Il n’entre pas dans le cadre de cet ouvrage d’envisager en détail les variations nombreuses et si importantes des dents. Mais l’anatomie doit cependant connaître les grands groupes de dysmorphies qui peuvent atteindre l’appareil dentaire et les maxillaires qui les supportent.

Variations de formes des dents

On observe très fréquemment des différences des formes typiques que nous avons décrites. Ces différences frappent surtout le stomatologiste qui les observe sur le vivant. Nombreuses sont les causes générales de variations. Il est certain qu’il existe une influence de la constitution générale des individus sur la forme des dents. Nous savons tout d’abord que les maladies héréditaires, en particulier la syphilis, entraînent fréquemment une conformation défectueuse des dents. Des états fonctionnels divers laissent aussi leurs traces sur la forme dentaire. Certains auteurs étrangers, tel Kieh, l’éminent professeur de clinique dentaire à l’Université de Pensylvanie, signalent une relation entre la forme dentaire et le tempérament. Pour Kieh, les tempéraments primaires fondamentaux comprennent : les tempéraments bilieux, sanguin, nerveux et lymphatique.

Le bilieux aurait des dents d’un jaune foncé, fortes, longues et anguleuses. Elles ne possèdent qu’une légère translucidité, ne sont pas brillantes. Leur articulation est parfaite. Elles sont résistantes.

Le sanguin a les dents rangées symétriquement et bien proportionnées. La teinte est crème, plutôt jaune, assez brillante et translucide. Les contours sont arrondis et incurvés. Elles sont bien disposées et leur occlusion est bonne.

Le nerveux a des dents plutôt longues, à bords incisifs et à cuspides fins et allongés. Leur couleur est bleu-perle ou grise. Elles sont très transparentes au niveau de l'apex.

Leur occlusion est très marquée.

Le lymphatique possède des dents pâles et opaques, sombres ou terreuses. Elles sont hautes et larges et mal conformées. Les cuspides sont bas et arrondis. L occlusion est lâche et peu engrenée.

La forme des dents a été étudiée également suivant les combinaisons binaires de ces tempéraments (sanguin-bilieux, nerveux-bilieux, etc...). Ce qu’il faut retenir de ces données, c’est que les qualités humorales ont certainement une influence sur l’aspect et aussi sur la constitution des dents dont cet aspect dérive. Parmi les variations de forme, signalons :

1° la réduction de volume ou microdontisme : les dents minuscules sont séparées par des espaces larges ;

2° le macrodentisme ou augmentation considérable de certaines dents. Cette variation atteint surtout les incisives supérieures et les canines, qui peuvent ainsi faire saillie au dehors.

A côté de ces variations de forme, il existe d’autres anomalies plus importantes pour l’anatomiste.

Absences dentaires. Variations par défaut

Le degré le moins développé des variations par défaut est le développement incomplet d’une dent. Les troisièmes molaires

 

Troisième molaire inférieure inclus dans l’épaisseur du maxillaire (d’après Kirk).

1, troisième molaire inférieure ou dent de sagesse incluse. — 2, canal dentaire. — Voyez les rapports que ce canal offre avec la dent incarcérée.

 

et, après celles-ci, les incisives latérales supérieures sont souvent atteintes de réduction de volume. Cette réduction peut aboutir à l’absence totale de la dent. Ce sont encore les troisièmes molaires, ensuite les incisives latérales, puis les premières prémolaires qui sont le plus souvent sujettes à cette absence. Il semble bien que cette anomalie signale une influence fonctionnelle réductrice. Certaines dents, moins utiles que les autres, tendent à disparaître. Darwin signalait, il y a déjà longtemps, que l’homme futur n’aura que vingt-huit dents, par suite de la disparition de la troisième molaire. On sait que celle-ci, appelée souvent dent de sagesse, présente d’ailleurs souvent des difficultés à surgir. Elle est sujette à de nombreuses anomalies de position ; son éruption est assez souvent compliquée et peut même entraîner de graves complications. Elle reste souvent incluse dans le maxillaire inférieur, encastrée en plein tissu osseux, en position telle qu’une intervention chirurgicale devient nécessaire pour en pratiquer l’ablation. L’absence de la troisième molaire a été constatée par Montegazza au maxillaire supérieur sur 21,93 % des crânes qu’il a examinés et au maxillaire inférieur sur 28,34 %. Cette absence, serait souvent héréditaire. 

Absence totale des dents

L’absence totale des dents a été signalée par Fox et Sabathier (cités par Fischer). En général, cette anomalie s’accompagne d’une alopécie congénitale. N’oublions pas que le système pileux et le système dentaire dépendent du feuillet ectodermique et se développent à peu près en même temps. « Cette malformation simultanée du système dentaire et du système pileux trouve sa justification dans cette loi : quand on observe plusieurs- anomalies chez un même individu, ces anomalies portent d’ordinaire sur les organes qui ont la même origine embryologique et dont o développement est synchrone (Le Double). »

Variations par excès et dents supplémentaires

Ce sont les incisives qui sont le plus souvent sujettes à l’augmentation, beaucoup plus rarement les prémolaires et les molaires, jamais les canines.

Le plus souvent, les dents en surnombre sont situées soit en dedans, soit en dehors de l’arcade dentaire, en avant, ou en arrière de la dent normale. Cette hétérotypie peut s’étendre en dehors même du maxillaire. On a signalé la présence de dents en surnombre sur le palais, dans le sinus maxillaire et même sur le plancher de l’orbite (de Laper- sonne).

Fischer distingue avec raison la fausse augmentation du nombre des dents de la vraie. La fausse augmentation consiste dans la persistance d’une ou plusieurs dents de lait pendant toute la vie, la dentition permanente étant normale. La vraie provient de bourgeons dentaires surnuméraires ou d’un dédoublement de ces bourgeons normaux.

Variations de l’évolution dentaire

La présence de dents à la naissance a été signalée par de nombreux auteurs. La plupart du temps, ces dents tombent quelques jours après la naissance et sont remplacées par les véritables dents de lait. D’autres persistent. Les premières sont dues à un germe dentaire anormal (prédentition précédant la dentition temporaire) ; les secondes, qui persistent, sont de véritables dents temporaires. D’après Fischer, la présence de dents à la naissance ne se rencontre pas plus d’une fois sur 2 000 ou 3 000 enfants naissants.

Une variation, rare encore, consiste en l’apparition d’une troisième dentition. Le plus souvent, il s’agit do sujets extrêmement âgés, ayant dépassé quatre-vingts et même quatre-vingt-dix ans. Cependant, il existe des cas indiscutables d’une dentition tertiaire survenue chez des individus âgés de moins de cinquante ans.

Il faudrait rattacher aux malformations dentaires celles qui concernent la portion alvéolaire des maxillaires ou maxillaire tout entier. Ce sont surtout le bec-de-lièvre pour la mâchoire supérieure, c’est-à-dire les fissurations apportées dans 1 ossification, ou bien les agénésies du maxillaire inférieur qui s’accompagnent soit d’absence dentaire, soit d’un défaut d’articulation des dents. (Voy., pour ces détails : Les Dysmorphies congénitales crânio-faciales, Fischer, 1929 ; — L'appareil branchial et ses perturbations évolutives, Pires do Lima et H. Monteiro.)

 

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