Le squelette est l’ensemble des os. L’étudiant utilisera le squelette artificiel, c’est-à-dire celui dont les pièces sont maintenues en présence par des liens étrangers, métalliques le plus souvent, et le squelette dit désarticulé, c’est-à-dire celui dont toutes les pièces sont entièrement isolées les unes des autres.
Constitution du squelette
Le squelette humain se compose essentiellement d’une longue colonne, la colonne vertébrale, placée verticalement sur la ligne médiane et constituée par une série d’éléments superposés et similaires, les vertèbres. Cette colonne se renfle à son extrémité supérieure, pour former une partie du crâne ; son extrémité inferieure, au contraire, se soude et s'effile pour former le sacrum et le coccyx, rudiment de la queue des animaux.
A la partie antérieure et inférieure du crâne s’applique un massif osseux fort complexe, la face, auquel on peut rattacher l’os hyoïde, à titre d’annexe.
De la partie moyenne de la colonne précitée se détachent latéralement une série régulière d’arcs osseux, les côtes. Ces arcs, au nombre de vingt-quatre, douze de chaque côté, se dirigent en avant pour venir, sur la ligne médiane, s’articuler avec une nouvelle colonne, la colonne sternébrale ou sternum. Les côtes, de concert avec les deux colonnes vertébrale et sternébrale, circonscrivent une vaste enceinte découpée k jour, le thorax.
La partie supérieure du thorax est entourée, à droite et à gauche, par deux os, la clavicule et le scapulum : ils forment à eux deux ce qu’on est convenu d’appeler la ceinture thoracique. A cette ceinture se trouvent appendus latéralement une Série de leviers qui s’articulent les uns avec les
Squelette humain, vue antérieure (les parties molles sont teintées en rose).
1, colonne vertébrale. — 2, tête (crâne et face). — 3, sacro-coccyx. — 4, os hyoïde. — 5, sternum. — 6, côtes. — 7, clavicule et scapulum (ceinture thoracique). — 8, os coxal (ceinture pelvienne). — 9, bras. — 9', avant-bras— 9’, main — 10, cuisse. — 10', jambe. — 10", pied.
autres et dont l’ensemble constitue le membre supérieur ou thoracique. Le membre supérieur se compose de trois segments, qui sont, en allant de haut en bas :
- le bras, ne comprenant qu’un seul os, l’humérus ;
- l’avant-bras, formé par deux os, le radius en dehors et le cubitus en dedans ;
- la main, comprenant à son tour le carpe (avec huit os) le métacarpe (avec cinq, os) et les doigts (avec quatorze os).
De même, de la partie inférieure de la colonne vertébrale nous voyons s’échapper sous forme de larges ailes, deux pièces osseuses, remarquables à la fois par leur solidité et leurs dimensions, les os coxaux. Articulés l’un avec l’autre sur la ligne médiane antérieure, les deux os coxaux s’unissent en arrière avec le sacrum et le coccyx et circonscrivent ainsi, avec ces deux derniers os, une nouvelle enceinte, le bassin. L’ensemble des os coxaux constitue la ceinture pelvienne, sur les côtés de laquelle s’implantent les membres inférieurs ou pelviens. Le membre inferieur, exactement constitue suivant le même type que le membre supérieur, nous présente trois segments, qui sont en allant de haut en bas :
- la cuisse, formée par un seul os, le fémur ;
- la jambe, comprenant deux os, le tibia en dedans et le péroné en dehors ;
- le pied, nous présentant à son tour le tarse (avec sept os), le métatarse (avec cinq os) et les orteils (avec quatorze os).
On considère avec raison les ceintures thoracique et pelvienne comme n’étant que les premiers segments des membres. D’autre part, l’anatomie philosophique a démontré depuis longtemps que les côtes et le sternum ne sont que de simples éléments vertébraux, et pendant longtemps encore les anatomistes, après Gœthe et Oken, ont rattaché aussi au type de la vertèbre les différentes pièces osseuses qui entrent dans la constitution du crâne et de la face. Si cette dernière assertion pouvait être maintenue dans toute sa rigueur (nous verrons malheureusement qu’il n’en est pas ainsi), nous arriverions à cette définition, bien simple, du squelette humain : le squelette n’est autre chose qu’une série de vertèbres superposées, portant latéralement deux paires d appendices ou membres.
