Les personnes autistes sont disproportionnellement vulnérables à l'anorexie nerveuse et à d'autres troubles alimentaires (DE), et dans la population générale, les traits autistiques sont en corrélation avec la psychopathologie des DE.

L'alexithymie, une difficulté à identifier et à décrire les états émotionnels observés à la fois dans l'autisme et les troubles de l'alimentation, est un mécanisme présumé qui pourrait être à l'origine de ce risque accru. Dans deux expériences avec des échantillons non cliniques indépendants, nous avons cherché à savoir si l'alexithymie pouvait être à l'origine du risque accru de psychopathologie alimentaire chez les individus présentant des traits autistiques élevés.

Méthodes

Notre première expérience a utilisé la macro PROCESS pour SPSS afin d'examiner les relations entre l'alexithymie (mesurée par l'échelle d'alexithymie de Toronto (TAS-20)), les traits autistiques (quotient autistique (QA)) et la psychopathologie alimentaire (test des attitudes alimentaires (EAT-26)) chez 121 participants. Notre deuxième expérience (n = 300) a reproduit et approfondi cette analyse en examinant les effets modérateurs du sexe et en contrôlant l'anxiété et la dépression en tant que covariables. Nous avons également inclus une mesure supplémentaire de l'alexithymie basée sur les performances, l'échelle des niveaux de conscience émotionnelle (LEAS).

Résultats

L'étude 1 a suggéré que les scores TAS-20 ont servi de médiateur dans la relation entre les traits autistiques accrus et la psychopathologie alimentaire. La reproduction et un examen plus approfondi de cette conclusion, dans l'étude 2, ont révélé que cet effet de médiation était partiel et spécifique aux participantes de cet échantillon. L'effet de médiation semblait être porté par la difficulté à identifier la sous-échelle des sentiments du TAS-20, même lorsque la dépression et l'anxiété étaient contrôlées. Les scores du LEAS, cependant, n'étaient pas significativement liés aux traits autistiques ou à la psychopathologie alimentaire.

Limitations

Les données transversales empêchent toute conclusion sur la direction et la causalité des relations entre l'alexithymie, les traits autistiques et la psychopathologie alimentaire (aux côtés de la dépression et de l'anxiété), ce qui nécessite une recherche longitudinale. Notre échantillon non clinique était composé principalement d'étudiants de premier cycle de race blanche, il reste donc à voir si ces résultats peuvent être extrapolés à des échantillons cliniques et/ou autistes. La divergence entre le TAS-20 et le LEAS soulève des questions cruciales concernant la validité conceptuelle de ces mesures.

Conclusions

Nos conclusions concernant les traits autistiques suggèrent que l'alexithymie pourrait expliquer en partie la prévalence de la DE chez les personnes autistes et pourrait donc être un facteur important dans la pathogenèse et le traitement de la DE chez les personnes autistes et non autistes. Il est essentiel de poursuivre les recherches avec des échantillons cliniques pour explorer ces idées. Les différences entre les hommes et les femmes soulignent en outre l'importance de rechercher les facteurs de risque spécifiques au sexe ainsi que les facteurs de risque génériques chez les hommes et les femmes autistes et non autistes.

Lire l'intégralité de l'étude en anglais.

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