La paroi abdominale antérieure est traversée, à sa partie inféro-interne, par le cordon spermatique chez l'homme, par le ligament rond chez la femme. On désigne sous le nom de canal inguinal l'espace qu'occupent ces organes dans leur traversée pariétale.
Cet espace, disons-le tout de suite, n'est pas délimité par des parois propres, nettement differenciées et continues les unes aux autres. Le cordon spermatique et le ligament rond, pour s'échapper au dehors, se fraient un passage à travers les di plans de la paroi abdominale, comme le ferait un nerf ou un vaisseau. Le canal inguinal n'est donc pas un canal au sens propre du mot. C'est un simple trajet, et l'on comprend que certains auteurs cherchent à substituer à cette dénomination impropre celle, beaucoup plus juste, de trajet inguinal.
Situation, direction et dimensions
Le canal inguinal est situé immédiatement au-dessus de l'arcade crurale. Il s'étend, en longueur, depuis le milieu de l'arcade jusqu'à l'épine du pubis, il remonte, en hauteur, jusqu'à 20 ou 25 millimètres au-dessus de l'arcade.
Envisagé au point de vue de sa direction, le canal inguinal est oblique, comme l'arcade sur laquelle il repose, de dehors en dedans, de haut en bas et d'arrière en avant.
Sa longueur, chez l'homme adulte, varie de 4 à 5 centimètres chez la femme, il présente 4 ou 5 mittimètres de plus que chez l’homme. Sa largeur varie naturellement suivant les dimensions, éminemment variables, du contenu large quand le cordon est volumineux, il est relativement étroit quand le cordon est petit. En tout cas, il est toujours plus large chez l'homme que chez la femme.
Parois
Comme nous l'avons déjà fait remarquer plus haut, le canal inguinal n'a pas de parois véritables et il faut entendre ici par ce mot de parois les divers plans, soit musculaires, soit aponévrotiques, qui sont en rapport avec le cordon spermatique, s'il s'agit de l'homme, avec le ligament rond, s'il agit de la femme. Cette réserve faits, nous décrirons à notre canal quatre parois, que nous désignerons (fig. 667 et 668) en antérieure, postérieure, inférieure et supérieure
Paroi anterieure
La paroi antérieure est constituée par l'aponévrose d'insertion du grand oblique, souvent aussi par les faisceaux les plus inférieurs du petit oblique, qui s'insinuent entre la face antérieure du cordon et cette dernière aponévrose.
Paroi posterieure
La paroi postérieure est formée par le fascia transversalis, renforce à ce niveau, comme nous l'avons vu plus haut, par le ligament de Henle et le ligament de Hesselbach.
Paroi inferieure
La paroi inférieure est représentée par une sorte de gouttière, dont la concavité est dirigée en haut. Cette gouttière appartient manifestement, dans sa partie antérieure, à l'aponévrose d'insertion du grand oblique, laquelle s'est recourbée en dedans et en haut dans sa partie postérieure, elle est formée par le fascia transversalis et notamment par le paquet de fibres transversales qui, sous le nom de bandelette ilio-pubienne, renforce à ce niveau le fascia transversalis. Au total, la gouttière fibreuse sur laquelle repose le cordon résulte de l'union, au-dessous de lui, de l'aponévrose du grand oblique qui forme la paroi antérieure du canal inguinal, avec le fascia transversalis (bandelette ilio-pubienne), qui constitue sa paroi postérieure.
Paroi supérieure
La paroi supérieure, enfin, est formée par le bord inférieur des deux muscles petit oblique et transverse. Il est à remarquer que ces faisceaux charnus des muscles petit oblique et transverse n'existent ordinairement que dans la portion externe du canal. Dans la portion interne, ils ont disparu et à ce niveau la paroi supérieure du canal, par suite du rapprochement des deux parois antérieure et postérieure, est devenue un simple bord, exclusivement aponévrotique.
