Les interosseux possèdent une triple action
- 1° ils impriment aux doigts des mouvements de latéralité ;
- 2° ils fléchissent la première phalange ;
- 3° ils étendent la deuxième et la troisième. -
- On rapporte généralement les mouvements de latéralité à l'axe de la main: cet axe, passant par le médius, il résulte de la description anatomique des interosseux que les interosseux palmaires rapprochent les doigts de cet axe, c'est-à -dire sont des adducteurs, alors que les interosseux dorsaux, qui les écartent, méritent le nom d'abducteurs. On peut admettre à priori, étant donné le volume respectif des deux sortes d'interosseux. que les mouvements d'abduction sont plus énergiques que les mouvements d'adduction, hypothèse d'ailleurs confirmée par l'expérimentation.
- Le mouvement de flexion des premières phalanges se fait avec une grande énergie. Cette flexion énergique de la première phalange par contraction des interosseux contraste singulièrement avec le manque d'action des fléchisseurs superficiels et profonds sur la flexion de cette phalange, fait bien démontré par l'expérimentation électro-physiologique et les observations cliniques de Duchenne.
- L'extension des deux dernières phalanges est également très énergique. Ici encore, on peut constater que l'action des extenseurs commun et propre sur ces deux phalanges est à peu près nulle et que ces muscles produisent seulement l'extension de la première phalange. Cependant, lorsque les extenseurs sont paralysés, il semble que l'extension des deux dernières phalanges soit loin d'être aussi complète qu'à l'état normal. Mais il suffit de relever la main et la première phalange, pour constater que les première et deuxième phalanges peuvent s'étendre aussi complètement que si les extenseurs n'étaient point paralysés.
Ces trois sortes de mouvements produits par l'action des interosseux et que dissocie l'analyse physiologique, se combinent en fait dans l'accomplissement de certains mouvements complexes. C'est ainsi que dans l'action de tracer sur le papier une série de traits verticaux, exemple choisi par Duchenne, on voit que le trait ascendant est le résultat de la contraction des interosseux flexion de la première phalange, extension des deuxième et troisième), tandis que le trait descendant résulte de la mise en action des antagonistes de ces muscles. Ce fait démontre l'utilité du double rôle fléchisseur et extenseur des interosseux qui, anormal au premier abord, peut seul permettre le mouvement très simple que nous venons d'analyser et qui est le mouvement type auquel se ramènent tous ceux que nécessitent l'écriture et le dessin.
La tonicité des interosseux est indispensable au maintien de la position normale des doigts au repos; leur paralysie a pour résultat la prédominance d'action de leurs antagonistes qui aboutit à l'hyper-extension des premières phalanges produite par les extenseurs commun et propre des doigts et à la flexion exagérée des deuxième et troisième produite parles deux fléchisseurs communs. Il en résulte une griffe absolument caractéristique.
Les interosseux peuvent être suppléés dans leur rôle d'extenseurs et de fléchisseurs par les lombricaux. Mais cette suppléance est imparfaite comme on peut s'en rendre compte chez les sujets atteints de lésions du cubital où la déformation en griffe, pour être moins marquée an niveau du médius et de l'index, n'en existe pas moins à un certain degré. - Ils peuvent également être suppléés dans leur rôle d'abducteurs et d'adducteurs par les extenseurs des doigts, (le rôle spécial des extenseurs, entrevu par Galien (Utilité des parties, liv. I, ch. XVIII) (B), a été bien étudié par Duchenne qui a montré que la contraction électrique des extenseurs commun et propre des doigts produit, en même temps que l'extension des premières phalanges, des mouvements de latéralité des doigts. Hâtons-nous d'ajouter que ces mouvements sont très limités. Mais, si limités soient-ils, ils n'en ont pas moins une grande importance dans certains cas donnés; par exemple, lorsque l'index doit être écarté du médius, sa première phalange étant étendue et ses autres étant fléchies, c'est-à-dire dans une position telle que l'action du deuxième interosseux palmaire et du premier interosseux dorsal ne peut s'exercer sans fléchir la première phalange et étendre les deux dernières.
D'après traité d'anatomie par P. Poirier.