Le muscle anconé (M. anconeus), petit, en forme de pyramide triangulaire, naît par un tendon court et fort de la partie postérieure et inférieure de l'épitrochlée, où il semble continuer la portion interne du triceps ; le tendon d'origine se continue sur la face antérieure et le bord supérieur du muscle. Les fibres charnues qui s'en détachent vont s'insérer directement à toute l'étendue de cette large excavation, limitée par une ligne rugueuse, qui occupe le tiers supérieur de la face postérieure du cubitus. Les fibres supérieures se dirigent transversalement en dedans vers le côté externe de l'olécrâne : les suivantes sont d'autant plus obliques qu'elles sont plus inférieures.
Rapports
Par sa face antérieure, le muscle répond à l'interligne huméro-radial, à la partie postérieure de la cupule radiale et à l'angle postérieur du court supinateur ; sa face postérieure répond immédiatement à l'aponévrose anti-brachiale avec laquelle elle ne contracte aucune adhérence.
Les rapports de l'anconé avec le vaste interne du triceps brachial sont variables : le plus souvent, il n'y a pas d'interstice appréciable entre les deux muscles, les fibres supérieures de l'anconé succédant, sans interruption, aux fibres inférieures du vaste interne, comme ses insertions au cubitus continuent celles de l'extenseur brachial à la l'air externe de l'olécrâne. C'est en raison de cette continuité des deux muscles que quelques anatomistes, avec Theile, décrivent l'anconé, en même temps que le triceps brachial, sous le nom de petit anconé ou quatrième anconé. L'innervation de l'anconé (filet commun avec le vaste interne), l'identité de fonction viennent à l'appui de cette conception de l'anconé, quatrième portion du triceps brachial. Dans quelques cas, le vaste interne et l'anconé sont séparés par un interstice de grandeur variable. Plus rarement, on voit les fibres supérieures de l'anconé s'engager sous le vaste interne, obliquement ascendantes, continuant la couche profonde que l'on trouve parfois à ce muscle.
Sous le tendon d'origine de l'anconé, on trouve d'ordinaire une bourse séreuse assez grande, répondant certainement au frottement de ce tendon sur le pourtour de la cupule radiale. Contrairement à Gruber d'après lequel cette bourse manque d'ordinaire chez les jeunes sujets, je l'ai trouvée dans la moitié des cas; sur l'adulte, elle communique le plus souvent avec la synoviale articulaire; aussi quelques auteurs la considèrent-ils à tort comme un prolongement de cette synoviale.
Action
L'anconé, dont l'action est assez, puissante, produit l'extension de l'avant-bras. On peut donc le considérer, au point de vue physiologique ainsi qu'au point de vue anatomique, comme faisant partie du triceps brachial. De plus, ce muscle imprime au cubitus un mouvement de latéralité en dehors, mouve- ment très utile dans la pronation et dans la supination. Nous avons vu, en effet que, d'après Duchenne, le cubitus exécute, dans son articulation avec l'humérus, pendant la pronation et la supination : 1° un mouvement d'extension pendant le premier tiers du quart de cercle décrit par son extrémité inférieure ; 2° un petit mouvement d'inclinaison latérale de dedans en dehors pendant le tiers moyen ; ,3° un mouvement de flexion pendant le dernier tiers. L'anconé intervient pour produire le deuxième de ces mouvements.
Innervation
Le nerf de l'anconé vient du radiai: né dans la gouttière du nerf radial, ce filet traverse toute la hauteur du vaste interne en lui abandonnant de nombreux filets et aborde l'anconé par son bord supérieur. - C'est à tort qu'on attribue ce filet au vaste externe. - Enfin, d'après Luschka, il recevrait souvent un filet récurrent dé la branche postérieure du radial.
Variations et anomalies
Il peut se fusionner avec le vaste interne du triceps ou avec le cubital postérieur. Chudzinski rapporte une observation où le muscle manquait complètement et se trouvait remplacé par du tissu fibreux.
D'après Traité d'Anatomie par P.Poirier.
