La physiologie nous enseigne que la musculature spécifique a conservé avec ses caractères embryonnaires la capacité de se contracter rythmiquement. Les régions nodales, nœud sino-auriculaire et nœud auriculo-ventriculaire, sont l’origine des contractions cardiaques.

Du nœud sino-auriculaire où débute la contraction normale, l’excitation gagne les deux oreillettes. L’excitation gagne en même temps le nœud d’Aschoff- Tawara pour se propager aux ventricules par le tronc et les deux branches du faisceau de His. Le temps de propagation est à peu près 6/100 de seconde. Les fibres de Purkinje, disposées en mailles réticulaires sous l’endocarde, diffusent l’excitation dans les parois du myocarde à la vitesse de 5 000 millimètres par seconde, contre 500 millimètres pour les fibres habituelles du myocarde.

Il s’agit donc bien d’un système connecteur, formé par un tissu spécial. Cependant l’anatomiste a le devoir de se demander quelle est la signification morphologique de ce tissu spécifique ou plutôt quels sont ses rapports avec l’évolution du muscle cardiaque dans la série animale.

L’étude topographique de ce système permet tout d’abord de constater que les nœuds d’excitation se développent particulièrement au niveau des limites des différentes chambres du cœur. C’est ainsi que le nœud de Keith et Flack siège au niveau du point de jonction du sinus veineux et de l’oreillette ; c’est ainsi encore que le nœud d’Aschoff-Tawara et que le tronc du faisceau de His apparaissent dans la région interauriculo-ventriculaire. Nous arrêtant à cette considération, nous pouvons donc concevoir le système spécifique comme agent de liaison anatomique et fonctionnelle entre des segments isolés musculairement, qui conservent donc une certaine autonomie, mais qui doivent collaborer entre eux pour une action commune caractérisée par un rythme cyclique et indéfini jusqu’à la mort de l’individu.

Poussant plus loin l’analyse, nous pouvons encore faire observer avec Koch que le développement de cet appareil spécifique est en relation étroite avec les régions d'ouverture et de fermeture des segments cardiaques. C’est, en effet, au niveau de la crista terminalis, au niveau, en un mot, de la valvule sinusale droite, dont il ne reste plus comme vestiges que les valvules d’Eustachi et de Thebésius, que se développe le nœud sino- auriculaire. La crista terminalis en se contractant joue le rôle de valvule, séparant, incomplètement il est vrai, la portion veineuse de la portion auriculaire.

Par ailleurs, comme on peut le voir sur le schéma ci-dessous, le nœud auriculo-ventriculaire et le faisceau de His sont en relation avec les valvules auriculo- ventriculaires. Or on observe dans la série animale, de même que dans le développement du cœur fœtal, que le faisceau de His et ses branches sont d’autant plus développées que, le système valvulaire conserve sa structure musculaire. Lorsque cet appareil valvulaire devient de plus en plus passif, c’est-à- dire lorsque le tissu conjonctif envahit les voiles membraneux et les cordages, tel que ceci s’observe chez les mammifères, le faisceau de His paraît se réduire ou tout au moins diminuer d’importance. Au contraire, sur des cœurs dont l’appareil valvulaire est hautement différencié, tel celui qu’on observe sur les cœurs de certains oiseaux dont le nombre des pulsations peut s’élever jusqu’à 900 par minute, Koch fait observer avec Tawara que le système musculaire spécifique devient extrêmement abondant ; il se dispose sous l’endocarde, dans l’intérieur du muscle cardiaque en suivant les vaisseaux, et pénètre ainsi profondément le tissu myocardique. Les fibres de Purkinje sont donc non seulement sous-endocardiques, mais encore intra-myocardiques et même sous-péricardiques. On ne peut affirmer que l’opinion de Koch, qui établit un parallèle entre l’évolution du système valvulaire vers un état de plus en plus passif et la diminution de l’importance du tissu spécifique, soit rigoureusement vraie ; mais il est parfaitement exact que l’observation mérite d’être relatée : relation entre le système nerveux intra et extracardiaque, d’une part, relation directe avec l’appareil valvulaire du cœur, d’autre part, sont des faits que l’on ne peut méconnaître. Des recherches ultérieures d’anatomie comparée apporteront certainement une contribution intéressante au fonctionnement et à la signification morphologique de cet appareil insoupçonné il y a moins de quarante ans.

 

Schéma du type fondamental du cœur des mammifères (d’après Keith)

La situation du tissu musculaire spécifique a été colorée, le nœud sinusal est en jaune ; le nœud d’Aschoff-Tawara est en bleu ; le tronc du faisceau de His est en rouge.

1, sinus. — 2, oreillette. — 3, auricule. — 4, ventricule. — 5, bulbe artériel. — 5, aorte.

Ce site internet met des documents à votre disposition seulement et uniquement à titre d'information. Ils ne peuvent en aucun cas remplacer la consultation d'un médecin ou les soins prodigués par un praticien qualifié et ne doivent par conséquent jamais être interprétés comme pouvant le faire.

Connexion