La moelle épinière représente une longue tige à peu près cylindrique, renflée par places, contenue dans le canal rachidien qu'elle occupe sans le remplir, depuis l'atlas jusqu'à la deuxième vertèbre lombaire.

 

Elle est en quelque sorte suspendue dans le canal et fixée solidement à ses parois par les membranes qui l'enveloppent. J'ai déjà dit qu'elle n'était pas au centre du canal, mais plus rapprochée de la face antérieure.

La distance qui sépare la moelle épinière des parois osseuses du canal permet de comprendre pourquoi les déviations vertébrales, les affaissements même de plusieurs corps vertébraux, sont si rarement suivis de compression et de paralysie. La moelle peut également être refoulée dans un coin du canal vertébral et échapper à la compression dans les cas de luxation ou de fracture. Le rapprochement de la moelle des corps vertébraux explique aussi comment des éclats osseux peuvent la toucher, la contusionner et provoquer une myélite.

A la naissance, le système nerveux présente un développement relatif considérable aussi la moelle descend-elle à cette époque jusque vers la quatrième vertèbre lombaire. Le squelette se développant ensuite plus rapidement que l'axe nerveux, il en résulte que le rapport de ces deux parties varie jusqu'au développement complet; la moelle atteint alors le corps de la deuxième lombaire.

La moelle épinière, rétrécie à son origine au niveau du bulbe, se renfle dans la portion cervicale (renflement brachial). Elle présente ses plus petites dimensions dans la région dorsale, se renfle de nouveau à la fin de cette région (renflement lombaire), et, à partir de la onzième vertèbre dorsale, s'amincit rapidement pour se terminer en pointe.

Je n'ai pas à décrire ici la moelle épinière ni à m'occuper de sa structure. Je rappellerai seulement qu'elle est parcourue dans toute son étendue par plu- sieurs sillons deux sont médians, très-profonds, l'un antérieur, l'autre postérieur quatre sont latéraux, deux de chaque côté, divisés en antérieur et postérieur ils répondent à l'émergence des racines antérieures et postérieures des nerfs rachidiens. Le sillon collatéral antérieur étant à peine marqué, la moelle se trouve divisée par les sillons médians et collatéraux postérieurs en cordons distingués sous les noms de cordon postérieur et cordon antérolatéral. Une coupe horizontale de la moelle épinière montre qu'elle est formée de deux substances l'une blanche, périphérique; l'autre grise, centrale. La moelle n'est pas seulement un organe conducteur des impressions et des volitions, c'est encore un centre d'innervation. La substance grise tient sous son influence les mouvements réflexes. Ce pouvoir réflexe de la moelle s'exerce donc alors qu'elle ne communique plus avec l'encéphale, et il s'exerce même beaucoup plus activement dans ces conditions. II en résulte que l'existence de mouvements réflexes intenses sur les membres inférieurs d'un sujet atteint de paralysie à la suite d'une fracture de la colonne vertébrale tendrait à faire croire que la continuité de la moelle est interrompue, ce qui augmenterait d'autant, plus la gravité du pronostic, et, ferait renoncer d'une manière absolue et sans arrière-pensée de regret à toute espèce d'intervention chirurgicale.

Les enveloppes qui entourent la moelle sont la continuation de celles du cerveau, mais avec des caractères très-différents.

La dure-mère rachidienne commence au niveau du trou occipital, au pourtour duquel elle adhère intimement, et se termine à la base du coccyx en forme du cul-de-sac. Elle constitue un long étui fibreux qui enveloppe et protège la moelle. Loin d'adhérer comme la dure-mère crânienne la paroi osseuse, elle en est presque complètement indépendante. En arrière, elle est séparée des lames vertébrales par un espace rempli de tissu cellulaire lâche dont les mailles contiennent une graisse molle, presque liquide.

Sur les côtés, elle est traversée par les racines des nerfs rachidiens, et se confond, à ce niveau, avec la pie-mère. On dit généralement que la dure-mère accompagne les branches nerveuses jusqu'aux trous de conjugaison et se continue avec le périoste. Cette disposition n'est pas exacte. Il n'existe aucune continuité entre elle et le périoste. La dure-mère forme un long sac percé latéralement de trous pour laisser sortir les racines rachidiennes, et se confond avec la pie-mère sans envoyer aucun prolongement. Par sa face interne la dure-mère est rattachée à la moelle à l'aide de nombreux prolongements filamenteux, pour la plupart très-lâches, qui naissent de la pie-mère.