Orifices
Le canal inguinal présente naturellement deux orifices, que l'on désigne ordinairement sous le nom d'anneaux, les anneaux du canal inguinal. De ces deux orifices l'un est superficiel et répond à la peau, c'est l'orifice cutané ou anneau externe l'autre est profond et répond au péritoine, c'est l'orifice péritonéal ou anneau interne. Constatons, avant d'aller plus loin, combien les expressions de interne et externe appliquées aux orifices inguinaux sont inexactes, l'orifice cutané, que l'on désigne sous le nom d'externe, étant beaucoup plus rapproché de la ligne médiane que l'orifice péritonéal ou orifice interne. Nous conserverons néanmoins ces dénominations consacrées par l'usage.
Anneau inguinal externe
L'anneau inguinal externe est situé sur le.pubis, immédiatement en dedans de l'épine, à 25 millimètres environ de la ligne médiane. Nous savons déjà pour l'avoir vu à propos du grand oblique, qu'il répond aux insertions pubiennes de ce muscle et qu'il résulte de l’ecartement à ce niveau des deux faisceaux tendineux, dits pilier interne et pilier externe, que relient l'un à l'autre à leur partie supérieure les fibres arciformes.
Il est formé :
- en dehors, par le pilier externe, qui va s'insérer à la fois sur l'épine pubienne et au-devant du corps du pubis ;
- en dedans, par le pilier interne, qui va s'attacher à la symphyse ;
- en haut, par les premières fibres arciformes qui vont d'un pilier à l'autre ;
- en bas, par le pilier postérieur ou ligament de Colles, venu du grand oblique du côté opposé.
Ainsi constitué, l'anneau externe du canal inguinal revêt la forme d'un ovale, dont le grand diamètre serait obliquement dirige de haut en bas et de dehors en dedans, et dont la grosse extrémité serait située en haut. Ses,dimensions, très variables en dehors de tout état pathologique, sont en moyenne chez l'homme pour le grand diamètre (longueur), 25 à 28 millimètres pour le petit diamètre (largeur), de 10 à 12 millimètres. Chez la femme, ces chiffres sont un peu inférieurs 20 à 22 millimètres pour la longueur, 8 a 10 millimètres pour la largeur.
Il existe parfois, au-dessus de l'anneau inguinal externe, un ou deux orifices plus petits (anneaux accessoires), arrondis, ovalaires ou losangiques, à travers lesquels s'échappent des vaisseaux, des filets nerveux ou de simples paquets adipeux. Ces anneaux accessoires peuvent, à l'état pathologique, livrer passage a des hernies ëpiploïques ou même à des anses intestinales.
Anneau inguinal interne
L'anneau inguinal interne, répond à la partie moyenne de l'arcade crurale. Il est situé à 15 ou 18 millimètres au-dessus de cette arcade, à 80 millimètres en dehors et au-dessus de l'épine pubienne, à 70 millimètres de la ligne blanche. Cet orifice a bien plutôt la forme d'une fonte verticale que celle d'un anneau. Son grand diamètre, dirigé de haut en bas, mesure de 10 a 15 millimètres. Le fascia transversalis s'y engage avec les divers élements du cordon et forme, sur le côté interne, en se réfléchissant de dedans en dehors, une repli semi-lunaire ou falciforme, dont le bord concave, dirigé en dehors, constitue le bord interne de l'anneau lui-même. Sur l'orifice interne du canal inguinal s'étale le feuillet pariétal du péritoine, présentant à ce niveau une légère dépression en forme de fossette. Nous allons la retrouver tout a l'heure.
Le canal inguinal, comme nous l'avons déjà vu plus haut, est parcouru par le ligament rond chez la femme, par le cordon spermatiqne chez l'homme. Ces deux formations seront étudiées plus tard à propos des organes génito-urinaires. Nous nous contenterons de rappeler ici que le cordon renferme les éléments suivants :
- le canal déférent, avec l'artère déférentielle qui l'accompagne ;
- deux groupes veineux, l'un antérieur, l'autre postérieur ;
- l'artère spermatique, située dans le groupe veineux antérieur ;
- des tymphatiques, issus du testicule et de l'épididyme ;
- l'artère funicutaire ;
- des fibres nerveuses sympathiques, formant des plexus autour des trois artères précitées.
Tous ces éléments, réunis entre eux par du tissu conjonctif, sont enveloppés dans une gaine commune de nature fibreuse. Sur la surface extérieure de cette gaine fibreuse cheminent trois filets nerveux génitaux, provenant du grand abdomino-génitl. du petit abdomino-génital et du génito-crural.