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Le moteur oculaire commun, nerf de la 3ème paire, émerge des centres entre les deux pédoncules cérébraux. C'est un nerf du cerveau moyen ou mésencéphale. Il se distribue à tous les muscles de l'orbite, à l'exception du grand oblique et du droit externe.

 


Origine réelle et connexions centrales

Origine réelle

Le moteur oculaire commun est formé par les prolongements cylindraxiles des cellules constituantes de cette longue série de noyaux qui s'étagent d'avant en arrière au-dessous de l'aqueduc de Sylvius. On a vu que ces noyaux, sur la topographie exacte desquels l'accord n'est pas encore fait, étaient les uns pairs et latéraux, les autres impairs et médians. Il est vraisemblable, encore qu’insuffisamment démontre, que si les premiers constituent les centres moteurs des différents muscles innervés par la 3ème paire, les noyaux impairs doivent plutôt être considérés comme des centres de mouvements associés (Brissaud). -Les fibres émanées de ces noyaux sont pour la plupart des fibres radiculaire directes, c'est-à-dire vont au moteur commun du même côté; il existe cependant un certain nombre de fibres radiculaires croisées. Il va de soi que je ne saurais indiquer ici en détail les origines réelles et les connexions centrales des noyaux du moteur oculaire commun. Le court résumé que j'en donne n'a pour but que de constituer un rappel.

Connexions centrales

Les centres pédonculaires de la 3ème paire sont réunis d'une part au cortex (voie motrice centrale ou cortico-pédonculaire), d'autre part, aux noyaux sensitifs des autres nerfs encépbalo-médullaires (voies des associations réflexes).

  1. La voie motrice centrale est formée par les prolongements cylindraxiles des cellules du centre cortical moteur de la 3ème  paire. Ces prolongements cylindraxiles, après avoir franchi la ligne médiane, vont se terminer par des arborisations libres au niveau des cellules qui forment les noyaux pédonculaires. Le siège exact du centre cortical de la 3ème paire est encore mal connu. Un fait semble cependant certain, c'est qu'il ne siège pas au niveau de la zone rolandique (sphère tactile de Flechsig). Des recherches récentes de Flechsig;- semblent montrer qu'il doit être situé au voisinage de la scissure calcarine, là où cet auteur place sa sphère visuelle (Voyez aussi Marinesco, Revue générale des Sciences pures et appliquées, 1898). Le trajet de la voie cortico-pédonculaire est non moins incertain; on peut pourtant considérer comme acquis qu'elle ne passe pas par la capsule interne. De plus, en raison de la situation haute des noyaux pédonculaires du moteur oculaire commun, la décussation de la voie motrice corticale de ce nerf s'accomplit bien au-dessus de la décussation de la voie corticale des autres nerfs encéphalo-médullaires, d'où la possibilité d'une paralysie alterne d'un moteur oculaire coïncidant avec une hémiplégie du côté opposé dans le cas de lésion pédonculaire (syndrome de Weber).
  2. Deux des voies d'association réflexe sont bien connues : la voie opto-réflexe et la voie acoustico-réflexe. L'une et l’autre sont constituées par des fibres qui, issues des tubercules quadrijumeaux, font partie de cette importante voie d'association qui porte le nom de faisceau longitudinal postérieur. Elles peuvent se terminer par des arborisations libres dans les noyaux pédonculaires de la 3ème paire. Les fibres de la voie opto-réflexe viennent des tubercules quadrijumeaux antérieurs où se terminent une partie des fibres de la VIIIème optique centrale. Les libres de la voie acoustico-réflexe émanent des tubercules quadrijumeaux postérieurs, eux-mêmes en relation avec certaines libres de la voie acoustique centrale.

Origine apparente

Les filets radiculaires du moteur moyen oculaire commun émergent dans la région interpédonculaire. Ils sont ordinairement distribués en deux groupes, l'un interne, l'autre externe.

