Allongé, épais, quadrilatère et tordu sur son axe longitudinal, le muscle tenseur du fascia lata (M. tensor fasciae latae) répond à l'union de la face externe de la fesse avec la face antérieure de la cuisse.

 

C'est à tort que Cruveilhier, Bourgery et d'autres désignent le tenseur du fascia lata comme « le plus volumineux de tous les tenseurs aponévrotiques ». En fait, les faisceaux superficiels du grand fessier qui vont à l'aponévrose fémorale constituent un tenseur de l'aponévrose plus volumineux et plus fort que le tenseur du fascia lata, leur antagoniste.

Il naît :

  • 1° par une lame tendineuse mélangée de fibres charnues, de la partie externe de l'épine iliaque antéro-supérieure, et, dans une étendue variable, de l'échancrure qui succède à cette épine sur le bord antérieur de l'os iliaque ; cette lame tendineuse sagittale s'enfonce entre le psoas et le moyen fessier ;
  • 2° de la partie antérieure du moyen fessier, à laquelle le tenseur du fascia lata est intimement uni.

Les fibres, disposées en fascicules parallèles, disposition analogue à celle du grand fessier, forment un corps charnu prismatique et triangulaire dont la face interne répond au muscle iliaque et au tendon du droit antérieur, dont la face postérieure repose sur le moyen fessier et le vaste externe, et dont la face externe répond à l'aponévrose superficielle. Ces fibres se dirigent obliquement en bas et en arrière, et se terminent par de longues fibres aponévrotiques, qui s'incurvent légèrement et se mélangent aux fibres verticales de l'aponévrose fémorale, vers la jonction du tiers supérieur avec les deux tiers inférieurs de la cuisse. Ces fibres, bien que confondues avec les fibres verticales du fascia lata, peuvent être suivies jusqu'au tubercule de la tubérosité externe du tibia sur laquelle elles s'insèrent; quelques-unes s'incurvent en avant pour gagner le bord externe et la face antérieure de la rotule, sur laquelle elles se continuent avec des fibres aponévrotiques venues du coté interne. Cette partie externe, épaissie, du fascia lata, porte le nom de ligament ilio-tibial ou bandelette de Maissiat.

Le corps charnu du tenseur du fascia lata est inclus dans une loge aponévrotique, dédoublement du fascia ; le feuillet profond de cette loge est en général plus épais que le feuillet superficiel, transparent. La paroi profonde de la loge présente un ou deux grands orifices par lesquels vaisseaux et nerfs arrivent au tenseur.

Innervation

L'innervation est traitée avec celle des moyen et petit fessiers.


Action

Le tenseur du fascia lata tend la partie externe de l'aponévrose fémorale; il imprime à la cuisse un mouvement de rotation de dehors en dedans; au maximum de sa contraction, il fléchit légèrement la cuisse, en la portant un peu dans l'abduction.
Par son action sur l'aponévrose, il joue un rôle pour le maintien de l'équilibre, dans la station debout. Comme les faisceaux aponévrotiques du grand fessier, le tenseur du fascia lata agit surtout sur la bandelette de 3Iaissiat (muscle de la bande large, Winslow). Il semble que, lorsque cette bandelette est tendue sur le grand trochanter, qui presse sur elle de dedans en dehors dans la station hanchée, le tenseur du fascia lata agit comme le grand fessier, pour empêcher cette bandelette de se luxer sur cette tubérosité (Voy. Welcker, Archiv für Anat. u. Phys., 1875).
Il agit synergiquement avec le psoas (fléchisseur et rotateur en dehors) pour provoquer la flexion directe la cuisse.

Variations et anomalies

Assez fréquemment, on a observé le dédoublement du tenseur du fascia lata. Macalister il observé un cas de division complète, dans lequel un faisceau antérieur partait de l'épine iliaque antéro-supérieure, tandis qu'un faisceau postérieur naissait de la crête iliaque. - On a signalé des faisceaux surnuméraires se détachant de l'arcade fémorale, de la crête iliaque et même de l'aponévrose abdominale. Gruber a publié le seul cas d'absence de ce muscle connu chez l'homme (Virch. Archiv, 1880). Je rappelle que Chudzinsky a observé l'union de ce muscle avec le grand fessier. - Maissiat (Mémoires sur la station des animaux, Compte rendus de l'Académie des sciences, 1842, p. 302) écrit : « Cette bande fibreuse assez mal déterminée sur ses bords est une portion plus résistante de l'aponévrose du fascia lata. Elle est d'une largeur variable entre 4 et 8 centimètres. Elle naît de la crête iliaque à son point le plus saillant, descend verticalement sous la peau, touche au grand trochanter sur lequel elle est mollement assujettie, puis, longeant la cuisse, atteint le tibia et s'y fixe en dehors. On pourrait la nommer bande ilio-trochantéro-tibiale. » M. démontre son action dans la station sur un seul membre, attitude naturelle (Léonard de Vinci). - « Tant que l'homme se tient sur deux membres, l'équilibre n'est qu'instable, le bassin forme avec les deux membres et le sol un cadre rectangulaire; mais la mobilité des quatre angles de ce cadre (surtout des angles supérieurs, articulations coxo-fémorales, est grande et l'équilibre difficile à garder. Alors il arrive que le tronc s'inclinant à droite ou à gauche, l'angle correspondant diminue: et cette diminution s'accentuerait, n'était l'intervention de la bandelette qui, bientôt tendue, résiste, et finit par caler le corps dans l'attitude hanchée. Par exemple, la taille a perdu de sa hauteur. »

D'après traité d'Anatomie par P. Poirier.

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