Le grand fessier (M. glutoeus maximus), le plus volumineux des muscles du corps, est rhomboïdal, large, aplati: fort épais. 3 à 4 cm. en moyenne, il est formé de gros faisceaux obliques, comme le deltoïde qu'il représente partiellement au membre inférieur. C'est le plus superficiel des trois muscles fessiers. Son développement, en rapport avec l'attitude bipède, est remarquable dans l'espèce humaine.

 

Il naît :

  • 1° du cinquième postérieur de la crête iliaque et d'une petite surface triangulaire située sur la face externe de l'os iliaque, en arrière de la ligne demi-circulaire postérieure ;
  • 2° de la face externe l'aponévrose lombo-dorsale et, l'intermédiaire de celle-ci, de la crête du sacrum ;
  • 3° des tubercules sacrés postérieurs et externes (apophyses sacrées), des bords latéraux des dernières vertèbres sacrées et des vertèbres coccygiennes ;
  • 4° de la face postérieure du ligament sacro-iliaque, du grand ligament sacro-sciatique et du ligament sacro-coccygien.

A ces origines constantes, il faut ajouter des faisceaux naissant en plus ou moins grand nombre de l'aponévrose du moyen fessier.

Ces origines se font en général par des fibres charnues mélangées de courtes fibres aponévrotiques. - Sur la face postérieure du grand ligament sacro-sciatique, ce sont de véritables lamelles ou feuillets tendineux, qui pénètrent dans les interstices des fibres verticales du ligament. Assez souvent, les fibres nées de l'aponévrose du moyen fessier proviennent d'une longue arcade aponévrotique. que l'on peut bien voir en rejetant en arrière la moitié postérieure du grand fessier coupé verticalement. De même, entre le sacrum et le coccyx, les fibres se détachent d'une arcade membraneuse sous laquelle passent les derniers nerfs sacrés postérieurs.
De ces origines, les fibres charnues s'ordonnent en faisceaux, séparés par des cloisons aponévrotiques, qui se dirigent à peu près parallèlement en bas et en dehors, pour se terminer:

  • 1° dans aponévrose fascia lata;
  • 2° sur la branche externe de la trifurcation de la ligne âpre du fémur.

Les faisceaux superficiels, ceux qui sont nés de la crête iliaque et de la crête sacrée, se terminent dans l'aponévrose fascia lata, suivant une ligne qui, encadrant les bords postérieur et supérieur du grand trochanter, se prolonge sur tout le tiers supérieur de la cuisse. Le long de cette ligne d'insertion, le fascia lata atteint une épaisseur de 3 à 4 mm., et l'on peut voir sur sa coupe les fibres d'insertion du grand fessier, transversalement coupées, séparer deux couches du fascia lata à fibres verticales. - Les faisceaux profonds, après avoir suivi le trajet (h-s précédents, s'infléchissent et se rendent à un tendon, aplati mais fort épais et fascicule, qui, s'insinuant entre le biceps et le vaste externe auquel il adhère intimement, va se fixer sur la branche externe de trifurcation de la ligne âpre, et dans l'excavation que celle-ci limite en avant.
Dans quelques cas, on remarque une demi-torsion du muscle, dont les faisceaux supérieurs descendent vers la partie inférieure du tendon, tandis que les faisceaux supérieurs gagnent la partie supérieure de ce tendon, entrecroisement qui rappelle celui que présente le grand pectoral.

