Insertions d'origine
L'oblique externe ou grand oblique prend naissance, en haut, sur la face externe et sur le bord inférieur des sept ou huit dernières côtes, par autant de digitations, en partie charnues, en partie tendineuses, dont la largeur va en augmentant depuis la sixième côte jusqu'à la huitième, puis diminue graduellement de la huitième a la douzième.
Ces digitations, dans leur ensemble, représentent une sorte de ligne dentelée qui se dirige obliquement de haut en bas et d'avant en arrière. Elles s'entrecroisent régulièrement, a la manière des doigts des deux mains (d'où leur nom de digitations), les cinq ou six supérieures avec les digitations analogues du grand dentelé, les deux ou trois inférieures avec les digitations costales du Grand dorsal.
Insertions d'origine du grand oblique de l'abdomen.
C5, C6 C7 C8, C9 C10, C11, C12-, les huit dernières côtes. 1, muscle grand oblique. - 2, digitations du grand dentelé. - 3, digitations du grand dorsal.
De sa ligne d'insertion costale, le grand oblique s'épanouit en un immense éventail, qui se porte a la fois en bas, en avant et en dedans ses faisceaux supérieurs ou antérieurs sont à peu prés horizontaux; ses faisceaux inférieurs ou postérieurs suivent une direction verticale ses faisceaux moyens, intermédiaires aux faisceaux
Horizontaux et aux faisceaux verticaux, une direction plus ou moins oblique.
Insertions terminales, aponévrose du grand oblique
Le mode de terminaison des faisceaux constitutifs du grand oblique est fort complexe. Tout d'abord, les faisceaux les plus inférieurs, ceux qui proviennent des deux dernières côtes, descendent vers la crête iliaque et s'y insèrent, sur la lèvre externe de cette crête, soit directement, soit à l'aide de fibres tendineuses extrêmement courtes. Tous les autres faisceaux du muscle, c'est-a-dire ceux qui tirent leur origine des sixième, septième, huitième, neuvième et dixième cotes, se jettent sur le bord externe d'une large lame fibreuse, que l'on appelle improprement aponévrose du grand oblique.
Cette aponévrose d'insertion, véritable tendon terminal du muscle, affecte dans son ensemble la forme d'un quadrilatère, qui serait plus large en bas qu'en haut et dont le bord externe, celui précisément qui se continue avec le corps musculaire, serait fortement courbe à concavité dirigée en dehors et en haut. Continuant la direction des faisceaux charnus, l'aponévrose du grand oblique se porte comme eux en bas, en avant et en dedans, et vient successivement se fixer sur les points suivants :
- sur la crête iliaque.
- sur le bord antérieur de l'os coxal.
- sur le pubis.
- sur la ligne blanche.
Examinons séparément ces différents points :
Insertions sur la crête iliaque
Les faisceaux les plus postérieurs de l'aponévrose du grand oblique, ceux qui font suite aux fibres charnues insérés sur la dixième côte, continuent l'insertion des fibres, situées en arrière d'eux, qui proviennent des deux dernières cotes ils s'insèrent donc, comme ces dernières, sur la lèvre externe de la crête iliaque et sur l'épine iliaque antéro-supérieure.
Insertions au niveau du bord antérieur de l'os coxal
Les faisceaux qui viennent après répondent au bord antérieur de l'os coxal et s'y inséreraient certainement si ce bord était libre. Mais il est occupe par un certain nombre d'organes qui vont du bassin a la cuisse ou, de la cuisse, remontent vers le bassin c'est d'abord le psoas-iliaque revêtu de son aponévrose (fascia-iliaca) qui occupe tout l'intervalle entre l'épine iliaque antéro-supérieure et l'éminence ilio-pectinée ; puis c'est l'artère fémorale, et la veine du même nom et les lymphatiques de la cuisse, qui s'avancent, du cote de l'épine du pubis jusqu'à 2 centimètres de cette épine ; vient enfin le muscle pectine, recouvert lui aussi de son aponévrose, qui s'étend jusqu'à l'épine ; il est a remarquer toutefois, que le pectine n'occupe que la partie antérieure du bord coxal, cette qui est située en avant de la crête pectinéale.
Insertions ilio-pubiennes de l'aponévrose du grand oblique.
1, arcade crurale, avec : a, sa portion externe; b, sa portion moyenne ; c, sa portion interne ou gimbernatique. - 2, insertions pubiennes. - 3, orifice externe du canal inguinal, avec : 4, son pilier interne ; 5, son pilier externe ; 6, son pilier postérieur ou ligament de Colles (du côté opposé). - 7, 7', cordon spermatique. - 8, pectiné avec 8', son aponévrose. - 9, psoas-iliaque, avec 9' son aponévrose ou fascia-iliaca. - 10, 10', artère et veine fémorales. - 11, nerf crural. - 12, épine iliaque antéro-supérieure. - 13, épine du pubis. - 14, ganglion de Cloquet. - 15, couturier.
