Envisagés d'un point de vue tout à fait général, les muscles de l'avant-bras peuvent être divisés en muscles longs, muscles courts et muscles plats. La plupart sont des muscles longs, dirigés suivant l'axe de l'avant-bras. Ils sont répartis en deux ou plusieurs couches, dans les différentes régions de l'avant-bras. Ces régions au nombre de trois sont dites : antérieure, postérieure et externe ; l'antérieure compend presque exclusivement les muscles fléchisseurs de la main et des doigts; la postérieure est composée des muscles extenseurs ; l'externe, intermédiaire aux précédentes, participe des deux, elle comprend un muscle fléchisseur, deux extenseurs et un supinateur.

La crête cubitale sépare les muscles des régions antérieure et postérieure; deux cloisons aponévrotiques isolent en partie la région externe.

Dans chaque région les muscles superficiels, plus longs, prennent leur origine sur l'extrémité inférieure de l'humérus, tandis que les muscles profonds naissent en majeure partie du squelette antibrachial. De plus, dans chaque région, les muscles de la couche superficielle, intimement unis entre eux et avec l'aponévrose superficielle et l'appareil ligamenteux du coude, sont confondus en une masse commune d'origine.

Tous ces muscles ont une direction longitudinale : trois seulement sont très obliques : le rond pronateur, le court supinateur et l'anconé ; un seul est transversal, le carré pronateur.

Le corps charnu de la plupart de ces msucles répond à la moitié supérieure de l'avant-bras, leur tendon à la moitié inférieure ; de là , la forme conique de ce segment du membre supérieur.

Je trouve dans Ledouble (Bibl. Anat., mai-juin 1895) une intéressante remarque de Humphry :

Nous avons vu plus haut que les muscles supinateurs et extenseurs de la main dérivent d'une masse commune « supinato-extensor mass » du Pr. Humphry. Les muscles pronateurs et fléchisseurs du poignet et des doigts ont de même pour origine une lame contractile commune « pronator-flexor mass » de Humphry. Dans les espèces inférieures, dans quelques batraciens et quelques reptiles, où la main n'a que des mouvements d"ensemble, l'agent actif de ces mouvements est presque indivis. A mesure que la main se perfectionne, cet agent se segmente davantage et se compose bientôt de deux couches : une couche profonde de laquelle proviennent les fléchisseurs profonds des doigts et le carré pronateur, une couche superficielle, compacte en haut, et partagée inférieurement en trois segments : un segment cubital duquel naît le cubital antérieur, un segment radial duquel naît le rond pronateur et le grand palmaire, un segment médian ou intermédiaire duquel naît le fléchisseur commun superficiel des doigts et le petit palmaire. A son état de complet développement, le petit palmaire se prolonge par une aponévrose, d'abord étroite puis étalée en éventail, jusque sur les tendons du fléchisseur commun sous-jacent ou sur les phalanges. Il constitue, en un mot, un fléchisseur commun sous-cutané des doigts superposc aux fléchisseurs communs superficiel et profond. »

Il ne faudrait cependant pas exagérer la simplicité morphologique des muscles antibrachiaux chez les vertébrés inférieurs. Les recherches de Eisler sur les muscles du membre thoracique des urodèles ont montré que, chez ces animaux, il n'existait pas moins de 4 fléchisseurs antibiachiaux des doigts dont 1 superficiel et 3 profonds. Il est vrai que la différenciation porte surtout sur les masses charnues et que les insertions digitales se font par un appareil tendineux commun à tous ces muscles. En somme, le perfectionnement morphologique qui s'accomplit au cours de la phylogénie porte surtout sur le mode de terminaison de ces différents muscles (V. Eisler. Die Flexores digitorum. Comnun. au congrès de Bàle, 1895. An. Anz. Erganzungsheft zum X Band.).

D'après Traité d'Anatomie par P.Poirier.