Protubérance annulaire ou pont de varole
(Base du cerveau postérieur ou partie ventrale du métencéphale)
La protubérance annulaire est la partie Intermédiaire au bulbe, aux pédoncules cérébraux et au cervelet. On l'appelle encore mésocéphale ou pont de Varole, Varole l'ayant comparée à un pont sous lequel passeraient plusieurs bras de rivière représentés par le bulbe et par les pédoncules.
Je rappelle ici que pour les anciens anatomistes elle faisait partie de l’isthme de l’encéphale ; mais, à l'exemple de Poirier, nous réservons ce nom aux seuls pédoncules cérébraux,
La protubérance occupe la partie antérieure et supérieure de la loge crânienne inférieure ou cérébelleuse, entre le cervelet et la gouttière basilaire. Sa direction est presque verticale, un peu plus droite encore que celle du bulbe, et inclinée seulement de 2 degrés en moyenne sur la verticale passant en arrière d'elle.
Sa longueur, diamètre vertical, est de 2,5cm au milieu, 2 à 3,5 sur les cotés. La largeur, d'un trijumeau à l'autre, de 3 à 3,5; l'épaisseur, 2,5cm.
Elle est extrêmement développée chez l'homme, et d'une manière générale, dans la série des mammifères, son volume est en rapport avec le degré hiérarchique de l'animal. Elle dépend en effet essentiellement du cervelet, et accessoirement du cerveau. Comme elle représente surtout une émanation des hémisphères cérébelleux, elle fait presque complètement défaut chez les vertébrés non mammifères qui ont ces hémisphères rudimentaires; elle atteint son maximum chez les primates que caractérise la prépondérance des lobes latéraux sur le lobe médian du cervelet; elle redisparaît chez l'homme, quand ces mêmes lobes avortent.
En la libérant artificiellement avec le couteau, on obtient une masse blanche, ferme au toucher, de forme cubique. Elle a donc six faces; mais la face supérieure n'est que le plan de section entre le pont de Varole et les pédoncules cérébraux; la face inférieure, le plan de séparation d'avec le bulbe; les faces latérales, le plan de séparation d'avec les pédoncules cérébelleux moyens en dehors de l'émergence du trijumeau. Il n'y a que deux faces réelles, l'antérieure et la postérieure.
Face antérieure
La face antérieure est en rapport avec la gouttière basilaire, mais en reste à distance, séparée d'elle par l'artère basilaire et un vaste canal sous-arachnoïdien. Elle est convexe dans le sens transversal et dans le sens longitudinal. On y remarque sur la ligne médiane, le sillon médian ou basilaire, en dehors les bourrelets pyramidaux, plus en dehors encore les nerfs trijumeaux.
Le sillon basillaire est une gouttière qui s'étend de bas en haut, du trou borgne du bulbe ou foramen cœcum inférieur à une échancrure qui sépare les deux pédoncules cérébraux à leur naissance et qu'on peut appeler le foramen caecum supérieur. Il loge une grosse artère, le tronc basilaire, mais il ne semble pas être l'empreinte vasculaire de ce tronc; car le sillon s'étargit de bas en haut, ce qui n'est pas le cas de l'artère; il se prolonge sur les faces supérieure et inférieure, ce que ne fait pas le vaisseau il conserve sa profondeur normaie, alors même que le tronc basilaire dévie, ce qui est fréquent, passe en dehors de lui sur un certain parcours. C'est donc probablement une dépression naturelle produite par le raphé médian de l'organe, rendue très sensible par la saillie latérale des deux bourrelets pyramidanx avec lesquels le sillon semble être en relation étroite, et peut-être aussi augmentée par l'artère qu'elle reçoit.
Protubérance annutaire, bulbe et pédoncules cérébraux. Face antérieure d'après Hirschfeld).
Les bourelets pyramidaux sont les deux reliefs longitudinaux qui bordent de chaque côté le sillon médian et qui vont s'élargissant de bas en haut; ils sont produits par le passage des faisceaux pyramidaux sous les fibres transversales de la protubérance qu'ils soulèvent.
