Rapports dans le thorax
Situé dans le médiastin postérieur, l'œsophage répond en avant à la bifurcation des bronches, et principalement à la bronche gauche, qui laisse son empreinte sur la face antérieure du conduit. Ce rapport est important. L'œsophage, atteint d'un rétrécissement organique à ce niveau, fait bientôt corps avec la bronche gauche et peut communiquer spontanément avec elle; il arrive aussi que le chirurgien peut sans le moindre effort et sans en être averti par le malade pénétrer dans la bronche gauche avec le cathéter. Il n'est pas rare de voir les corps étrangers des voies aériennes arrêtés dans la bronche gauche donner naissance à de la dysphagie.
Au-dessous des bronches, l'œsophage est en rapport en avant avec le péricarde en arrière il répond au canal thoracique, à la grande veine azygos, aux artères intercostales droites, à du tissu cellulaire lâche et à des ganglions lymphatiques qui le séparent de la colonne vertébrale. Comme je l'ai déjà dit plus haut, l'œsophage ne suit nullement la courbure du rachis.
Sur les côtés il répond : à droite, au feuillet droit du médiastin à gauche, à la crosse de l'aorte et aux branches qui en naissent la carotide primitive et la sous-clavière gauches. J'ai montré plus haut les conséquences de ce rapport. L'aorte, d'abord placée à gauche de l'œsophage, passe bientôt en arrière pour gagner l'orifice aortique du diaphragme cet orifice est placé en arrière et un peu à droite de celui de l'œsophage. Ces deux conduits se croisent donc en figurant un X à branches très-allongées, l'œsophage en avant, l'aorte en arrière.
Bien que la portion thoracique de l'œsophage soit la plus large, les corps étrangers peuvent néanmoins s'y arrêter. On verra avec intérêt la préparation déposée au musée Dupuytren par Denonvilliers : un homme qui ne possédait plus qu'une pièce de francs en argent l'avala. La pièce resta dans la portion thoracique de l'œsophage et détermina une ulcération de l'aorte. L'œsophage est d'abord côtoyé par les deux nerfs pneumogastriques qui se placent ensuite le gauche en avant, et le droit en arrière.
Dans l'abdomen, l'œsophage repose sur les piliers du diaphragme et répond en avant au bord postérieur du foie. Il n'est pas rare d'observer des cancers de l'extrémité inférieure de l'œsophage, et, chose bonne à noter, les malades rapportent souvent a. l'extrémité opposée la gêne qu'ils éprouvent dans la déglutition.
L'œsophage se compose d'une tunique musculeuse, d'une tunique celluleuse et d'une muqueuse.
La tunique musculaire très-épaisse, peut par sa contracture donner naissance à un rétrécissement spasmodique. L'élément spasmodique s'ajoute d'ailleurs souvent à un rétrécissement vrai, et s'oppose au passage des bougies. Il peut ainsi tromper sur le siège du rétrécissement.
Lorsque la muqueuse qui tapisse la face interne de l'œsophage a été détruite dans une partie de son étendue par la déglutition d'une substance corrosive, il en résulte la production d'un tissu de cicatrice qui peut à la longue amener un rétrécissement cicatriciel. Cette affection est remarquable par la lenteur de son développement. Un malade que j'ai opéré avait avalé dix ans auparavant de l'acide sulfurique. Comme on l'observe pour l'urètre, il est très-rare d'arriver par la dilatation simple à guérir les rétrécissements cicatriciels de l'œsophage. Quand les tentatives ont été infructueuses, il ne faut pas hésiter pratiquer l'œsophagotomie interne, à laquelle j'ai dû un très-beau succès à l'hôpital Saint- Louis en 1872.
L'œsophage est formé dans sa partie supérieure aux dépens du feuillet externe et dans sa partie inférieure aux dépens du feuillet interne du blastoderme. Ces deux parties vont à la rencontre l'une de l'autre. Elles peuvent ne pas arriver au contact et être séparées par un cordon fibreux plein. Il existe alors une imperforation de l'œsophage. Quelquefois l'un des bouts s'ouvre dans la trachée. En 1873, M. Perler en a présenté un exemple à la Société de chirurgie; le bout inférieur s'ouvrait dans la trachée. En 1875, M. Polaillon a observé un cas semblable. M. Tarnier a présenté le fait remarquable et plus difficile à comprendre d'un œsophage communiquant avec la trachée par une fissure longue de 2 centimètres et demi. Tous ces cas sont, bien entendu, au-dessus des ressources de l'art.
d'après anatomie topographique par P. Tillaux.