La gaine du muscle grand droit de l'abdomen, que nous n'avons fait qu'indiquer en décrivant le muscle, est formée dans la plus grande partie de son étendue, comme nous l'avons déjà vu , par les aponévroses d'insertion antérieures des muscles larges de l'abdomen. ­

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Constitution anatomique de la gaine

Allongée de bas en haut, aplatie d'avant en arrière, elle a exactement la même configuration que le muscle qu'elle renferme et, par conséquent, nous offre à considérer une paroi antérieure .une paroi postérieure et deux bords, l'un interne, l'autre externe. 

Paroi antérieure 

La paroi antérieure est constituée par l'aponévrose du grand oblique, doublée sur sa face profonde du feuillet antérieur de l'aponévrose du petit oblique. Dans son quart inférieur, cette paroi antérieure, déjà très épaisse et très résistante, se trouve renforcée encore par le feuillet postérieur de l'aponévrose du petit oblique et par l'aponévrose du transverse qui, à ce niveau, abandonnent la face postérieure du muscle grand droit pour passer en avant de lui.

Paroi postérieure 

La paroi postérieure est formée par le feuillet postérieur de l'aponévrose du petit oblique et par l'aponévrose du transverse, intimement unis l'un a l'autre. Toutefois cette paroi, ainsi constituée, n'existe que dans les trois quarts supérieurs du muscle grand droit car, dans son quart inférieur, les deux aponévroses du petit oblique et du transverse, comme nous l'avons dit tout à l'heure, passent tout entières en avant du muscle.

 Malgré ce changement de direction des lames aponévrotiques précitées, la gaine musculaire n'est nullement ouverte à sa partie postérieure et inférieure, comme l'enseignent à tort certains auteurs. Les aponévroses du petit oblique et du transverse, une fois passées sur la face antérieure du grand droite sont remplacées, sur la face postérieure de ce muscle par une nouvelle lame fibreuse, le fascia transversalis lequel, comme nous l'avons déjà vu, n'est autre chose que l'aponévrose d'enveloppe postérieure du muscle transverse. Cette lame fibreuse descend jusqu'au pubis et complète ainsi, a. sa partie postérieure et inférieure, la gaine du droit. Il n'est donc pas exact de dire que ce muscle droit, dans son quart inférieur, entre immédiatement en rapport avec les anses intestinales il en est séparé, comme on vient de le voir, par le fascia transversalis. Cette absence de gaine fibreuse a la partie postérieure et inférieure du muscle grand droit à donné lieu à des interprétations nombreuses. L'opinion la plus acceptable me parait celle de Gegenbaur, qui rattache cette disposition anatomique à la présence de la vessie : la vessie, pendant la période fœtale, est située immédiatement en arrière du muscle grand droit et c'est elle qui, en s'appliquant directement contre le muscle, depuis le pubis jusqu'à l'arcade de Douglas, empêcherait l'aponévrose de se développer sur ce point.

Bord externe

Le bord externe de la gaine du droit est constitué : en haut, par l'angle de bifurcation de l'aponévrose du petit oblique en bas, dans le quart inférieur ou, ce qui revient au même, au-dessous de l'arcade de Douglas, par l'angle dièdre que forment, en s'écartant l'un de l'autre, le fascia transversalis et l'aponévrose d'insertion du muscle transverse. 

Bord interne

Il répond à la ligne blanche et n'est autre que l'angle dièdre formé par la rencontre des deux parois antérieure et postérieure de la gaine.

Atmosphère celluleuse du muscle

Le muscle grand droit baigne au sein d'une atmosphère celluleuse, qui l'entoure de toutes parts et qui, de ce fait, le sépare de sa gaine. Quoique partout continue à elle-même, cette atmosphère celluleuse forme deux couches assez distinctes, l'une qui répond à la face postérieure du muscle, l'autre qui s'étale sur sa face antérieure. Comme, au niveau des intersections aponévrotiques du droit, la paroi antérieure de la gaine adhère intimement a ces intersections, tandis que la paroi postérieure ne présente avec elles aucune adhérence, il en résulte, et ce détail est utile a connaître en clinique : que la couche celluleuse pré-musculaire est divisée, par suite des adhérences précitées, en une série de trois ou quatre étages superposés et plus ou moins isolés les uns des autres ; que la couche celluleuse rétro-musculaire, au contraire, s'étend sans interruption depuis l'appendice xiphoïde et les côtes jusqu'au pubis.

 

Espace sus-pubien

 

Le muscle grand droit et sa gaine sont très rapprochés l'un de l'autre, ce qui revient à dire que les deux couches celluleuses pré- et rétro-musculaires sont très minces. A la partie postérieure et inférieure, cependant, la couche rétro-musculaire acquiert une épaisseur relativement considérable et voici comment. Un peu au-dessus du pubis, le muscle grand droit et le fascia-transversalis, jusque-là très rapprochés, s'écartent progressivement l'un de l'autre pour venir se terminer, le premier au-devant du pubis, l'autre sur la lèvre postérieure de son bord supérieur. Par suite de cet écartement il se développe, entre la lame musculaire et la lame fibreuse, un espace triangulaire ou en forme de V renversé, dont la base répond au rebord pubien et a naturellement la même épaisseur que ce rebord : c'est l'espace sus-pubien ou cavum supra-pubicum de Leusser.

Il est comblé par du tissu cellulaire plus ou moins riche en graisse, et cette nappe cellulo-graisseuse n'est, comme on le voit, qu'une dépendance de la couche rétro-musculaire indiquée plus haut : c'est la partie tout inférieure ou sus-pubienne de cette couche. Nous ajouterons, comme détail utile en pathologie de la région, qu'il existe deux cavités sus-pubiennes, l'une à droite, l'autre a gauche : elles sont séparées l'une de l'autre, sur la ligne médiane, par l'adhérence du fascia transversalis à la ligne blanche.

 

Communications extérieures de la gaine

 

La gaine fibreuse du muscle droit, parfaitement close de toutes parts, ne communique avec les régions du voisinage que par les orifices, toujours très petits du reste, qui livrent passage des vaisseaux ou à des nerfs. Parmi ces orifices, nous citerons : en haut, celui par lequel la branche abdominale de la mammaire interne arrive à la face postérieure du muscle grand droit ; en bas et sur les côtés, les deux orifices qui livrent passage à l'artère épigastrique et à son rameau sus-pubien ; en avant, les nombreux orifices par lesquels les rameaux nerveux perforants internes et perforants externes arrivent aux téguments.

D’après L. Testut Traité d’anatomie humaine.




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