en bas et en avant. Les fibres dont l'origine est sus-jacente à cette gouttière délimitent avec elle une véritable tunnel long de 4 centimètres environ ; l'orifice postéro-supérieur, orifice d'entrée de ce tunnel ostéo-musculaire, est formé par une petite arcade aponévrotique, dépendance de la cloison qui sépare le long péronier latéral du soléaire. L'orifice antéro-inférieur, orifice de sortie, que l'on ne voit bien qu'après avoir vidé la loge antérieure des muscles qu'elle contient, est également limité par une arcade aponévrotique, beaucoup plus résistante que la précédente, et qui se rattache à la cloison qui sépare la loge des péroniers de la loge des extenseurs. Ce n'est pas tout. Sur ce conduit vient se brancher un autre conduit qui répond à la bande blanche verticale, représentée sur la mémo figure, bande qui sépare la zone d'insertion diaphysaire en deux champs secondaires, l'un antérieur, l'autre postérieur ; ce canal est donc, comme le précédent, en partie osseux, en partie musculaire. Cette disposition, un peu complexe, est due au passage et au dédoublement du sciatique poplité externe dans l'épaisseur du long péronier latéral. Ce nerf pénètre dans le tunnel oblique et se divise immédiatement en ses deux branches terminales; tandis que le tibial antérieur continue la direction du tronc principal, pour aller émerger dans la loge antérieure, le musculo-cutané descend contre la face externe de l'os dans le conduit vertical, pour sortir plus bas sur le bord antérieur de l'os.
Ces différentes insertions se font par implantation directe des fibres char- nues; celles-ci, en se fusionnant, constituent un corps musculaire qui affecte la forme d'un prisme quadrangulaire, assez irrégulier.
Pour la majorité des classiques français, ce corps charnu formerait une masse unique;
Theile et Henle lui décrivent deux chefs : - le chef principal (antérieur ou supérieur ou externe) est plus spécialement formé par les libres venues de la tête du péroné, du tibia, de la cloison intermusculaire externe et du champ antérieur de la zone d'origine située sur le corps de l'os; ses fibres sont assez longues. à direction presque verticale. - Le chef accessoire (postérieur, inférieur ou interne), est formé par les libres venues du champ postérieur de la zone d'origine diaphysaire et de la cloison qui sépare le long péronier des muscles de la région postérieure. Je le répète, ces deux chefs sont le plus souvent intimement unis. Cependant, en prenant le musculo-cutané pour guide, on peut les séparer sans trop de difficulté.
Les fibres charnues vont toutes se terminer sur une lame tendineuse à direction sagittale; celle-ci, d'abord cachée dans l'épaisseur du corps musculaire, s'en dégage, sous forme d'un tendon aplati, à l'union du quart inférieur et des trois quarts supérieurs du péroné ; son bord postérieur reçoit les dernières fibres charnues à 5 ou 6 centimètres au-dessus de la malléole externe. Ce tendon se contourne, comme la face externe de l'os, dont il suit la direction, devient postérieur comme elle, glisse dans la gouttière rétro-malléolaire, se coude à angle obtus au sommet de la malléole et passe sur la face externe du calcanéum; arrivé à la plante, il s'engage dans la gouttière oblique du cuboïde, croise au sortir de cette dernière les deuxième et troisième articulations cunéo- métatarsiennes, et se termine au niveau du premier métatarsien sur le tubercule externe de l'extrémité postérieure de cet os. - Parfois le tendon envoie une expansion au premier cunéiforme, au deuxième métatarsien et au premier interosseux dorsal.
Comme on le voit, le tendon du long péronier latéral se réfléchit deux fois : une première fois sur le sommet de la malléole externe, en formant un angle obtus ouvert en avant, une deuxième fois, sur le bord interne du pied, en formant un angle presque droit, ouvert en dedans et en haut. - Dans son ensemble, il décrit une courbe dont la concavité regarde en avant, en dedans et en haut. Ce tendon présente constamment, au niveau du point où il pénètre dans la gouttière du cuboïde, un renflement fibro-cartilagineux, parfois même un véritable sésamoïde.
Quelquefois absolument libre, ce renflement sésamoïdien est d'ordinaire relié aux parties voisines par des bandes fibreuses qui jouent à son égard le rôle de freins; - ces freins sont au nombre de deux : l'un, postérieur, bien décrit par Krause, va se perdre sur les faisceaux externes du ligament calcanéo-cuboïdien inférieur: l'autre, antérieur, plus volumineux, rattache le sésamoïde à la base du cinquième métatarsien et aux origines du muscle court fléchisseur propre du gros orteil (Picor, Bull. soc. anat., mars 1894).