  1. Les filets du groupe interne groupe interpédonculaire, sortent immédiatement en avant de la protubérance, au niveau d'un sillon qui longe le bord interne du pédoncule. Leur nombre varie de 6 à 15 ; les filets antérieurs restent à environ 5 millimètres de la ligne médiane; les filets postérieurs ne sont distants de celle-ci  que de 2 millimètres seulement.
  2. Les filets du groupe externe, groupe trans-pédonculaire, dont le nombre est sensiblement égal à celui des filets du groupe précédent, sortent de l'épaisseur même du pédoncule. Leur surface d'implantation sur la face ventrale du pédoncule affecte la forme d'un sillon oblique en avant et en dehors; l'extrémité postérieure de ce sillon atteint le bord interne du pédoncule au niveau des filets postérieurs du groupe inter- pédonculaire. Les lignes d'émergence des deux groupes dessinent ainsi un angle aigu ouvert en avant et en dehors. Très fréquemment les filets du groupe transpédonculaire sont divisés en deux faisceaux, l'un antéro-externe plus petit, l'autre postéro-interne plus important, entre lesquels passe une artériole, émanée de l'artère cérébrale postérieure.

La plupart de nos classiques ne décrivent que les filets internes ou interpédonculaires. Les filets trans-pédonculaires ont pourtant été signalés depuis longtemps par Sœmmering (1792), Meckel (1817), Valentin (1841) et enfin par Schwalbe (1881). Tout récemment R. Zander (Anat. Anz., Bd XII. 1896), et son élève Walter Symanski (Th. Königsberg, 1890), les ont de nouveau décrits et en ont figuré les différentes modalités.

Varole, Vieussens et après eux Vulpian et Philippeaux ont décrit un entrecroisement des filets d'origine les plus internes du moteur oculaire commun. Cette décussation partielle des fibres radiculaires de la 3ème paire existe; mais elle s'accomplit dans l'épaisseur même du pédoncule et non à l'extérieur des centres nerveux (Voy. Origine réelle).


Trajet

Aplati à son origine, le moteur oculaire commun prend rapidement la forme d'un cordon arrondi. Né un peu au-dessous d'un plan horizontal passant par le bord supérieur de l'apophyse basilaire, il se porte d'abord en avant, en haut et en dehors. Parvenu au niveau de l'entrecroisement des deux circonférences de la tente du cervelet, il disparait dans l'aire du triangle que limitent ces deux circonférences avec une ligne réunissant les deux apophyses clinoïdes antérieure et postérieure. Il s'engage là dans l'épaisseur de la paroi externe du sinus caverneux. Il y chemine horizontalement d'avant en arrière et parvenu au niveau de la partie la plus interne de la fente sphénoïdale, il se divise en deux branches terminales.


Rapports

Le moteur oculaire commun occupe successivement l’étage postérieur du crâne, l'étage moyen, et enfin la fente sphénoïdale. Nous étudierons ses rapports au niveau de chacune de ces parties.

Au niveau de l'étage postérieur le moteur oculaire commun se glisse entre la face ventrale des pédoncules et le plan basilaire. Il traverse successivement la pie-mère qui se réfléchit sur lui pour former son névrilème, l'espace sous-arachnoïdien et enfin l'arachnoïde qui lui constitue une gaine séreuse complète et autonome et forme même un léger cul-de-sac, qui s'engage dans l'orifice dural dans lequel s'enfonce le moteur oculaire commun. Au moment où il traverse l'espace sous arachnoïdien, le nerf passe entre l’artère cérébelleuse supérieure placée au-dessous et l'artère cérébrale postérieure qui chemine au-dessus.

Au niveau de l’étage moyen, le moteur oculaire commun chemine dans la paroi externe du sinus caverneux. Il est en rapport en dedans avec la carotide interne, le plexus sympathique péricarotidien et le nerf moteur oculaire externe qui baignent le plus souvent dans le sang du sinus. Le pathétique et l'ophtalmique sont placés comme la 3ème paire dans l'épaisseur de la paroi sinusienne. Le pathétique, situé d'abord au-dessous du moteur oculaire commun, le croise ensuite à angle très aigu, en passant sur son côté externe et lui devient supérieur. La branche ophtalmique du trijumeau est, comme le nerf précédent, d'abord placée au-dessous du moteur oculaire commun. Mais obliquement ascendante, alors que ce nerf est sensiblement horizontal, elle se rapproche de plus en plus de lui. Le plus souvent, au moment où elle va le croiser, elle se trifurque ; de ses trois rameaux terminaux, le nasal reste sur le même plan que la 3ème paire; par contre, le lacrymal et le frontal se placent au-dessus d'elle. C'est là du moins la disposition habituelle. Mais il existe certaines variétés que nous indiquerons en étudiant le moteur oculaire externe.