Il résulte de cette disposition que la dure-mère divise le canal rachidien en deux espaces, l'un central, l'autre périphérique. L'espace central est occupé par la moelle, la pie-mère, l'arachnoïde et le liquide céphalo-rachidien l'espace périphérique contient le tissu cellulaire, la graisse et les plexus veineux rachidiens.

C'est sans doute aux dépens de la dure-mère que se développent les productions tertiaires syphilitiques, de nature probablement gommeuse, qui déterminent des paraplégies plus ou moins complètes, cédant en général à un traitement antisyphilitique énergique.

La pie-mère rachidienne n’offre aucune ressemblance avec la pie-mère crânienne. Cette dernière, lâchement unie au cerveau, se laisse facilement enlever avec des pinces. La pie-mère rachidienne, au contraire, adhère intimement à la moelle. De sa face interne se détachent des prolongements qui pénètrent dans les sillons jusqu'aux commissures, surtout dans le sillon antérieur. La pie-mère crânienne est mince, fragile, transparente; l'autre est épaisse, résistante et opaline. La première, presque essentiellement composée de vaisseaux, est une membrane vasculaire la seconde, composée en grande partie de tissu conjonctif condensé, possède les apparences et les qualités d'une membrane fibreuse. La pie-mère rachidienne se comporte avec la moelle comme le névrilème avec les nerfs; c'est pour elle un puissant organe de protection. On s'en rend un compte exact en faisant l'autopsie d'un sujet dont la moelle ramollie est contenue dans son enveloppe comme dans un sac.

Par sa face externe, la pie-mère fournit des prolongements importants. Les uns, nés sur tout son pourtour, sont purement celluleux et la rattachent à la dure-mère, mais sur les côtés elle donne naissance à une série de dentelures qui séparent à leur origine les racines antérieures des racines postérieures des nerfs rachidiens elles ont la forme d'un triangle dont la base répond à la moelle et le sommet à la dure-mère. Par leur ensemble ces prolongements forment de chaque côté une bandelette festonnée à laquelle on donne le nom de ligament dentelé. La pie-mère envoie sur les racines nerveuses un prolongement qui les accompagne après leur sortie par les trous de conjugaison, et constitue le névrilème des nerfs. Le dernier prolongement de la pie-mère rachidienne est le ligament coccygien. Il se présente sous la forme d'un cordon arrondi qui continue la direction de la moelle, devient de plus en plus grêle mesure qu'il descend, et se trouve comme perdu au milieu des nerfs qui constituent la queue de cheval. Il s'attache à la base du coccyx et, malgré son peu de volume, sert efficacement à fixer la moelle.

Quant à l'arachnoïde rachidienne, elle ne diffère pas de l'arachnoïde crânienne. Comme cette dernière, elle présente un feuillet pariétal qui tapisse la face interne de la dure-mère, et un feuillet viscéral qui recouvre la pie-mère elle fournit une gaine aux racines des nerfs et se réfléchit au niveau des trous de conjugaison de même, elle se réfléchit à la base du coccyx et forme un cul-de-sac qui tapisse celui de la dure-mère.

L'espace sous-arachnoïdien du rachis communique avec celui du crâne et est comme lui destiné à recevoir le liquide sous-arachnoïdien. J'ai suffisamment insisté, sur le rôle de ce liquide, pour n'avoir pas à y revenir ici. Une plaie pénétrante du rachis pourra s'accompagner d'écoulement au dehors de ce liquide, si l'arachnoïde a été intéressée.

La moelle épinière donne naissance aux nerfs rachidiens, qui naissent par paires. Il y a huit paires cervicales (la première sort au-dessus de l'atlas), douze paires dorsales, cinq paires lombaires et six paires sacrées. Chaque nerf naît par deux racines, l'une antérieure et l'autre postérieure. Cette dernière rencontre sur son trajet un ganglion (ganglion spinal) dans lequel elle se jette, et se réunit ensuite la racine antérieure pour former un tronc mixte. De ce tronc naissent immédiatement deux branches, l'une antérieure et l'autre postérieure.

Les racines des nerfs rachidiens parcourent dans le canal rachidien un certain trajet avant de sortir par le trou de conjugaison qui leur est destiné aussi ne faut-il pas confondre leur sortie du canal avec leur origine à la moelle.

Il résulte de cette disposition que la paralysie consécutive à une section de la moelle ne s'élève pas au niveau de la section.

Étant connu le point où s'arrête la paralysie, on peut donc indiquer la partie de la moelle qui a été lésée, à la condition de connaître exactement l'origine des nerfs par rapport aux diverses vertèbres (Voir :Origines des nerfs en rapport avec les épines des vertèbres).

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