Il résulte de tout cela que, du bord antérieur de l'os coxal, il ne reste plus de libre que le bord supérieur de la crête pectinéale depuis l'épine du pubis jusqu'au paquet des lymphatiques de la cuisse. C'est sur cette partie, et sur cette partie seulement, que vont s'insérer les faisceaux de l'aponévrose du grand oblique.
Si maintenant, nous revenons sur nos pas et si nous reprenons ces faisceaux au niveau de l'épine iliaque antéro-supérieure, nous les voyons se diriger obliquement en bas et en dedans. Ils croisent tout d'abord le psoas iliaque, revêtu du fascia iliaca, et adhèrent intimement à cette aponévrose. Puis, au delà du psoas, ils passent comme un pont au-dessus de l'artère, de la veine et des lymphatiques fémoraux. Après avoir franchi le paquet vasculaire, ou, plus exactement un peu avant de quitter ce paquet, les faisceaux fibreux, jusque la rectilignes, se réfléchissent en arrière et en haut, en même temps qu'ils s'élargissent en éventail, et viennent se fixer sur la partie interne de la crête pectinéale dans une étendue de 20 a 22 millimètres: cette partie réfléchie a direction horizontale ou même ascendante, de forme triangulaire à bord externe, a reçu le nom, fort impropre du reste, de ligament de Gimbernat. Comme on le voit par notre description, ce n'est pas un ligament au sens précis du mot, ce n'est même pas une formation fibreuse indépendante: ce n'est qu'une portion, la portion pectinéale, la portion Gimbernatique si l'on veut de l'aponévrose d'insertion du grand oblique. Nous y reviendrons naturellement plus loin a propos des aponévroses de l'abdomen.
La partie interne de l'arcade crurale érignée en haut pour montrer la partie réfléchie de cette arcade ou ligament de Gimbernat.
1. 1. arcade crurale. - 2, sa portion réfléchie ou ligament de Gimbernat. - 3, pectiné, avec : 3', son aponévrose. - 4, ligament de Cooper.- 5, psoas-iliaque, avec : 5', son aponévrose; 5', partie de cette aponévrose fermant en dehors l'anneau crural et constituant la bandelette ilio-pectinée. - 6, moyen adducteur. - 7, artère fémorale. - 8, veines fémorales. - 9, ganglion de Cloquet, - 10, nerf crural, séparé de l'artère par la bandelette ilio-pectinée. - 11. anneau inguinal externe, avec 11', le cordon spermatique. - 12, épine du pubis. - 13, ligament de Colles.
Ainsi, l'aponévrose du grand oblique, dans sa partie correspondant au bord antérieur de l'os coxal, forme une sorte de bandelette, fortement tendue, s'étendant de l'épine iliaque antéro-supérieure a l'épine du pubis et; recouvrant a la manière d'un pont (ou d'un arc) toutes les formations qui, a ce niveau, passent de la cavité abdominale a la cuisse c'est l'arcade crurale l'arcus cruralis des anatomistes allemands. Elle répond exactement au pli de l'aine.
Insertions sur le pubis
Les faisceaux aponévrotiques qui viennent immédiatement après ceux insérés a la crête pectinéale, se fixent sur cette partie du pubis comprise entre l'épine et la symphyse, ici encore l'insertion a l'os nous présente une disposition spéciale nécessitée par le passage du cordon spermatique. Les fibres de l'aponévrose du grand oblique qui répondent a cette région se groupent en trois faisceaux, dont deux superficiels et un profond :
Faisceaux superficiels : piliers interne et externe du canal inguinal, fibres arciformes.
Les deux faisceaux superficiels se distinguent, d'après leur situation, en interne et externe.
Le faisceau externe large de 4 à 6 millimètres, obliquement dirige de haut en bas et d'arrière en avant, vient s'insérer sur l'épine du pubis par la plus grande partie de ses fibres. Les autres, continuant tour trajet descendant, s'épanouissent en un petit éventail, qui s'étale sur le tendon d'origine du moyen adducteur et se confond pins ou moins avec lui, peut, dans la plupart des cas, suivre ces dernières fibres jusqu'à la symphyse, ou elles s'entrecroisent avec celles du cote oppose.
Le faisceau interne, un peu plus large que l'externe, comme lui oblique en bas et en dedans, se dirige vers la symphyse pubienne et s'y termine en s'entrecroisant, d'une façon très régulière avec le faisceau homologue venu du coté opposé.
Les deux faisceaux interne et externe, en s'écartant l'un de l'autre, ménagent entre eux un espace triangulaire à base inférieure c'est l'orifice externe d'un canal, le canal inguinal par lequel s'échappe le cordon. De ce fait, le faisceau externe et le faisceau interne que nous venons de décrire deviennent le pilier externe et le pilier interne du canal inguinal, dénominations qui sont universellement adoptées. Les deux piliers interne et externe sont reliés l'un a l'autre a leur partie supérieure par des fibres a direction transversale, que l'on désigne indistinctement sous les noms divers de fibres intercolumnaires, de fibres en sautoir, de fibres arciformes. Ces fibres ont pour effet, tout d'abord, de maintenir le pilier interne et le pilier externe dans leurs rapports réciproques, puis d'arrondir sur ce point l'orifice que circonscrivent les deux piliers et qui, sans elles, se terminerait en une longue pointe.
