Le muscle dentelé antérieur (syn : grand dentelé ; lat. : M. serratus magnus english : serratus anterior muscle) est large, aplati et rayonné, il s'étend des dix premières côtes au bord interne ou spinal de la scapula (omoplate).

On peut le regarder comme formé de trois portions.

La portion supérieure se détache de la face externe des deux premières côtes et d'une arcade aponévrotique réunissant ces deux os. Il n'est pas rare de voir quelques-unes de ses fibres s'insérer sur le tendon des Scalènes et plus spécialement du Scalène postérieur. Cette origine se fait par implantation directe des fibres charnues. Celles-ci constituent par leur réunion un corps charnu assez épais, qui se porte en haut, en arrière et en dehors, et va se terminer par de courtes fibres aponévrotiques sur l'angle supérieur et externe de l’omoplate, entre l'angulaire et l'omohyoïdien. Cette première portion, qui affecte la forme d'un triangle à base costale et sommet scapulaire, forme ordinairement un corps musculaire unique; elle est cependant quelquefois divisée par un interstice celluleux en deux digitations, dont chacune répond à l'une des deux côtes d'origine. Cette première portion est toujours nettement séparée de la deuxième; elle forme presque un petit muscle à part.

La deuxième portion est toujours facilement isolable de la première; en revanche, il n'est pas toujours facile de la séparer de la troisième ; quand la ligne celluleuse qui existe parfois entre ces deux portions fait défaut, on se base, pour délimiter la deuxième portion, sur sa terminaison, qui se fait sur le bord spinal de l'omoplate; on peut aussi la distinguer de la troisième par ce fait qu’elle est constituée par des fibres à direction parallèle au lieu d'être formée comme celle-ci par des fibres convergentes. - Ainsi comprise, cette deuxième portion naît de la deuxième, de la troisième et de la quatrième côte, par trois digitations très aplaties qui s'attachent sur la face externe de la côte correspondante, suivant une ligne oblique en bas et en avant. De ces origines, les fibres charnues se portent en dehors et un peu en bas, et vont s’attacher, par de courtes  fibres aponévrotiques, sur toute l'étendue du bord interne ou spinal de l'omoplate. L’étendue de cette deuxième portion est d'ailleurs variable. La digitation qui naît de la quatrième côte va souvent s'attacher à l'angle inférieur du scapulum et doit alors être rattachée à la troisième portion. Chez quelques sujets même la deuxième portion est constituée par une digitation unique venant de la deuxième côte (Henle). Dans ce cas, la deuxième portion affecte la forme d'un triangle à base scapulaire et à sommet costal.

La troisième portion, la plus volumineuse des trois, affecte la forme d'un large éventail musculaire qui nait de la face externe des cinquième, dixième, septième, huitième, neuvième et dixième cotes et qui vient se terminer sur l’angle inférieur de l'omoplate.

Les origines, dont l'ensemble représente une courbe assez régulière, se font sur la face externe des côtes, par des digitations d'abord tendineuses, puis charnues, qui s'entrecroisent avec celles du grand oblique. Toutes ces digitations convergent vers l'angle inférieur de l'omoplate : les supérieures suivent un trajet légèrement descendant; les moyennes sont horizontales; les inférieures, de beaucoup les plus nombreuses, cheminent d'autant plus obliquement en haut qu'elles sont plus inférieures. Toutes se fusionnent en un corps musculaire unique, très épais, qui vient se fixer sur l'angle inférieur de l'omoplate par de courtes fibres aponévrotiques. Dans le voisinage de leur terminaison les digitations s'imbriquent, chacune d'elles recouvrant la digitation sous-jacente. Il y a là comme une torsion ébauchée de la portion inférieure. Constitué par la réunion de ces trois portions, le grand dentelé représente un vaste corps charnu qui se moule sur la convexité de la paroi latérale du thorax. Lorsqu'on écarte l'omoplate du tronc, il prend la forme d'un trapèze irrégulier dont la grande base, régulièrement dentelée, répond à la ligne d'origine et la petite à la ligne de terminaison.

Rapports

Dans sa moitié inférieure, le grand dentelé répond en arrière au grand dorsal, en avant, à la peau sous laquelle ses digitations font saillie. Dans sa moitié supérieure, il présente trois parties : la partie antérieure est recouverte par les pectoraux; la partie postérieure est en rapport avec le sous-scapulaire, le petit et le grand rond, dont elle est séparée par une couche de tissu cellulaire lâche; la partie moyenne forme la paroi interne de la cavité axillaire et se met plus particulièrement en contact avec le nerf de Bell. L’artère mammaire externe et des ganglions lymphatiques. Vers le sommet de la pyramide axillaire, le paquet vasculonerveux repose sur la première digitation du grand dentelé. - Par sa face profonde, il est en rapport avec les dix premières côtes, les intercostaux et l'origine des scalènes. Son bord supérieur, légèrement ascendant, est longé par le scapulo-hyoïdien et contourné par le plexus brachial et les vaisseaux sous-claviers. Son bord inférieur, vertical, est recouvert par le Grand dorsal.