Rapports

A la jambe, le long péronier latéral est en rapport par sa face superficielle avec l'aponévrose jambière, qui le sépare du tissu cellulaire sous-cutané et de la peau. Par sa face profonde, il répond successivement, de haut en bas, au péroné et au court péronier latéral. En avant, la paroi antérieure de sa loge aponévrotique, détachée de la face profonde de l'aponévrose jambière, le sépare de l'extenseur commun des orteils et du péronier antérieur. En arrière, la paroi postérieure de sa loge aponévrotique le sépare du soléaire en haut, du fléchisseur propre du gros orteil en bas. Au niveau du cou-de-pied, son tendon, sus-jacent à celui du court péronier, répond en dehors à la peau, en dedans à la face externe du calcanéum. - A la plante, il repose sur le cuboïde et sur les articulations tarso-métatarsiennes, immédiatement recouvert par le ligament calcanéo-cuboïdien, qui le sépare de la face profonde du fléchisseur et de l'opposant du cinquième orteil, de l'adducteur oblique du premier.


Action

Le long: péronier latéral remplit un triple rôle :

  • 1° il étend le pied sur la jambe ;
  • 2° il produit la torsion du pied en dehors ;
  • 3° il maintient la concavité de la voûte plantaire.

Le mouvement d'extension se passe dans la tibio-tarsienne ; il est peu étendu et peu énergique; le long péronier latéral n'est, en tant qu'extenseur proprement dit, qu'un faible auxiliaire du triceps sural.
Le mouvement de torsion en dehors est schématiquement décomposable, en un mouvement de rotation en vertu duquel le bord interne du pied s'abaisse et le bord externe s'élève, en même temps que la face plantaire regarde en dehors, et en un mouvement d'adduction, en vertu duquel la pointe du pied se dirige en dehors. - Ce mouvement se passe dans les trois articulations de la torsion : astragalo-scaphoïdienne, astragalo-calcanéenne et calcanéo-cuboïdienne. Le long péronier latéral imprime à ces articulations un mouvement en sens inverse de celui que leur imprime le tibial antérieur. Les surfaces articulaires mobiles se déplacent en haut, en dehors et en arrière, autour de l'axe commun à ces trois articulations. Dans ce mouvement, la face dorsale du pied tend à devenir supérieure, et la face supérieure de la grande apophyse du calcanéum vient combler la partie externe du sinus astragalo-calcanéen.
La contraction du long péronier latéral exagère la concavité de la voûte plantaire. - Cette action du muscle est due à ce qu'il porte le bord interne du pied en bas et en dehors. Il en résulte une augmentation de la concavité de la voûte plantaire dans le sens transversal et dans le sens antéro-postérieur.
Ces deux mouvements du bord interne du pied se combinent pour produire un mouvement de torsion complexe dont témoigne l'existence de plis cutanés curvilignes qui apparaissent sur la face plantaire pendant la contraction du long péronier latéral. - Ce mouvement de torsion de la partie interne de l'avant-pied, qu'il ne faut pas confondre avec le mouvement de torsion en dehors de la totalité du pied, est dû, non plus à des mouvements se passant dans les trois articulations de la torsion, mais à des mouvements de glissement qui ont pour siège les petites articulations de la partie interne de l'avant-pied. Ces mouvements s'accomplissent d'abord dans l'articulation du premier métatarsien avec le premier cunéiforme, dans celle du premier cunéiforme avec le scaphoïde et un peu dans l'articulation astragalo-scaphoïdienne.
« La tête du premier métatarsien est abaissée d'un centimètre et demi par le premier mouvement articulaire et d'un centimètre par le second ; le dernier a moins d'étendue... En même temps qu'elle s'abaisse, la tête du premier métatarsien se porte en dehors, en exécutant une sorte de mouvement d'opposition et va recouvrir un peu la tête du deuxième métatarsien » (Duchenne). A un degré plus avancé de la contraction du muscle, le mouvement se propage aux deux autres cunéiformes, et ces trois os se tassent les uns contre les autres à leur face inférieure.
Ce rôle de soutien de la voûte plantaire est le rôle capital du long péronier latéral. Quelle que soit la pathogénie que l'on adopte pour la tarsalgie des adolescents, il est indiscutable que « l'impotence fonctionnelle du long péronier latéral a pour conséquence l'effondrement de cette voûte et l'apparition d'un pied plat».
J'ai dit que le long péronier latéral n'intervenait guère dans l'extension proprement dite du pied, c'est-à-dire dans le mouvement qui se passe dans l'articulation tibio-tarsienne. Mais, grâce à son rôle d'abaisseur de l'avant-pied interne par le mécanisme que je viens d'étudier, il est un auxiliaire indispensable du triceps sural. Nous verrons en effet que, si le triceps sural est un extenseur énergique de l'arrière-pied et de la partie externe de l'avant-pied, en revanche, il n'a qu'une action très limitée sur la partie interne de l'avant- pied. Comme il est indispensable que, dans la marche, le talon antérieur appuie énergiquement sur le sol, celle-ci ne serait pas possible si le long péronier latéral ne venait suppléer à l'insuffisance d'action du triceps sural sur la partie interne do l'avant-pied.

Innervation

Le sciatique poplité externe abandonne dans le canal que lui fournit le long péronier latéral un filet nerveux qui se porte verticalement en bas au milieu des filets du muscle dans lequel on peut le suivre très loin. Ce nerf vient quelquefois aussi du nerf musculo-cutané. - Le court péronier reçoit son nerf soit du musculo-cutané soit du rameau qui va au long péronier.

D'après traité d'Anatomie par P. Poirier.

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