Il convient d'ajouter que les fibres arciformes n'existent pas seulement a la partie superieure de l'orifice externe du canal inguinal. On les rencontre encore en arrière jusqu'à l'épine iliaque antéro-supérieure formant une sorte de système spécial, qui renforce l'aponévrose du grand oblique dans toute sa partie inferieure. On peut affirmer qu'un certain nombre d'entre elles sont manifestement la continuation des fibres du grand oblique lui-même, qui au niveau de l'arcade fémorale, se redressent pour se diriger par un trajet obliquement ascendant vers la ligne médiane.
Faisceau profond : pilier postérieur du canal inguinal ou ligament de Colles
Le faisceau profond constitue encore un pilier du canal inguinal, le pilier postérieur : c'est le ligament de Colles de quelques auteurs. Il est situe, a son origine, en arrière du pilier interne qui le recouvre entièrement. De la, il se porte obliquement en bas et en dedans, atteint la ligne médiane, la croise et vient se terminer, du coté oppose il son origine, sur la lèvre antérieure du bord supérieur du pubis et sur la partie interne de la crête pectinéale. Les deux ligaments de Colles le droit et le gauche, s'entrecroisent donc sur la ligne médiane en avant des muscles grands droits pour venir se fixer, celui de droite sur le pubis gauche et, vice-versa, celui de gauche sur le pubis droit.
Résumé de l'insertion pubienne
Au total, les fibres de l'aponévrose du grand oblique qui descendent vers la région pubienne se condensent en trois faisceaux distincts, qui contribuent à former l'orifice externe du canal inguinal et que l'on a appelé, pour cette raison, les piliers du canal inguinal : un pilier externe, qui s'insère principalement sur l'épine du pubis ; un pilier interne qui se termine a la partie antérieure de la symphyse ; un pilier postérieur ou ligament de Colles, qui se rend, après entrecroisement sur la ligne médiane, au pubis du coté opposé. Voyons maintenant, comment se comportent les faisceaux supérieurs de notre aponévrose du grand oblique.
Insertions sur la ligne blanche
Tous les faisceaux de l'aponévrose du grand oblique qui sont situés au-dessus de ceux insères sur les pubis, passent en avant du grand droit et atteignent la ligne médiane sur le cote interne de ce muscle. Ils s'y terminent, en s'entrecroisant avec ceux du côte opposé et en contribuant a former, de concert, avec les aponévroses des autres muscles larges, ce raphé extrêmement résistant qui s'étend de la symphyse pubienne a l'appendice xiphoïde et que l'on désigne sous le nom de ligne blanche.
Rapports
Le muscle grand oblique est recourbé sur lui-même à la manière d'une large gouttière, se montant exactement sur ta paroi antérolatérale du thorax et de l'abdomen. Par sa face superficielle, il est recouvert par la peau, le tissu cellulaire sous-cutané et l'aponévrose superficielle, a laquelle il adhère d'une façon assez intime. Par sa face profonde, il recouvre successivement, en allant de dedans on dehors, le grand droit et le pyramidal de l'abdomen, le petit oblique, les sept ou huit dernières cotes avec leurs cartilages, les muscles intercostaux correspondants. Nous avons déjà vu plus haut, a propos du grand dorsal, que le bord antérieur de ce muscle était séparé du bord postérieur du grand oblique par un espace triangulaire, a base inférieure, appelé triangle de Petit.
Innervation
Le muscle grand oblique est innerve par les nerfs intercostaux inférieurs et par les deux nerfs grand abdomino-génital et petit abdomino-génital, branches du plexus lombaire.
Action
Le grand oblique prend généralement son point, fixe sur le bassin. Dans ce cas, ses contractions abaissent, les cotes muscle expirateur ; fléchissent le thorax sur le bassin ; compriment les viscères abdominaux, contenant et contenu, dans les conditions énumérées plus haut à propos du grand droit. Si le grand oblique se contracte d'un seul coté, il imprime en outre au thorax un léger mouvement de rotation, qui a pour effet de porter sa face antérieure du coté opposé.
Le grand oblique prend-il son point fixe sur le thorax, il agit alors sur le bassin, qu'il soulève et fléchit vers les côtes. S'il se contracte d'un côté seulement, il imprime a la colonne lombaire un mouvement de rotation, qui a pour résultat de porter la face antérieur du bassin vers Je muscle qui se contracte.
Variétés
Le nombre de ses faisceaux d'origine peut varier de 6 à 9. Deux faisceaux peuvent partir d'un même coté. On a vu la digitation appartenant a la neuvième cote donner naissance a un faisceau de fibres charnues qui passant par dessus la cote, venait se porter a la face profonde de la peau de cette région. Dans un cas de, ce même faisceau de la neuvième cote se continuait directement avec la digitation correspondante du grand dentelé.
D'après Traite d'anatomie humaine L. Testut