L'expectoration non sanglante présente différentes caractéristiques à préciser pour le diagnostic.
Mécanisme de l'expectoration
L'expectoration est faite de sécrétions d'origine sous glottique, de "sorties de la poitrine" (ex pector) par l'effort de toux. Il ne faut pas la confondre avec un crachat salivaire ou avec un raclement de gorge ramenant des sécrétions d'origine naso sinusienne. La remontée de la sécrétion bronchique se fait physiologiquement en dehors de la toux grâce au tapis muco-cilliaire. Cette remontée aboutit en principe à une déglutition automatique (d'où la valeur du tubage gastrique dans la recherche des bacilles tuberculeux).
Description
Elle est extériorisée sous forme de crachats que le patient récolte dans un verre gradué transparent, permettant l'examen des différentes couches de sédimentation et la quantification de son volume' pour la réalisation quotidienne de la courbe d'expectoration.
Il faut préciser :
- sa date d'apparition, récente ou très ancienne ;
- son caractère spontané ou provoqué par certaines positions qui seraient alors soigneusement notées pour faciliter la kinésithérapie ;
- son horaire, souvent à prédominance matinale ;
- son abondance :
- dans les cas aigus L'issue subite d'un flot de pus est appelée vomique due à l'effraction dans une bronche d'une collection purulente, à partir d'un abcès du poumon le plus souvent ;
- dans les cas chroniques, cette abondance est très variable : de l'ordre de quelques dizaines de ml dans la bronchite chronique, de 100 ml lors des poussées de surinfection d'une dilatation des bronches, et de beaucoup plus (jusqu'à plusieurs centaines de ml par jour) dans des formes (rares) de cancer pulmonaire (bronchiole-alvéolaire étendu) ;
- son aspect et sa couleur (terme le plus simple pour l'interrogatoire du patient) :
- translucide ou blanche, filante et aérée : salive
- transparente et fluide = séreuse
- blanche ou grisâtre, plus épaisse = muqueuse
- blanc rosé, mousseuse, saumonnée = oedème pulmonaire
- jaunâtre : muco-purulente
- verte = purulente, parfois paquets arrondis : nummulaires (en pièce de monnaie)
- rouge, sanglante = hémoptysie
- rouge, noirâtre, rouillée = hémoptoique ;
- son odeur : nulle ou au contraire fétide faisant évoquer une infection à germes anaérobies.
Valeur sémiologique et orientation diagnostique de l'expectoration
II faut opposer les expectorations aiguës et chroniques, après avoir éliminé un écoulement nasal postérieur :
Expectoration aiguë et contexte infectieux
- sans anomalie radiologique pulmonaire : bronchite aiguë .
- avec anomalie radiologique pulmonaire :
- expectoration peu abondante et rouillée d'une pneumonie bactérienne,
- expectoration subite et très purulente d'une suppuration pulmonaire (abcès),
- mucopurulente et subaiguë d'une tuberculose
Expectoration aiguë et contexte allergique
(dyspnée paroxystique sibilante) avec crachats transparents, parfois perlés, épais, collants, difficiles à sortir (moules bronchiques adhérents) asthme ;
Expectoration aiguë et cardiopathie gauche
oedème aigu pulmonaire ;
Expectoration chronique
- muqueuse ou muco-purulente, assez peu abondante dans la bronchite chronique dont la définition associe toux et expectoration plus de trois mois par an depuis plus de deux ans (en l'absence de toute autre anomalie bronchique pulmonaire ou cardiaque décelable) ;
- muco-purulente ou purulente, plus abondante, (on parle alors de bronchorrhée) dans la dilatation de bronches dont la symptomatologie remonte fréquemment à la première enfance.
A RETENIR
- SALIVE ≠ CRACHAT ≠ EXPECTORATION
- EXPECTORATION chez un FUMEUR = BRONCHITE CHRONIQUE... ou CANCER