Plus en dehors, la face antérieure se continue sans transition avec le pédoncule moyen qui va au cervelet; on peut, avec Henle, adopter comme démarcation une ligne menée de l'émergence du nerf trijumeau à celle du nerf facial. Toute cette face antérieure est striée transversalement par des paquets de fibres qui se dirigent du sillon basilaire vers le cervelet, rappelant, d'après Foville, une chevelure à raie médiane dont les cheveux iraient se rassembler de chaque côté. On appelle faisceaux supérieurs ceux qui sont au-dessus du trijumeau; au-dessont les faisceaux Inférieurs. Le faisceau moyen ou f. oblique est un large ruhan saillant ou paquet de fibres, dont l'existence n'est pas constante, qui, d'abord horizontal à la naissance du sillon, descend ensuite obliquement vers le nerf facial et croise en bas les faisceaux inférieurs qu'il recouvre.
Lenhossék a rencontré deux fois et d'un seul côté un tractus arrondi de 1,5 mm de large courant en sens sagittal sur la face antérieure de la protubérance entre le faisceau oblique et Ie sillon basillaire, à 1cm en dehors de celui-ci. Il l'a appelé le faisceau droit (f.rectus). On pouvait le suivre en bas.jusqu'à la partie intérieure de la face externe de l’olive ; en haut,aprés avoir passé sous la couche superficielle du pont, il se perdait dans le tiers du pied du pédoncule cérébral. Lenhossék pense qu'il il s'agit d'un faisceau normal très amplifié et aberrant, détaché du ruban inférieur de Forel (Anatom. Anzeiger, 1887, 2 figures).
Face postérieure
Cette face se continue avec la face correspondante du bulbe et forme avec elle le plancher du quatrième ventricule ; nous la décrirons avec cette cavité. Le cervelet la recouvre complètement, soit par sa partie centrale soit par ses pédoncules supérieurs.
Protubérance, bulbe et pédoncules cérébraux. Face latérale.
Bord inférieur
Le bord inférieur arqué est le sillon bulbo-protubérantiel déjà décrit ; il répond à l'union du tiers inférieur avec le tiers moyen de la gouttière basilaire, quelquefois à l'union des deux moitiés. Entre les deux pyramides, les fibres protubérantielles s'enfoncent pour tapisser leur face interne et constituer en quelque sorte le plafond du trou borgne. Cruveilhier appelle ces fibres ondulées le collier des pyramides ; c'est le seul point libre de la face inférieure.
Bord supérieur
Ce bord, en arc plus cintré que l'inférieur, est aussi marqué par une rainure, le sillon protubérantiel supérieur, qui sépare le pont des pédoncules cérébraux. Il correspond au bord supérieur de la selle turcique, point le plus élevé de la gouttière basilaire, tantôt à ce bord même, tantôt à quelques millimètres au-dessous. Ici, comme entre les pyramides, on voit les fibres les plus hautes de la protubérance s'enfoncer entre les pédoncules cérébraux qu'elles entourent sur leur face interne, dans la fossette (foramen caecum supérieur, échancrure médiane) qui termine l'espace interpedonculaire; Cruveilhier apelle ces fibres les collier des pédoncules. En tapissant l’échancrure qui termine le sillon basillaire, elles représentent l’unique partie visible de la face supérieure de la protubérance.
Passage des faisceaux pyramidaux dans la protubérance. Coupe frontale de la protubérance et du bulbe (d'après Hirshfeld).
Confomation intérieure
Une coupe tranversale passant par le milieu de la protubérance et examinée fraiche, à l’œil nu, présente : sur son contour, le sillon basillaire, les bourrelets pyramidaux, la coupe ds pédoncules cérébraux moyens ; et en arrière, la ligne sinueuse du plancher ventriculaire, où l’on remarque la saillie du funiculus treres de chaque côté du sillon médian.
Sur la surface on distingue dans la partié inférieure de la coupe, des lignes blanches curvilignes striées de gris qui se dirigent parallèlement vers un raphé médian ; au milieu de ces fibres arquées un gros faisceau unique ou à peine dissocié en deux ou trois faisceaux plus petits; il est coupé en travers et entouré ou même en certains points traversé par les fibres arquées. C'est le faisceau pyramidal, ou moteur, suite de la pyramide antérieure, dont le passage dans la protubérance détermine la formation des bourrelets extérieurs; au centre de la coupe un champ triangulaire de fibres, qui répond au ruban de Reil ou faisceau sensitif;– dans le quart supérieur, une surface gris rosé ou gris jaunâtre qui comprend la substance grise ventricutaire et au-dessous d'elle la formation réticulée.
Une coupe à plat, c'est-à-dire parallèle à la face antérieure, comme la précédente montre la direction transversale des fibres protuberantielles et la direction verticale des faisceaux pyramidaux.
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