Au niveau de la fente sphénoïdale, le moteur oculaire commun occupe la partie la plus interne de cette fente et traverse l'anneau de Zinn. Il est d'ordinaire déjà bifurqué; sa branche supérieure est placée à la partie supérieure de l'anneau dont la branche inférieure occupe la partie inférieure. Entre les deux chemine la veine ophtalmique, flanquée en dedans du nasal qui vient de passer entre les deux branches de la 3ème paire, et en dehors du moteur oculaire externe.

L'anneau de Zinn nous a paru le plus souvent constitué de la façon suivante : de la partie la plus interne et la plus inférieure de la fente sphénoïdale, on voit se détacher du corps même du sphénoïde, un tendon court et résistant: c'est le tendon de Zinn. Ce tendon se bifurque, presque dès son origine, en deux branches, l'une externe, l'autre interne. Prenant ainsi la forme d'un Y. De la branche externe se détache une expansion qui va se fixer sur le bord supérieur de la fente sphénoïdale; de même, la branche interne donne naissance à une autre expansion moins résistante que la précédente et qui va se perdre sur la face interne de la faine durale du nerf optique. Le muscle droit inférieur s'insère dans l’angle que forment en s’écartant les deux branches de bifurcation du tendon de Zinn. Le droit externe se fixe sur la branche de bifurcation externe et sur son expansion, le droit interne sur la branche de bifurcation interne et l’expansion correspondante. Ou donne le nom d’anneau de Zinn à l’orifice limité :

  • 1° par la branche de bifurcation externe du tendon de Zinn ;
  • 2° par son expansion ;
  • 3° par la partie du cadre osseux de la fente solénoïdale comprise entre le tendon de Zinn et l’expansion de sa branche de bifurcation externe.

Distribution

Nous avons vu qu’en pénétrant dans l’orbite le moteur oculaire commun se partageait en deux branches terminales : l'une supérieure, l'autre inférieure.

  1. La branche supérieure, la plus grêle des deux, croise la face externe de l’artère ophtalmique et du nerf optique et, après un trajet de quelques milli- mètres à peine, se divise en deux rameaux, l'un pour le droit supérieur, l'autre pour le releveur de la paupière supérieure :
    1. Le rameau du droit supérieur pénètre ce muscle par sa face inférieure au niveau de sa partie moyenne et s'épuise rapidement dans son épaisseur.
    2. Le rameau du releveur de la paupière supérieure croise le bord externe du droit supérieur et disparait dans le releveur à la jonction des deux tiers postérieurs et du tiers antérieur de ce muscle.
  2. La branche inférieure, plus volumineuse que la précédente, se divise très rapidement en 3 rameaux terminaux pour le droit interne, le droit inférieur et le petit oblique :
    1. Le rameau du droit interne croise la face inférieure du nerf optique et pénètre le droit interne vers la partie moyenne de sa face externe.
    2. Le rameau du droit inférieur s'enfonce presque dès son origine dans le muscle auquel il est destiné.
    3. Le rameau du petit oblique est beaucoup plus long que les précédents. Il longe la face supérieure du droit inférieur et aborde le petit oblique au niveau de son bord postérieur.

Du nerf du petit oblique se détache un rameau court, mais assez volumineux, parfois dédoublé(Schwalbe) qui va se jeter dans la partie postérieure du ganglion ophtalmique. C'est la racine courte ou grosse racine de ce ganglion, cette grosse racine du ganglion ophtalmique constitue le pédicule principal de ce ganglion. Chez quelques animaux, ce ganglion semble même intercalé sur le parcours du tronc de la 3ème paire (Sélaciens, Ganoïdes, Amphibiens). C'est en se basant sur ce fait que Schwalbe a voulu rattacher le ganglion ophtalmique au moteur oculaire commun. Schwalbe a exagéré l'importance des rapports de voisinage du ganglion ophtalmique et de la 3ème paire. Nous montrerons plus loin que les données que l'on possède à l'heure actuelle sur la structure du ganglion ophtalmique amènent à le considérer comme appartenant au système sympathique. -Nous verrons en étudiant le sympathique céphalique que les libres fournies par ce moteur oculaire commun au ganglion ophtalmique se terminent dans ce ganglion par des arborisations libres. Elles s'articulent là avec un deuxième neurone, dont le prolongement cylindraxile va aboutir au sphincter irien et au muscle ciliaire.


