Rapports de la trachée-artère dans sa portion cervicale
Enveloppée de toutes parts d'une atmosphère celluleuse lâche, la trachée est en l'apport en avant avec la peau, le tissu cellulaire sous-cutané, le feuillet aponévrotique superficiel, et le feuillet moyen comprenant dans son dédoublement les muscles sterno-hy6idien et sternothyroïdien. Ces deux feuillets aponévrotiques, que nous avons vus s'unir ensemble sur la ligne médiane à la partie supérieure du conduit laryngo-trachéal, s'écartent l'un de l'autre de plus en plus à mesure qu'on s'approche de la fourchette du sternum, où ils sont séparés par toute l'épaisseur de cet os. Au-dessus du feuillet aponévrotique moyen, on rencontre dans la fossette sus-sternale une couche épaisse de tissu cellulaire renfermant quelques pelotons de graisse. On y trouve aussi souvent plusieurs ganglions lymphatiques qui peuvent être le point de départ de tumeurs gênante" pour l’opérateur et d'un diagnostic parfois difficile.
En avant, la trachée est en rapport avec l'isthme du corps thyroïde, qui recouvre les premiers anneaux; avec les plexus veineux sous-thyroïdiens et avec des artères plus ou moins volumineuses. Mais la présence des vaisseaux au-devant t de la trachée est d'une importance telle dans l'opération de la trachéotomie, à laquelle doivent surtout, en définitive, être rapportées les notions anatomiques de la région sous-hyoïdienne, que je leur consacrerai un paragraphe spécial. Je dois seulement faire remarquer que le gros tronc veineux brachio-céphalique gauche, qui normalement ne dépasse pas la fourchette du sternum au moment où il croise la trachée-artère, peut, dans certains cas, la déborder et s'élever dans la région sous-hyoïdienne. La difficulté de la respiration veineuse et l'extension de la tête sont les deux conditions qui favorisent ce changement de rapports or elles se rencontrent précisément lorsque l'on pratique la trachéotomie aussi l'incision doit-elle être éloignée le plus possible de cet endroit périlleux.
En arrière, la trachée répond par sa partie aplatie et membraneuse à l'œsophage qui la déborde à gauche. Il en résulte que des corps étrangers de l'œsophage peuvent déterminer des troubles profonds dans la respiration. Elle lui adhère à l'aide d'un tissu cellulaire lâche qui permet le glissement. La trachée, dont il est toujours facile de sentir les anneaux, constitue le point de repère le plus précieux dans l'œsophagotomie externe.
Sur les côtés, la trachée est enveloppée à sa partie supérieure par les lobes du corps thyroïde. Elle affecte des rapports intimes avec les nerfs récurrents, qui sont situés le droit au niveau du bord droit de l'œsophage en arrière de la trachée, le gauche en avant de l'œsophage sur lequel il repose. Le faisceau vasculonerveux formé par la carotide primitive, la veine jugulaire interne et le nerf pneumogastrique, de même que la vertébrale et la thyroïdienne inférieure, sont suffisamment éloignés de la trachée pour ne pas inquiéter l'opérateur pendant la trachéotomie ou l'œsophagotomie externe cependant la mobilité latérale de la trachée est telle que le bistouri pourrait être entraîné de côté, si on ne prenait soin d'immobiliser l'organe sur la ligne médiane et de le ponctionner par sa partie antérieure.
Chez le fœtus, et pendant les deux premières années de la vie, la face antérieure de la trachée est immédiatement en rapport avec l'extrémité supérieure du thymus, qui déborde la fourchette sternale de un centimètre environ. Le thymus est un organe essentiellement transitoire qui ne présente aucun intérêt chirurgical.