Nombre des os
Le squelette d’un sujet adulte, âgé de trente à trente-cinq ans par exemple, nous présente 208 os, savoir :
Côté gauche | Ligne médiane | Côté droit | Total | |
Colonne vertébrale |
24 |
24 |
||
Sacrum | 1 | 1 | ||
Coccyx | 1 | 1 | ||
Crâne | 2 | 4 | 2 | 8 |
Face | 6 | 2 | 6 | 14 |
Os hyoïde | 1 | 1 | ||
Osselets de l’ouïe | 4 | 4 | 8 | |
Côtes | 12 | 12 | 24 | |
Sternum | 1 | 1 | ||
Membre supérieur | 32 | 32 | 64 | |
Membre inférieur | 31 | 31 | 62 | |
Total | 87 | 34 | 87 | 208 |
Dans ce nombre ne sont pas compris les os surnuméraires du crâne ou os wormiens (Voy. chap. IV), ni les petits os sésamoïdes du pied et de la main (Voy. chap. IV), dont le nombre est extrêmement variable.
Le nombre des pièces du squelette, qui est de 208 chez l’adulte, peut diminuer et diminue même chez le vieillard, par suite de la soudure de deux os voisins. Par contre, ce nombre est plus considérable dans le jeune âge que dans l'âge adulte, parce qu'un certain nombre dos sont primitivement constitués par plusieurs pièces distinctes : tel est le frontal, qui se compose primitivement de deux moitiés symétriques, un frontal gauche et un frontal droit ; tel est encore l’os coxal, qui comprend primitivement trois os distincts, l’ilion, le pubis et l’ischion, etc.
Longueur proportionnelle des différentes pièces du squelette entre elles, reconstitution de la taille
Il est démontré par l’observation que, lorsqu’un sujet grandit, chacun de ses os grandit aussi dans certaines proportions. De là l’existence de rapports naturels entre la longueur de chacune des pièces du squelette et ce que l’on pourrait appeler la longueur totale du corps ou taille. L’état de ces rapports permet d’établir avec le plus de précision possible les proportions du corps. Elle permet aussi, à l’aide d’une opération arithmétique des plus simples, de résoudre le problème suivant, que l’on rencontre à chaque pas, soit en anthropologie, soit en médecine légale : étant donné quelques os ou même un seul os des membres, l’humérus par exemple ; d'un sujet inconnu, déterminer la taille de ce dernier.
Tableau indiquant, par rapport à la taille, la longueur des os longs des membres.
Hommes.
PÉRONÉ | TIBIA | FÉMUR | TAILLE | HUMÉRUS | RADIUS | CUBITUS |
318 | 319 | 392 | 1530 | 295 | 213 | 227 |
323 | 324 | 398 | 1552 | 298 | 216 | 231 |
328 | 330 | 404 |
1571 |
302 | 219 | 235 |
333 | 335 | 410 | 1590 | 306 | 222 | 239 |
338 | 340 | 416 | 1605 | 309 | 225 | 243 |
344 | 346 | 422 | 1625 | 313 | 229 | 246 |
349 | 351 | 428 | 1634 | 316 | 232 | 249 |
353 | 357 | 434 | 1644 | 320 | 236 | 253 |
358 | 362 | 440 | 1654 | 324 | 239 | 257 |
363 | 368 | 446 | 1666 | 328 | 243 | 260 |
368 | 373 | 453 | 1677 | 332 | 246 | 263 |
373 | 378 | 460 | 1686 | 336 | 249 | 266 |
378 | 383 | 467 | 1697 | 340 | 252 | 270 |
383 | 389 | 475 | 1716 | 344 | 225 | 273 |
388 | 394 | 482 | 1730 | 348 | 258 | 276 |
393 | 400 | 490 | 1754 | 352 | 261 | 280 |
398 | 405 | 497 | 1767 | 356 | 264 | 283 |
403 | 410 | 504 | 1785 | 360 | 267 | 287 |
408 | 415 | 512 | 1812 | 364 | 270 | 290 |
413 | 420 | 519 | 1830 | 368 | 273 | 293 |
Coefficients moyens ultimes pour tous les os d’une longueur inférieure aux chiffres les plus faibles de ce tableau : | ||||||
X 4.82 | 4.88 | 3.92 | x | 5.25 | 7.11 | 6.66 |
Coefficients moyens ultimes pour tous les os d’une longueur supérieure aux chiffres les plus forts de ce tableau : |
||||||
X 4.37 | 4.32 | 3.53 | x | 4.93 | 6.70 | 6.26 |
A cet effet, on a dressé des tableaux où se trouvent indiquées comparativement à la taille, la longueur des différentes parties du squelette et celle des os les plus importants des membres supérieurs et inférieurs, tableaux qui, on le conçoit, permettent de reconstituer rapidement la taille d’après la longueur des os.