Anastomoses

Au niveau du sinus caverneux, le moteur oculaire commun reçoit deux anastomoses : l'une, sensitive, se détache de l'ophtalmique ; nous verrons plus loin que Bischoff a nié sou existence ; l'autre sympathique, parfois unique, souvent multiple, le relie au plexus péri-carotidien. D'après François Franck, l'anastomose sympathique contiendrait des filets vaso-moteurs qui, suivant dans la 3ème paire un trajet récurrent, viendraient se distribuer aux artères du noyau pédonculaire.


 

Structure

Le moteur oculaire commun à la structure ordinaire des nerfs périphériques. Rosenthal estime à 15000 le nombre de ses fibres constituantes. Toutes ces fibres n'ont pas le même volume. Leur surface de section varie de 2µ à 25µ (Reissner). Il est possible que les libres grêles soient des fibres amyéliniques, de nature sympathique, ayant dans le moteur oculaire commun un trajet récurrent.


 

Disposition générale et homologies

Comme on le voit, le moteur oculaire commun est un nerf purement moteur. Il appartient au groupe des nerfs crâniens ventraux. Il est donc l'homologue d'une racine antérieure de la moelle. La nature ventrale de la 3ème paire est nettement attestée :

  • 1° par sa distribution à des muscles dérivés des somites céphaliques ;
  • 2° par son origine aux dépens de cette partie de la substance grise motrice qui reste contigu à« au canal central du névraxe et prolonge dans l'encéphale le groupe cellulaire antéro-interne de la tête des cornes antérieures ;
  • 3° enfin par son émergence ventrale presque constante. Je dis presque constante; car, chez certains animaux et notamment chez la plupart des poissons, l'origine apparente de la 3ème paire est rejetée latéralement. Cette déviation latérale de l'émergence de la 3ème paire est due à l'existence sur la face ventrale du névraxe d'une saillie médiane le saccus vasculosus, flanqué de deux lobes latéraux (lobi latérales), formations qui n'existent qu'à l'état de vestiges chez les vertébrés supérieurs. Nous retrouvons encore ici une application particulière de cette observation générale que nous avons déjà eu l’occasion de faire : l’influence qu’exercent sur l’origine apparente des nerfs crâniens dans la série animale les particularités morphologiques du névraxe.

Le territoire sensitif qui correspond au territoire moteur de la 3ème paire appartient au domaine du trijumeau. Originairement le moteur oculaire commun est cependant un nerf mixte et possède des racines postérieures, comme d’ailleurs la plupart des autres nerfs ventraux (Milnes-Mashall, Schneider, P. Martin). Mais au cours du développement phylogénique, les éléments sensitifs de la 3ème paire disparaissent, absorbés ou supplantés par la cinquième paire, nerf du système branchial. Cette réduction des racines postérieures annexées aux nerfs du système ventral et leur remplacement par les nerfs branchiaux est un fait général et nous aurons l'occasion de rencontrer un phénomène analogue en étudiant la 4ème, la 6ème et surtout la 12ème paire.


 

Variétés

Le tronc du moteur oculaire commun peut être perforé par l'artère cérébrale postérieure (Sœmmering).

Il peut s'anastomoser avec le moteur oculaire externe; mais colle anastomose est certainement inconstante (Testut, Delbet). La branche supérieure peut s’anastomoser avec le nerf nasal (Sœmmering, Switzer).

Le moteur oculaire commun peut donner un rameau anormal pour le droit externe (Fäsebeck, Cruveilhier, Générali, Testut), pour le grand oblique (Volkmann); il peut même fournir une racine au ganglion sphéno-palatin. Cruveilhier a, en effet, vu se détacher du moteur oculaire commun un rameau qui se divisait en deux filets dont l'un se portait vers l’ophtalmique, l'autre vers l'origine du nerf vidien pour gagner avec ce nerf le ganglion de Meckel.

Nous reviendrons sur les rapports variables du moteur oculaire commun et du ganglion ophtalmique en étudiant ce ganglion (Voy. Sympathique céphalique). 

d'après traité d'anatomie humaine par P. Poirier.

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