On peut diviser les lymphatiques du membre inférieur en lymphatiques superficiels, naissant des téguments et dont les collecteurs cheminent dans le tissu cellulaire sous-cutané, et en lymphatiques profonds  qui, nés des organes sous-aponévrotiques, aboutissent à des troncs satellites du paquet vasculo-nerveux.

Lymphatiques superficiels

Les lymphatiques superficiels émanent de tous les points de l'enveloppe cutanée du membre. Mais c'est au niveau du pied que le réseau d'origine présente son maximum de développement.

Aussi est-ce en ce point et plus particulièrement au niveau des faces latérales des orteils et des parties marginales de la plante du pied, qu'il faut essayer d'injecter ces vaisseaux. Par contre, dans tout le reste de l'étendue du membre, sauf peut-être au niveau de la région pré-rotulienne, le réseau d'origine présente des mailles extrêmement fragiles et son injection offre de grandes difficultés.

Les collecteurs émanés de ce réseau peuvent être répartis en trois groupes 1° les collecteurs satellites de la saphène interne et tributaires des ganglions inguinaux qui desservent la presque totalité de la surface cutanée du membre inférieur; 2° les collecteurs satellites de la saphène externe, qui vont aboutir aux ganglions poplités 3° les collecteurs de la région fessière.

Collecteurs suivant le trajet de la saphène interne

Ces collecteurs apparaissent au niveau des orteils. Du réseau qui couvre ceux-ci partent un nombre considérable de troncules qui se portent les uns vers le côté Interne les autres vers le côté externe de chaque orteil et cela aussi bien du côté dorsal que du côté plantaire.

« En se réunissant, les troncules dorsaux et palmaires constituent sur chacune des faces latérales deux troncs principaux, parallèles à l'artère collatérale correspondante, au-dessus de laquelle ils sont situés.

Arrives au niveau des articulations métatarsophalangiennes ; ces troncs communiquent entre eux de diverses manières tantôt les collatéraux externes d'un orteil s'unissent aux collatéraux internes de l'orteil voisin tantôt les quatre troncs du même orteil s'unissent entre eux pour former un tronc unique qui se divise un peu plus loin en deux troncs, lesquels se confondent avec les troncs les plus rapprochés.

De ces communications résulte un large plexus dont les mailles allongées d'avant en arrière s'étalent sous les téguments de la face dorsale du pied. » (Sappey.) Au niveau de chaque espace interdigital, ce plexus dorsal est grossi par des troncs émanés de la région plantaire.

Ces troncs, au nombre de 3 à 4 pour chaque espace, prennent naissance au niveau des têtes métatarsiennes, convergent d'arrière en avant vers les espaces interdigitaux, puis se recourbent pour gagner la face dorsale du pied.

De ce réseau dorsal émanent de nombreux collecteurs que l'on peut, avec Sappey, distinguer en internes et en externes.

Les collecteurs internes naissent des deux orteils internes et du tiers interne du réseau dorsal. Dès leur origine, ils sont grossis par les troncs plantaires internes, qui, au nombre de 12 à 15 lorsqu'ils contournent le bord interne du pied, se réduisent à 4 ou 5 en arrivant sur la face dorsale. Les collecteurs internes montent alors groupés autour de la saphène interne à laquelle ils sont parallèles; ils sont pour la plupart placés soit en avant, soit en arrière de cette veine; quelques-uns peuvent cependant la recouvrir ou même s'insinuer entre sa face profonde et l'aponévrose. Ils arrivent ainsi jusqu'aux ganglions inguinaux.

Les collecteurs externes naissent des 3 derniers orteils, des deux tiers externes de la face dorsale, et de la moitié antérieure de son bord externe. Leur disposition diffère beaucoup de celle des troncs Internes. Au lieu de monter verticalement comme ces derniers, en se disposant en longs cordons parallèles, les collecteurs externes se divisent en troncs secondaires qui s'inclinent successivement en haut et en dedans pour aller se jeter dans les collecteurs internes.

Collecteurs suivant le trajet de la saphène externe

Ces vaisseaux nais sent de la moitié postérieure du bord externe du pied et de la partie correspondante du talon. Au nombre de 2 à 3, ils cheminent d'abord entre la malléole externe et le tendon d'Achille, comme la veine saphène externe, à laquelle ils sont t plus ou moins Immédiatement accolés. Ils recueillent à ce niveau les lymphatiques de la partie Inférieure de la face postérieure de la jambe. Toujours satellites de la saphène, ils vont se placer, comme cette dernière, dans le sillon qui sépare les deux jumeaux. Au niveau de la partie supérieure de leur trajet, ils deviennent sous-aponévrotiques et ne reçoivent plus d'affluents cutanés. Ils se terminent dans le ganglion juxta-saphène qui est le plus superficiel des ganglions poplités.

Collecteurs de la région fessière.

