La cloison interventriculaire, qui forme à la fois la paroi interne du ventricule gauche et la paroi interne du ventricule droit, a naturellement la forme d’une lame triangulaire dont la base répond aux oreillettes et le sommet à la pointe du cœur. Le cœur étant en place, elle est orientée d’une façon telle que sa face gauche regarde en bas et en arrière ; par contre, sa face droite regarde en haut et en avant. Nous avons déjà vu, en étudiant les ventricules, qu’elle est fortement convexe du côté du ventricule droit, fortement concave, au contraire, du côté du ventricule gauche. De plus, elle est tordue sur son axe vertical à la façon d’une hélice : cette disposition visible sur la figure 41 est nette lorsqu'on examine une série de coupes transversales d’un cœur fixé en contraction.

L’épaisseur de la cloison interventriculaire est considérable, mais elle n’est pas uniforme. Si on examine cette cloison sur une coupe vertico-transversale passant par sa partie moyenne, on constate tout d’abord qu’elle présente son maximum d’épaisseur à son extrémité inférieure : elle mesure, à ce niveau, de 10 à 15 millimètres ; elle s’atténue graduellement au fur et à mesure qu’elle s’élève et se termine, tout en haut, au moment de se continuer avec la cloison interauriculaire, par une partie extrêmement mince et plus ou moins transparente, qui présente à peine 1 millimètre et demi à 2 millimètres d’épaisseur, quelquefois beaucoup moins. Elle se compose donc de deux portions très dissemblables : une portion inférieure (6), épaisse et musculeuse (pars musculosa), qui représenté la presque totalité de la cloison ; une portion mince et membraneuse (pars membranacea), toute petite (7), qui constitue sa partie supérieure. Cette dernière portion est dépourvue de fibres musculaires : elle est formée par une simple lame de tissu conjonctif et élastique, tapissée à droite et à gauche par l’endocarde correspondant. C’est le undefended space des auteurs anglais.

La portion membraneuse de la cloison interventriculaire (6') est située immédiatement au-dessous des sigmoïdes aortiques, tantôt sous la valvule postérieure, tantôt et le plus souvent entre la valve postérieure et la valve droite. Sa forme varie beaucoup suivant les sujets : elle est, dans la plupart des cas, arrondie ou ovalaire à grand axe antéro-postérieur. Nous l’avons

La cloison interventriculaire vue sur une coupe vertico-transversale ou frontale passant par l’orifice aortique (segment postérieur de la coupe).

1, ventricule gauche. — 2, ventricule droit. — 3, oreillette droite. — 4, aorte, avec : 4', sa valvule postérieure. — 5, artère pulmonaire. — 6, cloison interventriculaire, portion musculeuse, avec : 7, sa portion membraneuse (on voit qu’une flèche traversant horizontalement cette portion membraneuse va du ventricule gauche dans l’oreillette droite). — 8, valve interne de la mitrale. — 9, valve interne de la tricuspide. — 10, canal aortique.

vue, plusieurs fois, revêtir la forme d’un triangle, dont la base, dirigée en bas, se continuait avec la portion musculeuse de la cloison et dont le sommet, dirigé en haut, répondait à l’angle d’écartement des deux valvules précitées. Quant à ses dimensions, elles sont aussi très variables : elle mesure en moyenne 10 ou 12 millimètres de largeur, sur 6 ou 8 millimètres de hauteur ; soit, en surface, 60 à 90 millimètres carrés. Son épaisseur ne dépasse pas 1 millimètre en moyenne. Sa face droite est lisse et unie : sur elle s'attache, à sa partie antérieure, la valve interne de la tricuspide. Sa face gauche, également unie et lisse, répond à une dépression plus ou moins prononcée, mais constante, de la paroi ventriculaire : on pourrait l’appeler la facette sous-sigmoïdale du ventricule gauche.

Pars membranacea de la cloison interventriculaire, vue de face par le ventricule gauche.

1, ventricule gauche. — 2, aorte, avec : 3, sa valvule postérieure : 4, sa valvule droite ; 5, sa valvule gauche. — 6, cloison interventriculaire, avec : 6, sa portion membraneuse. — 7, valve interne de la mitrale. — 8, artère pulmonaire. — 9, artère coronaire droite. — 10, artère coronaire gauche.

