Le muscle extenseur commun des doigts (M. extensor digitorum communis.) est simple à son extrémité supérieure, divisé en bas en quatre portions, l'extenseur commun naît à la partie intérieure et antérieure de l'épicondyle par un tendon, commun en avant avec le court radial dont les fibres s'insèrent au-dessous de celles de l'extenseur, commun en arrière avec l'extenseur profond du petit doigt et le cubital postérieur, comme le fait justement remarquer Cruveilhier.

Cette origine fibreuse forme une sorte de pyramide à quatre faces, dont la postérieure répond à l'aponévrose antibrachiale, l'antérieure au ligament latéral externe et au court supinateur, tandis que les deux autres sont, comme je I ai dit, en rapport avec le deuxième radial et le cubital postérieur. Les fibres charnues se détachent, à l'intérieur de la pyramide, des quatre parois de celle-ci. surtout des latérales. Ces fibres constituent un corps charnu qui, d'abord pyramidal, s'aplatit ensuite d'avant en arrière et se divise presque aussitôt en quatre faisceaux; on constate que les deux faisceaux moyens allant au médius et à l'annulaire, plus forts que les autres, sont englobés et recouverts par eux dans la moitié supérieure de lavant-bras, et s'en dégagent seulement vers le tiers moyen de celui-ci. Tous ces faisceaux descendent sur la face postérieure de l'avant-bras, recouverts par l'aponévrose, recouvrant les muscles de la courbe profonde. Ils se rendent sur des tendons qui se dégagent complètement vers le tiers inférieur de l'avant-bras, s'engagent côte à côte, le plus souvent sur un même plan, réunis et rapprochés par un tissu celluleux assez dense, dans le canal ostéo-fibreux que forme le ligament dorsal avec la grande coulisse radiale. A la sortie de ce canal, ces tendons s'élargissent et divergent, allant vers leurs doigts respectifs II, III, IV et V. Nous les suivrons plus tard.

Action

Ce muscle étend les deux dernières phalanges sur les premières, les premières sur les métacarpiens et la main sur l'avant-bras. - L'extension des premières phalanges se fait avec beaucoup d'énergie ; en revanche, l'action du muscle sur la main est très limitée ; il en est de même de son action sur les deux dernières phalanges. Lorsqu'on faradise le muscle, la main étant dans la flexion, ou constate que les deux dernières phalanges, qui s'étaient d'abord étendues, se fléchissent dès que le dos de la main commence à se trouver sur le même plan que la lace postérieure de l'avant-bras. Celte flexion des deux dernières phalanges, due à la résistance tonique des fléchisseurs, montre que l'extenseur agit très peu sur elles. Les faits pathologiques (paralysie des extenseurs) montrent mieux encore que l'électro-physiologie, que c'est surtout sur les premières phalanges qu'agit l'extenseur commun des doigts. - Ce peu d'action de l'extenseur sur les deux dernières phalanges s'explique moins par la résistance tonique des fléchisseurs que par des raisons anatomiques, comme Duchenne l'a montré depuis longtemps. Il est dû surtout à la présence des deux bandelettes latérales qui s'unissent sur le tendon extenseur et que j'ai décrites comme formées essentiellement par des fibres perforantes de l'aponévrose palmaire et surtout de l'expansion que le tendon envoie à la hase de la première phalange. La section de cette expansion permet immédiatement l'extension des deux dernières phalanges lorsqu'on exerce une traction sur le tendon de l'extenseur. - En se plaçant au point de vue physiologique, on peut donc dire que la portion du tendon de l'extenseur, située an-dessous de l'expansion en question, n'appartient pas à ce muscle; elle doit être considérée comme appartenant aux interosseux. C'est en se basant sur ces remarques que Duchenne s'est demandé comment et pourquoi le tendon de l'interosseux ne se terminait pas sur la première phalange et pourquoi son expansion, unie à celle des lombricaux. venait se confondre avec la portion digitale de l'extenseur. - Ses ingénieuses expériences lui ont montré que le tendon en se prolongeant jusqu'à la première phalange et en se confondant avec le tendon terminal des interosseux, limite, grâce aux attaches qu'il prend lui-même sur la base de la première phalange, l'action des interosseux et des lombricaux. En se contractant synergiquement avec les interosseux ou les fléchisseurs, il favorise l'action de ces muscles sur les deux dernières phalanges.

Les différents faisceaux de l'extenseur commun impriment aux doigts des mouvements latéraux déjà entrevus par Galien (trad. Daremberg:-. chap. XVIII. p. 182) et de nouveau démontrés par Duchenne : le faisceau qui se rend à l'index rapproche ce doigt du pouce ; les deux faisceaux qui se rendent à l'annulaire et au petit doigt portent les doigts un peu eu dedans, c'est-à -dire vers le cubitus. Le faisceau du médius ne produit aucun mouvement de latéralité. Nous aurons l'occasion de revenir sur cette fonction adductrice et abductrice de l'extenseur on étudiant les interosseux. - Les bandelettes qui réunissent les tendons sur la face dorsale se solidarisent avec les tendons et empêchent l'extension isolée du médius et de l'annulaire.

Innervation

La branche profonde du radial, au moment où elle émerge du court supinateur, fournit de nombreux rameaux à l'extenseur commun ; deux de ces rameaux, l'un court l'autre long, gagnent l'extenseur propre du petit doigt.

Variations et anomalies

Assez souvent le faisceau de l'indicateur se sépare de la masse principale ; Chudzinski a noté la fréquence de cette séparation dans les ethnies de couleur. - Si des tendons peuvent faire défaut, notamment ceux du petit doigt et de l'index, il est plus fréquent de voir les tendons se subdiviser pour se porter sur le même doigt. ou sur les doigts voisins, et même sur le pouce (Gruber). - Par contre, on a vu les tendons se fusionner en une espèce de membrane. Rudinger et Périn ont observé jusqu'à onze bandelettes tendineuses.

D'après Traité d'Anatomie par P.poirier.

 

 

 

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