Rapports

Par sa face superficielle convexe, le grand fessier est en rapport avec Ie pannicule graisseux si épais et si serré de la région fessière. - Par sa face profonde, il recouvre le muscle moyen fessier, le pyramidal, les jumeaux encadrant le tendon de l'obturateur interne, le carré crural, la grande échancrure sciatique et les vaisseaux et nerfs qui en émergent (vaisseaux et nerfs fessiers, ischiatiques et honteux internes, grand et petit nerfs sciatiques), les insertions supérieures du biceps et du demi-membraneux et la partie supérieure du grand adducteur. Le large tendon aponévrotique, par lequel le grand fessier se tisse aux fibres verticales du fascia lata, glisse sur la face externe du grand trochanter, que recouvrent eu partie les insertions du moyen fessier, par l'intermédiaire d'une bourse séreuse, étendue, cloisonnée, mal délimitée. - Des quatre bords du muscle, deux sont verticaux ou à peu près et répondent, l'interne à l'origine, l'externe; à l'insertion. Les deux autres sont obliques. Le bord supérieur, aminci, adhère intimement à l'aponévrose du moyen fessier. Le bord inférieur, libre, épais, arrondi, convexe en bas, répond dans son tiers interne à la graisse contenue dans la fosse ischio-rectale : dans son tiers moyen, il recouvre l'ischion dans l'extension de la cuisse, mais se relève et le dé- couvre dans la flexion du membre, de sorte que les faisceaux musculaires ne sont point comprimés quand on est assis. Une bourse séreuse, mal délimitée et inconstante, se trouve entre le muscle et l'ischion. Ce bord, oblique, est croisé dans son tiers moyen par le pli fessier qui est transversal. Avec mon collaborateur et ami, Paul Richer, nous avons montré l'erreur de ceux qui attribuent le pli fessier à la saillie du bord inférieur du muscle grand fessier. II y a longtemps d'ailleurs que Luschka a décrit les gros trousseaux fibro-élastiques, qui vont de l'ischion à la face profonde du derme (ligamenta ischio-cutanea), déterminant la dépression transversale connue sous le nom de pli fessier.

Action

Un admet généralement que le grand fessier :

  • 1° étend la cuisse sur le bassin ;
  • 2° lui imprime un mouvement de rotation en dehors ;
  • 3° la place en légère abduction.

Le grand fessier est avant tout un extenseur. Lorsqu'on faradise le muscle, le membre inférieur se porte fortement en arrière : « c'est le plus énergique des extenseurs de la cuisse ; c'est lui qui la porte le plus en arrière et il en produit l'extension avec beaucoup plus de puissance que tous les autres extenseurs réunis» (Duchenne). - Le mouvement de rotation de dedans en dehors est exécuté sans force et, pendant la faradisation du muscle, on peut l'empêcher sans difficulté. Quant au rôle d'abducteur que nombre d'auteurs attribuent au grand fessier et plus particulièrement à ses faisceaux inférieurs (Winslow, Sabatier), Duchenne le nie absolument. Il se refuse aussi à admettre le rôle d'adducteur que Cruveilhier accorde à ces mêmes faisceaux inférieurs. - Lorsque le sujet se trouve dans la station assise, les jambes fléchies et les pieds reposant sur le sol, la contraction du grand fessier produit cependant l'abduction de la cuisse. Mais, ce mouvement d"abduction s'effectue sans aucune énergie. Il est dû à ce que le mouvement de rotation en dehors, que tend à produire le grand fessier, peut se décomposer en deux mouvements secondaires: l'un vertical, absorbé par la résistance du sol; l'autre horizontal, qui représente le mouvement d'abduction; lorsque la jambe est dans l'extension, ce mouve- ment de rotation en dehors s'accomplit librement.
Lorsque le grand fessier prend son point fixe sur la cuisse, il devient un puissant extenseur du bassin et du tronc tout entier.
Accessoirement, le grand fessier tend l'aponévrose fémorale. - D'après Cruveilhier, par son attache au coccyx, il empêche le renversement de cet os en arrière. Quoique cette action du grand fessier sur le coccyx soit incontestable, le muscle ne joue aucun rôle dans la défécation, contrairement aux assertions de quelques auteurs. Il est facile de voir, en effet, que, pendant la défécation, le grand fessier est relâché. D'ailleurs, comme il rapproche les deux fesses, sa contraction, loin de favoriser l'acte, le gênerait plutôt.
Un des points les plus discutés de la physiologie du grand fessier est son rôle dans la station et dans la marche. Depuis Fabrice d'Aquapendente, qui a le premier formulé nettement la théorie musculaire de la station debout, nombre d'auteurs ont pensé que la contraction du grand fessier était nécessaire pour permettre le maintien de l'équilibre du corps. - Il est facile de s'assurer sur soi-même que le grand fessier est complètement relâché dans la station debout. D'ailleurs, le centre de gravité passant en arrière du centre des deux cavités cotyloïdes, c'est en avant de l'articulation qu'il faut chercher la force qui fait équilibre au poids du corps; celte force est représentée par le puissant ligament de Bertin et peut-être par le psoas-iliaque distendu (Giraud-Teulon). De même, le grand fessier n'intervient ni pour maintenir l'équilibre dans la station hanchée (Voy. tenseur du fascia lata et bandelette de Maissiat), ni dans la station sur une seule jambe, comme le croyait Sabatier.
Dans la marche sur un terrain plat, le grand fessier est absolument inactif; en revanche, il se contracte énergiquement dans la marche sur un plan ascendant, l'ascension d'un escalier, le saut, l'action de se lever d'un siège.