(La ligne pointillée qui se trouve au-dessous de la valvule sigmoïde postérieure indique la ligne d’insertion, dans le ventricule opposé, de la valve interne de la tricuspide.)

 

Du côté du ventricule gauche, la portion membraneuse de la cloison est entièrement située sur la paroi interne de ce ventricule. Mais il n’en est pas de même du côté opposé : là, sa partie intérieure seulement répond au ventricule droit et elle est placée, comme nous le montre nettement la figure, au-dessus de la valve interne ou septale de la tricuspide ; sa partie supérieure (par suite de ce fait que le ventricule droit est un peu plus court que le ventricule gauche) répond, non pas à la cavité ventriculaire, mais à l’oreillette située au-dessus. Si l’on examine attentivement la paroi interne de l’oreillette droite d’un cœur frais, on remarque au-dessous de l’anneau de Vieussens et au-dessus de l’insertion septale de la valve interne de la tricuspide une zone moins colorée et qui bombe légèrement du côté de l’oreillette : c’est la zone répondant à la portion membraneuse. La différence de coloration est due à l’absence de fibres musculaires. Si, à ce niveau, on enfonce une aiguille dans la partie la plus inférieure de l’oreillette droite et si on lui fait suivre de droite à gauche un trajet horizontal (Voy la flèche sur la figure) cette aiguille pénètre, non pas dans l’oreillette gauche, mais bien dans le ventricule sous-jacent, dans la portion de ce ventricule qui se trouve immédiatement en dedans de la valvule mitrale.

Embryologiquement, la cloison interventriculaire de l'adulte dérive de deux formations bien différentes : le septum inferius de His et le septum aorticum. Le septum inferius ou cloison interventriculaire primitive apparaît sur la partie inférieure et postérieure des parois ventriculaires et, de là, se porte en haut vers le bulbe aortique ; elle est complètement achevée au début de la huitième semaine. Le septum aorticum ou cloison du bulbe aortique, qui divise en deux parties (aorte et artère pulmonaire) la cavité artérielle primitive, débute à la partie supérieure du bulbe aortique : de là, il progresse de haut en bas, marchant à la rencontre de la cloison interventriculaire : il atteint cette dernière cloison et, en se fusionnant avec elle, il intercepte toute communication entre le ventricule droit et le ventricule gauche. De ces deux cloisons, l’une ascendante, l’autre descendante, la première est représentée, sur le cœur de l’adulte, par la portion musculeuse de la cloison interventriculaire ; la seconde forme la portion membraneuse de cette même cloison. Un peu avant la soudure de la cloison interventriculaire primitive avec la cloison aortique, les deux ventricules communiquent encore, à leur partie toute supérieure, à l’aide d’un petit orifice, que l’on désigne ordinairement sous le nom de pertnis ou foramen de Panizza. Le trou de Panizza persiste durant toute la vie chez un grand nombre de reptiles, notamment chez les Crocodiliens. On le rencontre parfois chez l’homme à l’état d’anomalie et il occupe naturellement la partie inférieure de la portion membraneuse do la cloison interventriculaire, le point où cette portion membraneuse vient s’unir à la portion musculeuse. Du reste, l’ouverture anormale est tantôt triangulaire, tantôt arrondie ou ovalaire. Elle est le plus souvent unique : mais on rencontre parfois, à côté d’un orifice principal, un ou deux orifices accessoires. Dans le développement do la cloison interventriculaire, Koch fait jouer un rôle important au phénomène en quelque sorte de retournement, de retroussement des ventricules au cours du développement.

Chez certains mammifères (Bœuf), la musculature de la cloison interventriculaire arrive jusqu’à l’origine de l’aorte ; il n’y a pas de cloison transparente. Il existe d’ailleurs de très nombreuses variations sur la constitution de cette cloison. C’est ainsi qu’on peut trouver un cartilage chez le chien ou même un os chez le bœuf dans la région qui répond à la zone membraneuse, à cette pars membranacea que constitue uniquement du tissu conjonctif et qui prête un solide point d’appui à la partie droite de l’origine aortique. 

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