il existe différents types de toux, qui conduisent à différents diagnostics.
Mécanisme de la toux
La toux est un acte réflexe, neurogène. Elle correspond à une expiration brusque et bruyante, la glotte étant d'abord fermée puis subitement ouverte pour assurer une expulsion à très fort débit de l'air et des sécrétions éventuelles contenues dansl'arbre trachéo-bronchique. Elle est le plus souvent.'involontaire mais peut être sciemment commandée (un des rôles de la rééducation respiratoire).
L'arc réflexe est le suivant :
- récepteurs (surtout à l'irritation) puis nerfs afférents provenant de très nombreux sites. Les plus sensibles sont pharyngo-laryngés, trachéo-bronchiques (éperons de bifurcation des grosses bronches) et pleuraux mais il peut aussi s'agir de stimulation de l'oreille moyenne, du médiastin voire d'organes sous diaphragmatiques. L'atteinte pulmonaire isolée ou bronchique très distale est peu tussigène ;
- centres bulbaires avec connexions corticales ;
- nerfs moteurs efférents à destinée glottique (récurrents), intercostale, diaphragmatique et musculaire abdominale. La musculature abdominale a un rôle majeur dans le caractère actif de cette expiration forcée.
Description de la toux
pour caractériser une toux on recherche :
- la date d'apparition
- son caractère :
- aiguë, récent, le plus souvent liée à une pathologie infectieuse bronchique ou des voies aériennes supérieures (ou d'une otite chez le petit enfant);
- chronique, le plus souvent liée à une bronchopathie chronique mais imposant toujours au moins, outre l'examen clinique, un cliché thoracique;
- la productivité
- toux grasse, de timbre humide, produisant une expectoration, qui peut ne pas aboutir à un crachat lorsqu'elle est déglutie, fait fréquent chez la femme et l'enfant. Cette toux n'est parfois pas suffisamment active pour permettre l'issue des sécrétions : toux inefficace, nécessitant une rééducation;
- toux sèche, de timbre plus aigu, sans expectoration, ni sécrétion. Elle survient souvent par quintes faites de secousses répétitives (exemple : la coqueluche). Elle est souvent asthéniante, parfois émétisante (déclenchant nausées et vomissements) chez le petit enfant. Son caractère irritatif peut autoriser la prescription de sédatifs ou d'antitussifs ce qui n'est jamais le cas pour une toux productive ;
- l'horaire, périodicité dans l'année et le mode de survenue doivent-être précisés car ces caractères orientent le diagnostic étiologique.
Valeur sémiologique et orientation diagnostique
Toux aiguë
- contexte infectieux :
- pharyngite,
- laryngite,
- otite,
- sinusite,
- bronchite,
- pneumonie,
- pleurésie ;
- contexte allergique: équivalent de l'asthme (toux spasmodique souvent nocturne) ;
- cardiopathie gauche : équivalent mineur de l'oedème pulmonaire, manifestation classique du poumon cardiaque survenant soit à l'effort, soit au primo-décubitus complet ;
- inhalation aiguë de poussière ou de gaz irritants.
Ces associations constituent des situations fréquentes et de diagnostic facile, simplement clinique lorsque le contexte est évident. L'absence de ces éléments et la persistance de la toux plus de 3 jours imposent la pratique d'un cliché thoracique à la recherche d'une affection bronchique (tumeur, corps étranger, trouble de ventilation), pulmonaire (pneumopathie infectieuse, cancer), médiastinale (adénopathie ou tumeur compressive), ou pleurale (la toux survient alors surtout aux changements de position).
Toux chronique productive
Elle est due dans la majorité des cas à une bronchite chronique, souvent tabagique, mais cette haute fréquence a pour risque de banaliser ce symptôme. Il faut savoir s'étonner :
- d'une modification des caractères de la toux chez un grand fumeur car lorsqu'elle devient plus fréquente, plus quinteuse, elle est signe d'alarme du cancer bronchique ;
- d'une productivité importante avec surinfections fréquentes (dilatation des bronches) ;
- de sa survenue exclusive ou de son intensification lors des repas (recherche d'une pathologie de déglutition : cancer pharyngo-laryngé, fistule oeso-trachéale, hernie hiatale ;
Toux chronique sèche
- pathologie laryngée, otite ou sinusite chronique ;
- cancer bronchique (y penser de principe chez le fumeur à plus de 2 (paquets-années et demander alors une endoscopie-bronchique même si le cliché thoracique est apparemment normal). ;
- pathologie interstitielle pulmonaire (valeur du cliché thoracique pour mettre en évidence le syndrome interstitiel)
- fibroses et granulomatoses pulmonaires
- poumon cardiaque (oedème subaigu),
- carcinomatose ou tuberculose miliaire
- pleurésies chroniques
- certains agents inhalés sont parfois en cause, soit par un mécanisme irritant direct, soit par un mécanisme immuno-allergique immédiat (type asthme) ou semi-retardé (type alvéolites allergiques); ce n'est que par élimination qu'est retenu le diagnostic de tic nerveux, manifestation psycho-somatique non exceptionnelle.
A RETENIR
- La toux est un mécanisme de défense de l'appareil respiratoire, le plus souvent utile et à respecter
- Une toux productive contre-indique la prescription d'un sirop antitussif ; elle doit être éduquée pour faciliter l'expectoration ;
- Elle doit toujours être explorée:
- TOUX > 3 jours = CLICHE THORACIQUE
- TOUX > 3 semaines =ENDOSCOPIE BRONCHIQUE