Les collecteurs de la région fessière peuvent être distingués en deux groupes, l'un externe, l'autre interne :

  • Les collecteurs externes sont les plus importants. Ils naissent des deux tiers externes de la région. Ils se portent d'abord en bas et en dehors et en avant, puis directement en avant; ils contournent alors le grand trochanter et viennent se terminer dans le groupe supéro-externe des ganglions inguinaux superficiels.
  • Les collecteurs internes ne desservent que le tiers interne de la fesse. Ils vont s'unir aux vaisseaux émanés des téguments de la région anale. Comme ceux-ci ils se portent en bas et en avant, contournent la partie supérieure de la cuisse et se jettent dans les groupes supéro-interne et inféro-interne des ganglions inguinaux superficiels.

Lymphatiques profonds

Les lymphatiques profonds du membre inférieur sont assez rigoureusement satellites des vaisseaux sanguins. Ils comprennent une voie principale qui suit d'abord les différents troncs artériels de la jambe, puis s'accole à la poplitée et à la fémorale, et des voies accessoires, satellites des vaisseaux obturateurs, ischiatiques et fessiers.

Voie principale.

Au pied et à la jambe, les lymphatiques profonds se répartissent donc en trois groupes les lymphatiques pédieux et tibiaux antérieurs, les lymphatiques plantaires et tibiaux postérieurs, les lymphatiques péroniers.

Les lymphatiques pédieux et tibiaux antérieurs naissent à la plante du pied. Les troncules qui leur donnent naissance émanent des muscles profonds de la plante. Ils se réunissent en un ou deux troncs qui se portent vers la face dorsale du pied en accompagnant l'anastomose de la plantaire externe et de la pédieuse. Ils s'accolent ensuite à cette dernière puis à la tibiale antérieure. Après s'être interrompus dans le ganglion tibial antérieur, ils poursuivent leur route et suivant toujours la tibiale antérieure, viennent se terminer dans le groupe moyen des ganglions poplités. Chemin faisant, ils ont recueilli tous les lymphatiques profonds de la face dorsale du pied et de la loge antérieure de la jambe.

Les lymphatiques plantaires et tibiaux postérieurs apparaissent au niveau de la plante, suivent les deux artères plantaires, puis la tibiale postérieure et viennent se terminer dans les mêmes ganglions que les précédents. C'est aussi à ces ganglions qu'aboutissent les lymphatiques péroniers, satellites des vaisseaux de ce nom.

Après s'être interrompus dans les ganglions poplités, tous ces vaisseaux montent autour de la veine fémorale. Celle-ci est ordinairement accompagnée par quatre ou cinq troncs, placés les uns en avant, les autres en dedans d'elle. Comme nous l'avons vu, on peut rencontrer sur le trajet de ces vais- seaux un ou deux petits ganglions au niveau de la partie moyenne de la cuisse. Ces vaisseaux se terminent dans les ganglions inguinaux profonds.

Voies accessoires

Les lymphatiques obturateurs, nés des muscles adducteurs, s'engagent dans le canal obturateur et se terminent soit dans le ganglion obturateur lorsque celui-ci existe, soit dans le ganglion moyen de la chaîne interne du groupe iliaque externe.

Les lymphatiques ischiatiques satellites de l'artère de ce nom, aboutissent à un ganglion hypogastrique; ce ganglion terminal repose sur le tronc antérieur de l'iliaque interne. Dans leur trajet extra- pelvien, les vaisseaux ischiatiques traversent de petits ganglions placés au-dessous du muscle pyramidal.

Les lymphatiques fessiers émanent des muscles fessiers et des pelvi-trochantériens ; ils se terminent dans un ganglion intra-pelvien, placé sur le tronc même de l'artère au niveau du bord supérieur de la grande échancrure sciatique. Comme les précédents, ils présentent sur leur trajet six à dix petits nodules ganglionnaires interrupteurs (Mascagni, Sappey).

Anastomoses

Les lymphatiques superficiels et profonds sont nettement indépendants les uns des autres. Mascagni aurait cependant vu un des troncs superficiels, satellites de la veine saphene interne, traverser l'aponévrose au niveau du tiers moyen de la cuisse pour aller s'anastomoser avec les lymphatiques profonds (Mascagni, loc. cit. tab. IV, fig. 2). Bonamy, Broca et Beau figurent une disposition du même ordre (loc. cit., t. II, pl. 45. fig. 2). Par contre, Sappey déclare n'avoir jamais pu constater d'anastomose entre les lymphatiques superficiels et les lymphatiques profonds. Il importe pourtant de remarquer que le vaisseau efférent que les ganglions poplités envoient aux ganglions inguinaux superficiels, constitue une véritable anastomose entre les lymphatiques profonds et superficiels. Cette exception ne saurait cependant infirmer la règle, et on peut continuer à admettre, en thèse générale, l'indépendance de l'appareil lymphatique superficiel et de l'appareil lymphatique profond.

 D'après Traité d'Anatomie humaine par P. Poirier.

 

 

 

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