Innervation

Le muscle grand fessier reçoit ses nerfs en grande partie du petit sciatique. - A la sortie de la grande échancrure sciatique, au-dessous du muscle pyramidal, le nerf fessier inférieur abandonne un rameau assez volumineux, qui se porte en arrière, en bas et en dedans, pour remonter ensuite sur la face profonde du grand fessier en formant une courbe à concavité supéro-externe. - On peut trouver le nerf du grand fessier venant non du petit sciatique, mais d'un véritable plexus formé par le petit sciatique et surtout le grand sciatique. - Dans l'un et l'autre cas, le nerf se divise en trois branches : l'une antérieure, se porte horizontalement en avant et se divise bientôt en une gerbe de petits filets ; l'autre, moyenne, descend obliquement en avant; la troisième, postérieure, se porte verticalement en bas jusqu'au bord inférieur du muscle pour remonter ensuite dans son épaisseur. - Sappey signale un petit filet nerveux venant de la sixième paire sacrée et allant se perdre dans la partie inférieure du muscle grand fessier. - Trolard décrit sous le nom de nerf fessier postérieur un petit filet nerveux formé par la réunion des première et deuxième branches postérieures du plexus sacré, qui se perd dans le muscle ; au niveau de ses insertions postérieures et internes.

Variations et anomalies

La fixité de ce muscle, qui atteint chez, l'homme son maximum de développement, est remarquable; ses anomalies sont relativement peu fréquentes. - Chudzinski fait remarquer que dans les autres ethnies le grand fessier, plus étroit et moins épais que chez le caucasien, tend à se rapprocher de celui des anthropoïdes. - On a observé : tantôt la disparition de quelques-uns de ses faisceaux, les inférieurs le plus souvent; tantôt la réapparition, anormale chez l'homme, de faisceaux constants chez certains animaux. Macalister a même observé un grand fessier entièrement réduit, naissant seulement des deux dernières vertèbres sacrées : il s'agit là sans doute d'une atrophie morbide, car pareille réduction ne s'observe jamais, même chez les anthropoïdes. Luschka et Macalister ont signalé un faisceau musculaire qui suivait le bord inférieur du grand fessier, dont le séparait un interstice linéaire et le quittait pour aller s'insérer à la lèvre externe de la ligne âpre. Ce faisceau, chef inférieur, caudal, du grand fessier, correspond à celui que Sabatier et Meckel ont retrouvé chez les mammifères et décrit sous le nom de muscle coccy-fémoral. A cette formation, semble encore se rattacher le muscle observé par Chudzinski qui, naissant sur le ligament sacro-sciatique, se perdait en bas sur l'aponévrose fémorale. Parfois, de l'ischion se détachent quelques fibres musculaires qui vont se jeter dans la masse du grand fessier, constituant le chef ischiatique de ce muscle, normal chez certains mammifères (Meckel), chez le gorille (Duvernoy) - Tiedmann et Luschka ont observé le dédoublement du grand fessier en deux couches. - Chudzinski a noté la fusion plus ou moins complète du grand fessier avec le tenseur du fascia lata, fait intéressant en ce qu'il offre un beau cas de deltoïde- fessier. - Heinecke indique la présence d'une petite séreuse entre l'aponévrose d'insertion et l'épine iliaque postéro-supérieure; récemment Morestin a décrit de petites séreuses répondant au frottement du muscle sur les tubercules sacrés. Ces organes séreux sont inconstants.

D'après traité d'anatomie par P. Poirier.

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