On s’est servi successivement en France des tableaux d’Orfila, de Topinard, de Bollet (Thèse de Lyon, 1888). Dans un mémoire plus récent, Manouvrier (Mémoire sur la détermination de la taille d’après les grands os des membres. Mém. de la Soc. d’Anthropologie, Paris, 1892) a repris l’étude des menstruations effectuées à Lyon par Bollet, comme étant celles qui offraient les meilleures garanties d’exactitude et il a dressé les tableaux ci-contre, après avoir éliminé les causes d’erreur qui rendent incorrects les tableaux antérieurs.
Dans ces deux tableaux, tous les chiffres occupant une même ligne horizontale se correspondent mutuellement. La déterminaison de la taille avec un os des membres sera donc des plus faciles : il suffira de chercher dans la colonne de cet os le chiffre qui représente sa longueur et de lire ensuite, dans la colonne du milieu, la taille correspondante. Ainsi, à un fémur de 519 millimètres (hommes), correspond en moyenne une taille de l m,830. A ce même fémur correspond un humérus de 368 millimètres, un cubitus de 293 millimètres, etc.
Tableau indiquant, par rapport à la taille, la longueur, des os longs des membres.
Femmes.
PÉRONÉ | TIBIA | FÉMUR | TAILLE | HUMÉRUS | RADIUS | CUBITUS |
283 | 284 | 363 | 1400 | 263 | 193 | 203 |
288 | 289 | 368 | 1420 | 266 | 195 | 206 |
293 | 294 | 373 | 1440 | 270 | 197 | 209 |
298 | 299 | 378 | 1455 | 273 | 199 | 212 |
303 | 204 | 383 | 1470 | 276 | 201 | 215 |
307 | 209 | 388 | 1481 | 279 | 203 | 217 |
311 | 314 | 393 | 1497 | 282 | 205 | 219 |
316 | 319 | 398 | 1513 | 285 | 207 | 222 |
320 | 324 | 403 | 1528 | 289 | 209 | 225 |
325 | 329 | 408 | 1543 | 292 | 211 | 228 |
330 | 334 | 415 | 1556 | 297 | 214 | 231 |
336 | 340 | 422 | 1568 | 302 | 218 | 235 |
341 | 346 | 429 | 1512 | 307 | 222 | 239 |
346 | 352 | 436 | 1595 | 313 | 226 | 243 |
351 | 358 | 443 | 1612 | 318 | 230 | 247 |
356 | 364 | 450 | 1630 | 324 | 234 | 251 |
361 | 370 | 457 | 1650 | 329 | 238 | 255 |
366 | 376 | 464 | 1670 | 334 | 242 | 258 |
371 | 382 | 471 | 1692 | 339 | 246 | 261 |
376 | 388 | 478 | 1715 | 344 | 250 | 264 |
Coefficients moyens ultimes pour tous les os d’une longueur inférieure aux chiffres les plus faibles de ce tableau : |
||||||
X 4.83 | 4.85 | 3.87 | X | 5.41 | 7.41 | 7.00 |
Coefficients moyens ultimes pour tous les os d’une longueur supérieure aux chiffres les plus forts de ce tableau : |
||||||
X 4.52 | 4.42 | 3.58 | X | 4.98 | 7.00 | 6.49 |
Si la longueur de l’os donné est intermédiaire entre deux des longueurs inscrites au tableau, on devra prendre la taille également intermédiaire entre les deux tailles correspondantes. Ainsi, à un tibia masculin de 343 millimètres (intermédiaire entre les chiffres 340 et 346, seuls inscrits au tableau), correspond une taille de 1,615m (intermédiaire aux chiffres 1,605m et 1,625m).