Action

Le grand dentelé prend d'ordinaire son point fixe sur le thorax. Lorsqu'il se contracte en totalité, la scapula se porte en masse en avant, en dehors et en haut. Ce même mouvement est produit par l'action isolée de la partie moyenne. La contraction des portions supérieure et inférieure imprime au contraire, à l'omoplate un mouvement de bascule ou plus exactement un mouvement de sonnette. Dans ce mouvement, l'omoplate se déplace autour d'un axe passant, soit par son angle interne, soit par son angle externe, jamais par son angle inférieur (Duchenne). - Etant donné ce mécanisme des mouvements de l'omoplate, et aussi la disposition de la première portion du muscle,

On peut admettre qu’elle attire en  dehors l’angle supéro-interne de la scapula et porte en haut et en dedans son angle inférieur. - Duchenne n'a d'ailleurs pu établir expérimentalement ce rôle de la première portion. Par contre, il a pu démontrer par l’expérimentation directe, que la contraction de la troisième portion produit la rotation de l'omoplate autour de son angle interne, l'angle externe restant immobile. Dans ce mouvement, l’angle inférieur se porte en haut et en dehors et l'angle supérieur en haut et en dedans. Le déplacement de l'angle inférieur est vite limité par la moitié inférieure du rhomboïde et par l'angulaire - La contraction du grand dentelé produit l'élévation directe de l'épaule. Malgré son rôle d'élévateur du moignon de l'épaule, la portion inférieure du grand dentelé intervient pas pour aider celle-ci à soutenir ou à  élever un lourd fardeau; Duchenne a en effet constaté que les sujets qui élevaient le moignon de l'épaule dans un effort quelconque ne contractaient pas le grand dentelé; si le grand dentelé n’intervient pas dans ces conditions, c'est parce que sa contraction gênerait la respiration en maintenant soulevées les côtes sur lesquelles il prend son point d'appui.

Lorsque le Grand dentelé prend son point fixe sur l'omoplate, il agit sur les côtes. Etant donnée la direction de ses faisceaux constituants, on peut admettre que la deuxième portion est expiratrice, tandis que la première et la troisième sont inspiratrices. Le volume prépondérant de ces deux dernières amène à conclure qu'il est, dans son ensemble, un puissant inspirateur. Duchenne a démontré expérimentalement que, contrairement à l'assertion de quelques auteurs (Beau et Maissiat notamment), le grand dentelé était un inspirateur énergique.

Le Grand dentelé me parait contribuer, avec la pression atmosphérique, à appliquer l'omoplate contre le thorax (Voy. Poirier, Anatomie de l'aisselle, loc. cit.). D'après Duchenne, Lewinski (Archiv. f. . path. Anat. und Phys., t. 74. p. 473). Remak (Galvanoth.. Berlin, 1858), etc., le grand dentelé n'interviendrait pas dans la fixation de l'omoplate et sa paralysie ne produirait aucun déplacement notable de cet os, du moins à l'état de repos du bras. Tout autre est l'avis de Berger (Mémoire de Breslau, 1873 et 1875), de Seeligmuller (Neurol. Centralbl., 1882), de Eulenburg (Jahrb. des function. Nerrenkr., Berlin, 1871), etc. D'après Busch (Arch. f. kl. Chir., t. IV, p. 39), la paralysie du grand dentelé a pour conséquence l'écartement de l'omoplate de la cage thoracique, l'éloignement de son bord externe de la colonne vertébrale, la rotation de l'os dont l'angle inférieur s’élève et se rapproche de la ligne médiane. Ce déplacement, très net pendant le repos du bras, s'accentue encore pendant les mouvements de celui-ci (Voy. Barreïro. th. de Paris, 1895).

Innervation

Le grand dentelé est innervé par le nerf respiratoire de Ch. Bell ou grand nerf thoracique postérieur, branche collatérale du plexus brachial. Né des, cinquième et sixième paires cervicales, ce nerf descend verticalement pour aborder le muscle par sa face superficielle, fournissant quelques filets à chacune de ses digitations : il se termine dans les digitations inférieures.

Variations et anomalies.

- Il n'est pas rare de constater l'absence d'une ou deux digitations du grand dentelé. Cette absence porte parfois sur la première (Macalister), plus souvent sur les dernières (septième ou huitième). - Lorsque les interstices celluleux séparatifs des languettes prennent une plus grande importance qu’à l'ordinaire, ou lorsque la partie moyenne fait défaut le muscle se trouve divisé en un nombre variable de portions plus ou moins distinctes. – Parfois au contraire, on rencontre des faisceaux surnuméraires profonds naissant en général de la première ou de la deuxième côte et se portant isolément à l'omoplate. Wood a vu ces faisceaux surnuméraires naître des neuvième et dixième côtes et venir s'insérer sur l’angle inférieur de l’omoplate.

Lorsque l'angulaire de l'omoplate possède une digitation supplémentaire allant à la septième vertèbre cervicale, il se continue directement avec le grand dentelé. - Cette anomalie permet de considérer l'angulaire comme la portion cervicale du grand dentelé, Cette manière de voir est d'ailleurs confirmée par les recherches d'anatomie comparée. La lame musculaire unique constituée par le grand dentelé et l’angulaire se rencontre normalement chez certains singes, chez le chat, etc.

 

D’après Traité d’anatomie humaine P. Poirier.

 

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