Enfin, si la longueur de l’os mesuré dépasse les limites du tableau on obtiendra la taille en multipliant cette longueur par l’un des coefficients inscrits au bas des tableaux. Ainsi la taille correspondant à un tibia masculin de 310 millimétrés sera de 310x4,80=1,488. De même, un humérus de 375 mm correspondra à une taille de 375 x 4,93=1,848m.
Il est indispensable, pour arriver à des résultats précis, de mesurer les os conformément au procédé opératoire qui a été indiqué par Broca et suivi par Rollet : on devra se servir de la planchette ostéométrique de Broca et prendre la longueur maxima (en projection) des différents os. Pour le tibia, toutefois, il ne sera pas tenu compte de l’épine de cet os. Pour le fémur, d’autre part, il sera mesuré en position oblique, c’est-à-dire les deux condyles étant appuyés l’un et l’autre contre le montant vertical de la planchette.
La taille obtenue par le procédé que nous venons d’indiquer correspond à la taille cadavérique. Il faudra en retrancher 2 centimètres, si on veut avoir la taille telle qu’on la mesure sur le vivant.
Direction des os
Les os nous offrent à considérer une direction absolue et une direction relative :
Direction absolue
La direction absolue d’un os est celle que cet os présente en lui-même, je veux dire lorsqu’il est considéré isolément et dans n’importe quelle situation. A ce point de vue, nous avons des os rectilignes, comme le péroné ; des os incurvés en arc, comme les côtes ; des os contournés en S italique, comme la clavicule ; des os tordus sur leur axe, comme l’humérus, etc., etc.
Direction relative
La direction relative d’un os est celle qu’il présente lorsqu’il est en place sur un sujet en position debout. Dans cette nouvelle condition, l’os est, suivant le cas, vertical, horizontal, oblique.
La direction verticale et la direction horizontale n’ont pas besoin d’une longue définition : tout os est horizontal quand il est parallèle au plan horizontal et tout os est vertical quand il est perpendiculaire à ce même plan horizontal.
Quant à la direction oblique, elle présente les plus grandes variétés et, pour bien la définir, il faut la considérer par rapport aux six plans suivants :
- le plan médian ou sagittal, plan vertical et antéro-postérieur passant par la ligne médiane ou, si l’on veut, par la suture sagittale ;
- le plan latéral, plan vertical et antéro-postérieur, parallèle au précédent par conséquent, tangent au côté gauche pu au côté droit du sujet ;
- le plan antérieur, plan vertical et transversal, passant par la face antérieure du sujet ;
- le plan postérieur, également vertical et transversal, passant par sa face postérieure ;
- le plan supérieur, horizontal, tangent à la partie la plus élevée de la tête ;
- le plan inférieur, horizontal comme le précédent, passant par la plante des pieds.
Ainsi, pour donner un exemple, prenons le radius : son extrémité inférieure étant plus éloignée du plan médian que son extrémité supérieure, nous dirons que cet os se dirige obliquement du plan supérieur vers le plan inférieur et du plan médian vers le plan latéral, ou, plus simplement, qu'il est oblique de haut en bas et de dedans en dehors. Considérons maintenant les côtes qui ont une direction encore plus compliquée : leur extrémité antérieure étant à la fois plus rapprochée du plan antérieur et du plan inférieur que leur extrémité postérieure, nous définirons leur direction en disant qu'elles sont obliques de dedans en dehors, d’arrière en avant et de haut en bas.
Dans l'énumération des différents plans sur lesquels s'incline un os donné, il est indifférent de prendre pour point de départ l'une ou l’autre de ces deux extrémités ; ainsi, au lieu de dire que le fémur est oblique de haut en bas et de dehors en dedans, on peut tout aussi bien dire, en partant de son extrémité inférieure, qu'il est oblique de bas en haut et de dedans en dehors. Mais il est indispensable, l’énumération une fois commencée, de procéder toujours dans le même sens, je veux dire de partir toujours de la même extrémité pour se rendre à l’extrémité opposée.